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Préserver le microbiome cutané.

Comment préserver le microbiome de la peau ?

La peau est un écosystème vivant, peuplé de bactéries, de champignons et de levures. Ces micro-organismes ont un effet bénéfique sur la peau en renforçant sa fonction barrière et en limitant l’inflammation. L'équilibre du microbiome cutané peut toutefois être mis à mal par différents facteurs, comme le stress, les rayons UV ou encore la pollution. Comment préserver le microbiome de la peau au quotidien ? Retrouvez ici tous nos conseils.

Publié le 22 octobre 2025, mis à jour le 22 octobre 2025, par Pauline, Ingénieure chimiste — 19 min de lecture

L'essentiel à retenir pour préserver le microbiome de sa peau.

  • Respectez vos rythmes de sommeil : un sommeil régulier favorise la diversité et l’équilibre du microbiome cutané.

  • Adoptez une alimentation équilibrée : fruits, légumes, fibres fermentescibles et probiotiques soutiennent la santé du microbiome via l’axe intestin‑peau.

  • Pratiquez une activité physique adaptée : l’exercice modéré soutient la santé de la peau, même si certaines pratiques, comme la natation en piscine chlorée, peuvent perturber l’équilibre bactérien, d'où l'importance de bien laver sa peau après l'effort.

  • Soignez votre hygiène : un nettoyage doux préserve les bactéries protectrices de la peau, tandis que des produits trop agressifs ou peuvent déséquilibrer le microbiome.

  • Choisissez vos vêtements et lessives avec soin : les fibres naturelles et les lessives douces limitent les perturbations du microbiome, tandis que certains agents antimicrobiens peuvent altérer sa composition.

  • Réduisez votre exposition aux polluants : limiter le tabac et nettoyer la peau après une exposition urbaine protège le microbiome des stress environnementaux.

  • Protégez votre peau des UV : les UV peuvent modifier le microbiome cutané, d'où l'importance de protéger sa peau avec une crème solaire et des vêtements couvrants avant de s'exposer au soleil.

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Qu'est-ce que le microbiome cutané ?

Le microbiome cutané désigne l’ensemble des micro-organismes qui vivent à la surface de la peau et les activités qu'ils y exercent.

Cet écosystème microscopique, propre à chaque individu, est aussi complexe qu’un écosystème forestier : il varie selon les zones du corps, le pH, la production de sébum, mais aussi selon l’âge, le sexe, l’environnement ou le mode de vie. Les zones grasses comme le visage ou le dos abritent davantage de Cutibacterium spp., les zones humides comme les plis axillaires favorisent Corynebacterium spp. et Staphylococcus spp., tandis que les zones sèches, comme les avant-bras, hébergent une flore plus diversifiée. Ces micro-organismes participent activement au fonctionnement et à la santé globale de la peau.

En effet, le microbiome cutané protège, régule et répare la peau. Il agit comme une barrière vivante qui empêche la colonisation par des pathogènes en occupant l’espace et en produisant des molécules antimicrobiennes naturelles. Il module aussi la réponse immunitaire de la peau : certaines bactéries commensales, comme Staphylococcus epidermidis, stimulent la production de peptides antimicrobiens et favorisent la tolérance immunitaire, limitant ainsi les réactions inflammatoires. En parallèle, le microbiome de la peau participe au maintien du pH, de l'hydratation et du film hydrolipidique de la peau. Un déséquilibre, c'est-à-dire une dysbiose, rend la peau plus vulnérable aux rougeurs, aux irritations, mais aussi aux dermatoses de type acné ou eczéma.

Le rôle du microbiome cutané.

Le rôle du microbiome cutané.

Source : GOMEZ-CASADO C. & al. The influence of lifestyle and environmental factors on host resilience through a homeostatic skin microbiota: An EAACI Task Force Report. European Journal of Allergy and Clinical Immunology (2024).

Que faire pour protéger le microbiome de la peau ?

Le microbiome cutané est un équilibre fragile qui est influencé par de nombreux facteurs, aussi bien internes qu'externes, comme l'hygiène, les habitudes cosmétiques, la cosmétique, le stress... Heureusement, certaines habitudes aident à maintenir un microbiome stable et résilient.

