On parle souvent de barrière cutanée, sans toujours savoir ce que cette notion recouvre. Entre mythes et confusions, beaucoup d'idées reçues circulent, pas toujours exactes. Démêlons ensemble le vrai du faux sur la barrière cutanée dans cet article.

On parle souvent de barrière cutanée, sans toujours savoir ce que cette notion recouvre. Entre mythes et confusions, beaucoup d'idées reçues circulent, pas toujours exactes. Démêlons ensemble le vrai du faux sur la barrière cutanée dans cet article.
La barrière cutanée ne respire pas au sens biologique du terme. Contrairement aux poumons, elle ne capte pas l’oxygène de l’air pour le redistribuer aux cellules. L’oxygène utilisé par les kératinocytes et les fibroblastes provient de la circulation sanguine au niveau du derme, et non de l’extérieur. La confusion vient du fait que la peau joue un rôle d’échange avec l’environnement, en laissant passer certaines molécules lipophiles à travers la couche cornée, mais cette diffusion reste très limitée. Dire que la peau “respire” est donc une métaphore trompeuse.
Ce mythe alimente souvent la crainte que les crèmes ou le maquillage puissent “étouffer” la peau. En réalité, le seul risque avec les produits très riches ou occlusifs est d’obstruer les pores, ces petites ouvertures reliant les glandes sébacées à la surface de l'épiderme. Le sébum peut alors s’y accumuler, former un bouchon et favoriser l’apparition d’imperfections, en particulier chez les peaux grasses. Toutefois, ce phénomène n’a rien à voir avec une peau “qui ne respire plus” : la barrière cutanée n’est jamais réellement étouffée, même lorsque la peau paraît terne.
C’est un raccourci d'assimiler la barrière cutanée au film hydrolipidique. En réalité, la barrière cutanée correspond à l’association du film hydrolipidique et de la couche de lipides intercellulaires présente dans la couche cornée. Le film hydrolipidique est la fine pellicule superficielle composée de sébum et de sueur, qui protège immédiatement contre les agressions extérieures et contribue à l’hydratation de la surface de la peau. Les lipides intercellulaires, quant à eux, structurent la couche cornée et, avec le film hydrolipidique, limitent les pertes en eau et l'entrée des pathogènes. Ces deux éléments jouent des rôles complémentaires dans la fonction barrière de la peau.

La structure de la peau et de la barrière cutanée.
Source : PICARD C. & al. Skin surface physico-chemistry: Characteristics, methods of measurement, influencing factors and future developments. Advances in Colloid and Interface Science (2019).
La barrière cutanée a d'autres fonctions que la prévention de la perte en eau. En plus de ce rôle, elle permet de protéger la peau contre l’entrée des pathogènes, comme les bactéries, les virus ou les champignons, limitant ainsi le risque d’infection et d’inflammation. Les lipides intercellulaires de la couche cornée et le film hydrolipidique participent activement à cette défense en formant une barrière physique et chimique, qui régule ce qui peut pénétrer dans la peau.
Bon à savoir : Au-delà de son rôle de barrière contre la déshydratation et les microbes, la peau remplit de nombreuses fonctions essentielles. Elle participe à la réponse immunitaire, la perception sensorielle, la thermorégulation, la synthèse de la vitamine D...
Le microbiote cutané joue un rôle central dans la santé et la résilience de la barrière cutanée. Cet écosystème complexe, composé de bactéries, de levures et de virus vivant à la surface de la peau, interagit en permanence avec les kératinocytes et les cellules immunitaires. Ces échanges participent à la régulation de l’inflammation et au maintien du pH acide. Par ailleurs, les bactéries commensales, comme Staphylococcus epidermidis, produisent des acides organiques et des substances antimicrobiennes qui empêchent la prolifération d’espèces pathogènes, telles que Staphylococcus aureus.
Un déséquilibre du microbiome, appelé dysbiose, fragilise au contraire la barrière cutanée et favorise les inflammations. C’est par exemple ce qui se passe dans certaines formes d'eczéma, où la diversité microbienne diminue au profit de S. aureus, qui stimule les réponses immunitaires. Ce processus entretient l’inflammation et accentue les pertes en eau.
Le microbiote peut être considéré comme une extension vivante de la barrière cutanée.

La contribution du microbiote de la peau à la fragilisation de la barrière cutanée dans l'eczéma.
Source : THANABALU T. & al. Prebiotics in atopic dermatitis prevention and management. Journal of Functional Foods (2021).
Effectivement, la barrière cutanée a tendance à s’affaiblir avec l’âge. Au fil du temps, la peau subit des transformations structurelles : amincissement de l’épiderme et du derme, diminution du renouvellement cellulaire, réduction du nombre et de l’activité des cellules immunitaires... Ces altérations entraînent une diminution de la cohésion cellulaire et de la capacité de réparation, rendant la peau plus vulnérable aux irritations, aux infections et à la déshydratation. On observe également une baisse de la production de la filaggrine suite au ralentissement du renouvellement cellulaire, une protéine de la couche cornée dont le rôle est d'agréger les cornéocytes entre eux, et une inflammation chronique de bas grade. À cela s’ajoutent des facteurs extrinsèques tels que l’exposition aux UV, qui accélèrent le vieillissement cutané et fragilisent davantage la fonction barrière.

Représentation schématique de l'affaiblissement de la barrière cutanée avec le vieillissement.
Source : MITJANS M. & al. Harmonizing in vitro techniques for anti-aging cosmetic ingredient assessment: A comprehensive review. Cosmetics (2024).
Cependant, malgré ces changements, il reste tout à fait possible de préserver une barrière cutanée saine en vieillissant. Des études ont montré que l'utilisation régulière de nettoyants doux, comme des pains dermatologiques, et de soins hydratants et relipidants renforce significativement l’intégrité de la barrière. Les formules légèrement acides, contenant des céramides, du glycérol ou de l’urée, contribuent à limiter la xérose et le prurit fréquents chez les peaux matures. Enfin, les antioxydants topiques peuvent compléter la routine de soin en soutenant les défenses naturelles de la peau.
Le vieillissement n’implique pas une perte inévitable de la fonction barrière cutanée, à condition d'utiliser des soins adaptés.
Si la peau commence effectivement à se réparer rapidement après une agression, la restauration complète de la fonction barrière demande beaucoup plus de temps. En général, il faut environ 3 semaines pour que la barrière cutanée retrouve naturellement son intégrité fonctionnelle, selon l’étendue des dommages. Les premières heures servent à rétablir la continuité de la surface cutanée, mais la reconstruction lipidique, la normalisation du pH et la restauration des protéines de cohésion cellulaire nécessitent un processus plus long et progressif.
Une étude menée sur 32 volontaires sains a illustré cette lenteur de la régénération. Les chercheurs ont provoqué de petites plaies par succion de 8 mm sur l’avant-bras, puis ont suivi leur évolution. Les mesures ont montré que la réépithélialisation était presque complète après 8 jours, mais que la fonction barrière, évaluée par la perte en eau, ne revenait à la normale qu’après environ trois semaines. De plus, des modifications persistantes, comme une hyperpigmentation post-inflammatoire et une rigidité accrue du tissu cutané, ont été observées jusqu’à 60 jours après la blessure. Cela suggère que la peau nouvellement formée reste plus vulnérable et potentiellement sujette à de nouvelles lésions.

Évaluation du processus de cicatrisation d'une peau lésée.
Source : KOTTNER J. & al. Characterisation of epidermal regeneration in vivo: A 60-day follow-up study. Journal of Wound Care (2013).
Conseil : L'application régulière de soins hydratants et cicatrisants peut accélérer la régénération de la barrière cutanée.
Les cosmétiques nécessitent du temps et de la patience pour donner des résultats. S’il est vrai que certains produits peuvent améliorer rapidement l’hydratation et réduire les pertes en eau dès la première application, ces effets traduisent surtout une action superficielle et transitoire. Les crèmes hydratantes agissent par différents mécanismes, principalement en ayant une action humectante (rétention d'eau dans la couche cornée), émolliente (apport de lipides) et occlusive (création d'un film protecteur limitant l'évaporation). Ces effets participent à apaiser les sensations d’inconfort et à restaurer partiellement la barrière cutanée, mais la réparation structurelle réelle, c'est-à-dire le rétablissement de l’intégrité des lipides intercellulaires et des cornéocytes, ne peut pas se produire instantanément.
Les études montrent que la restauration complète de la barrière cutanée nécessite plusieurs jours à plusieurs semaines d'utilisation régulière des soins hydratants. Les améliorations les plus marquées de la fonction barrière sont généralement observées après 2 à 4 semaines d'application quotidienne. L’efficacité dépend aussi de la formulation du soin et de son adéquation avec la typologie de peau : des produits non-adaptés peuvent paradoxalement altérer davantage la barrière cutanée.
Une barrière cutanée abîmée peut être réparée, à condition d’utiliser des soins adaptés qui soutiennent ses mécanismes physiologiques de régénération. Les études précédemment citées l’illustrent clairement : l’apport régulier de crèmes hydratantes, enrichies en lipides, en urée ou en huiles végétales, améliore significativement l’hydratation, réduit les pertes en eau et restaure la composition lipidique de la couche cornée, conduisant à une meilleure fonction barrière après quelques semaines d’utilisation.
Une étude clinique portant sur un sérum biphasé contenant 17,5% d'huiles végétales, 61% d'eau, 2% de panthénol, 2,7% de glycérine et de l’acide hyaluronique a montré l'intérêt de ce type de soin pour réparer la barrière cutanée. L’essai, réalisé avec 8 volontaires pendant 14 jours, a mesuré la perte insensible en eau et les variations d’hydratation de la couche cornée. Le tableau ci-dessous montre les résultats obtenus, qui traduisent une amélioration significative et rapide de la fonction barrière cutanée dans le groupe utilisant le sérum biphasé, tandis qu'aucun changement significatif n'a été observé dans le groupe contrôle.
| Paramètres | Moment de mesure | Véhicule | Formule biomimétique |
|---|---|---|---|
| Hydratation de la couche cornée (unités cornéométriques) | 24 h après une application | 7,10 | 10,27 (+ 31% par rapport au véhicule) |
| Hydratation de la couche cornée (unités cornéométriques) | Après 2 semaines | 12,48 | 15,67 (+ 20% par rapport au véhicule) |
| Perte insensible en eau (g/h/m²) | Après 2 semaines | - 1,64 | - 2,23 (- 26% par rapport au véhicule) |
| Perte insensible en eau (g/h/m²) | 48 h après la dernière application | - 1,07 | - 1,78 (- 40% par rapport au véhicule) |
Remarque : Pour les peaux à tendance atopique ou souffrant de xérose, la réparation de la barrière peut être plus lente et délicate en raison d’altérations chroniques du film hydrolipidique et d’un déficit en lipides et facteurs natutrels d’hydratation. Cependant, même dans ces cas, des soins ciblés permettent d’améliorer progressivement l’intégrité et la fonction de la barrière cutanée.
Une barrière cutanée affaiblie n’est pas toujours visible à l’œil nu. Les sensations d'inconfort, de type tiraillements ou échauffements, peuvent par exemple être un signe non visible. De plus, de nombreuses études ont montré que des altérations de la fonction barrière peuvent survenir même sur une peau d’apparence normale, sans rougeurs, sécheresse ni lésion apparente. Ces dysfonctionnements ne sont souvent détectables qu’à l’aide de techniques instrumentales, comme la mesure de la perte insensible en eau (PIE). Par exemple, certaines personnes souffrant d'eczéma présentent une PIE élevée ou une altération du profil lipidique même dans les zones cutanées qui semblent saines.
Les chercheurs d'une étude menée sur 22 enfants atteints de dermatite atopique et 40 enfants sains ont observé chez les enfants atopiques une augmentation significative de la PIE et une diminution des lipides de la couche cornée, deux indicateurs d’altération de la fonction barrière. Fait intéressant, la PIE était également plus élevée dans les zones de peau apparemment normales (sans lésions visibles), bien que dans une moindre mesure que dans les zones atteintes d'eczéma. Le taux de squalène, l’un des principaux composants lipidiques du sébum, était lui aussi réduit, y compris dans ces zones non-inflammatoires.
| Paramètres cutanés | Patients atopiques (zone de peau avec lésions) | Patients atopiques (zone de peau sans lésions) | Individus sains |
|---|---|---|---|
| Perte insensible en eau (mg/cm2/h) | 0,544 (+ 58% par rapport aux individus sains) | 0,299 (+ 24% par rapport aux individus sains) | 0,228 |
| Taux de squalène (µg/cm2) | 0,11 (- 65% par rapport aux individus sains) | 0,12 (- 61% par rapport aux individus sains) | 0,31 |
Le dysfonctionnement de la barrière cutanée peut précéder les signes visibles et une peau apparemment saine peut déjà présenter une fragilité sous-jacente.
Il est vrai que la sensation de tiraillement provient très souvent d’une altération de la barrière cutanée. En effet, lorsque la cohésion entre les cornéocytes diminue ou que le film hydrolipidique perd en efficacité, l'eau s’évapore plus facilement à travers l’épiderme. En parallèle, la peau devient plus perméable aux agents irritants, ce qui stimule les terminaisons nerveuses cutanées, d’où la sensation de tiraillement voire de picotement. Ce phénomène est particulièrement fréquent après l’usage de nettoyants trop détergents, lors d’expositions au froid, au vent ou à une faible humidité ambiante ou encore lorsque la peau manque de lipides pour maintenir sa fonction barrière, comme cela peut être le cas chez les peaux sujettes à la xérose.
En dehors d’une barrière cutanée réellement abîmée, la sensation de tiraillement peut aussi venir d'une réaction allergique. Celle-ci fait suite à l’exposition de la peau à un allergène qui déclenche une inflammation locale, sans qu’il y ait nécessairement une perte structurelle de la barrière cutanée. Par ailleurs, chez les peaux sensibles, la sensation d'inconfort peut être due à une hyperactivité du système nerveux, sans qu'il y ait nécessairement de défaillance de la barrière cutanée.
Il est tout à fait possible d’avoir une barrière cutanée fragilisée, même avec une peau grasse. Cela peut sembler contradictoire au premier abord : une peau grasse sécrète du sébum en abondance, qui entre dans la composition du film hydrolipidique. Situé à la surface de l’épiderme, ce dernier limite les pertes en eau et participe à maintenir une barrière cutanée équilibrée. Pourtant, l'efficacité de cette dernière ne repose pas que sur le film hydrolipidique, mais aussi sur la couche de lipides intercellulaires de la couche cornée. Or, il arrive que celle-ci soit désorganisée chez les peaux grasses, conduisant à une altération de la barrière cutanée.
Une étude récente menée sur 47 sujets présentant une peau grasse et sensible a confirmé que cette typologie de peau présente bien une altération mesurable de la barrière cutanée. Les chercheurs ont analysé plusieurs paramètres cutanés – hydratation, perte insensible en eau, sécrétion de sébum, érythème – ainsi que le métabolome de la couche cornée, correspondant à l'ensemble des métabolites. Les résultats ont montré une baisse significative des sphingolipides et des céramides, des molécules qui s'insèrent entre les cellules de la couche cornée pour assurer leur cohésion et la stabilité de la barrière cutanée.
Par exemple, la concentration du sphingomyéline SM(d18:1/16:0) était réduite de près de 68% chez les peaux grasses modérément sensibles, et quasiment absente chez les peaux grasses très sensibles. Cette diminution des lipides structuraux, dont la cause n'était pas identifiée, s’accompagnait d’un déséquilibre du métabolisme des acides aminés et des sphingosines, témoignant d’un affaiblissement global de la fonction barrière de la peau.
Autrement dit, même une peau grasse peut souffrir d’une inflammation latente et d’une sensibilité exacerbée, prouvant qu’excès de sébum et barrière cutanée efficace ne vont pas toujours de pair.
Les céramides ne sont pas les seuls actifs capables de restaurer la barrière cutanée, même s’ils en sont des composants majeurs. Le squalane, par exemple, renforce le film hydrolipidique par biomimétisme. De même, les huiles végétales, riches en acides gras, peuvent consolider le film hydrolipidique, voire s'insérer dans la couche cornée pour renforcer sa cohésion pour certaines d'entre elles. Les facteurs naturels d’hydratation, un ensemble d’acides aminés et d’urée, contribuent à maintenir l’eau dans la couche cornée et peuvent aussi aider à restaurer la barrière cutanée.
Plusieurs travaux ont montré que des formulations sans céramides pouvaient améliorer significativement la fonction barrière de la peau. On peut notamment citer une étude clinique menée sur 25 personnes ayant la peau sèche et atopique. Les participants ont appliqué pendant 3 semaines une formule cosmétique à pH physiologique contenant 10% d’urée et des huiles d’amande douce et d’onagre.
Les mesures ont montré une amélioration significative de l’hydratation cutanée, une tendance à la normalisation du pH, ainsi qu’une réduction visible de la sécheresse. L’analyse lipidique de la couche cornée a révélé une augmentation du contenu total en lipides, notamment des céramides EOS, NP et AP.

Quantités de lipides (A) et de céramides (B) dans la couche cornée avant et 22 jours après application d'un hydratant à base d'urée.
Source : STAIB P. & al. Improvement of human epidermal barrier structure and lipid profile in xerotic- and atopic-prone skin via application of a plant-oil and urea containing pH 4.5 emulsion. Cosmetics (2023).
Aucune preuve scientifique ne soutient cette idée, c’est même le contraire. Laver sa peau trop souvent, surtout avec du savon et de l’eau, fragilise la barrière cutanée. De nombreuses études montrent que chaque lavage augmente la perte insensible en eau, élève le pH cutané, et accentue les rougeurs et les irritations. Ces effets sont cumulatifs : plus on lave, plus la peau s’affaiblit. La peau ne devient donc pas plus résistante avec le lavage répété.
Une étude menée avec 15 volontaires illustre ce phénomène. Chaque participant a testé six techniques différentes de lavage et de séchage appliquées sur l’avant-bras, combinant eau ou savon et séchage par friction, tapotement ou évaporation. Les chercheurs ont mesuré la perte en eau transépidermique (TEWL), l’hydratation, le pH et l’érythème après chaque étape. Les résultats sont sans appel : le simple fait de se laver à l’eau ou au savon augmente la TEWL, et cet effet s’intensifie après chaque lavage successif.
Par exemple, un lavage au savon suivi d’un séchage par serviette a fait passer la TEWL de 10,1 à 13,1 g/h·m² après deux lavages seulement. Même un séchage par évaporation ou par tapotement, souvent perçu comme plus doux, a entraîné une hausse marquée de la TEWL, jusqu’à 30,1 g/h·m² dans certains cas. Par ailleurs, le pH cutané, normalement acide (autour de 5), s’élève à plus de 6,0 après deux lavages au savon, ce qui montre un affaiblissement de la protection antimicrobienne de la peau.
L'hygiène est bien sûr indispensable, mais, pour préserver la barrière cutanée, nous vous conseillons de privilégier des nettoyants doux au pH physiologique et d'appliquer une crème hydratante après chaque lavage pour restaurer le film hydrolipidique de la peau. Par ailleurs, ne dépassez pas une douche par jour.
Une exfoliation excessive peut altérer profondément la barrière cutanée. En éliminant trop souvent les cellules mortes de la couche cornée, on compromet son intégrité, ce qui rend la peau plus vulnérable aux irritants, aux agents pathogènes et à la déshydratation. Plusieurs études suggèrent que les exfoliations trop fréquentes ou agressives contribuent à la hausse des altérations de la fonction barrière observées dans les sociétés industrialisées. Suite à une exfoliation, la barrière cutanée est affaiblie : c'est pourquoi il est conseillé d'appliquer un soin hydratant après.
En revanche, l'exfoliation n'est pas à bannir de sa routine de soin. Une exfoliation douce et maîtrisée permet d’éliminer l’excès de cellules kératinisées susceptibles de perturber la cohésion de la couche cornée et d’améliorer la pénétration des soins topiques. En effet, ce processus, naturellement régulé par des enzymes comme les kallikréines qui dégradent les cornéodesmosomes pour permettre la desquamation, diminue avec l'âge, d'où l'intérêt de le soutenir. Veillez toutefois à utiliser un exfoliant chimique ou physique adapté à votre typologie de peau (pas d'AHAs pour les peaux sensibles, pas de gommages mécaniques avec de gros grains pour les peaux lésées...).
Une à deux exfoliations par semaine sont suffisantes pour soutenir la régénération cutanée, sans compromettre la fonction barrière de la peau.
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