Avoir un rythme de sommeil régulier.

Comme l’ensemble de l’organisme, la peau suit un rythme circadien de 24 heures qui régule différentes fonctions biologiques, comme la production de sébum, le renouvellement cellulaire, la réparation de l’ADN et l'immunité. Le jour, la peau se défend contre les agressions extérieures et produit davantage de sébum, tandis que la nuit, elle se régénère activement : la prolifération des kératinocytes et des fibroblastes s’intensifie, la perméabilité de la barrière cutanée augmente et la circulation sanguine s’accroît. Le microbiome cutané suit lui aussi ces oscillations circadiennes. Une étude menée avec quatre personnes a montré que certaines familles bactériennes, comme les Propionibacteriaceae ou les Paracoccaceae, présentent des variations d’abondance entre le matin et le soir, reflétant cette synchronisation avec le rythme biologique.

Abondances de différentes bactéries le jour et la nuit sur la paume des mains.

Abondances de différentes bactéries le jour et la nuit sur la paume des mains.

Source : LEUNG M.H.Y. & al. Diurnal variation in the human skin microbiome affects accuracy of forensic microbiome matching. Microbiome (2021).

Lorsque le cycle circadien est perturbé — en cas de coucher tardif, de sommeil insuffisant ou irrégulier — la diversité microbienne diminue et la barrière cutanée devient plus vulnérable. Ces déséquilibres favorisent l’inflammation, via une hausse des cytokines pro-inflammatoires, et altèrent l’hydratation ainsi que le film hydrolipidique. Un sommeil régulier et suffisant, respectant les cycles jour/nuit, est donc essentiel pour maintenir un microbiome stable et protecteur.

Avoir une alimentation équilibrée.

L’alimentation joue un rôle important dans l’équilibre du microbiome cutané, via l’axe intestin-peau. Ce système de communication bidirectionnel relie le microbiote intestinal, le système immunitaire et la peau. Le principe est le suivant : les métabolites produits par les bactéries intestinales influencent l'inflammation, le stress oxydatif et la fonction barrière cutanée. En retour, l’état de la peau et de son microbiote peut aussi affecter la physiologie intestinale.

Ainsi, une alimentation riche en graisses saturées et en sucres à indice glycémique élevé est associée à des déséquilibres microbiens et à une inflammation accrue. À l’inverse, les régimes riches en fibres, en antioxydants et en acides gras insaturés favorisent une meilleure diversité microbienne et une peau plus équilibrée. Les fibres fermentescibles, par exemple, stimulent la production d’acides gras à chaîne courte comme le butyrate, capables de renforcer la barrière épidermique et de moduler l’activité des kératinocytes. Des études ont aussi montré qu'un apport suffisant en micronutriments essentiels, tels que la vitamine C, participe à la protection contre le stress oxydatif et au maintien de la structure cutanée.

Pratiquer une activité physique régulière, mais avec équilibre.

En plus d'être bénéfique pour le corps et le moral, l’activité physique influence indirectement le microbiome cutané en stimulant la circulation sanguine et la sudation, des facteurs qui modifient l’environnement microbien de la peau. Toutefois, si le sport favorise généralement une meilleure oxygénation et une réduction du stress oxydatif, certains sports de contact, comme la lutte ou le rugby, seraient susceptibles d'altérer l'équilibre du microbiome en exposant la peau à des micro-organismes opportunistes, comme Staphylococcus aureus ou Tinea corporis, augmentant les risques d'infections bactériennes ou fongiques.

Des travaux ont également montré que certains environnements sportifs spécifiques, comme les piscines, peuvent modifier la composition du microbiote cutané. Les chercheurs ont observé que le chlore, bien qu’antimicrobien, ne supprimait pas la présence d’acné chez certains nageurs. Après une heure d’immersion, la coproporphyrine III, un marqueur de l’abondance de Cutibacterium acnes, la bactérie principalement impliquée dans l’acné, diminuait significativement. Cependant, cette altération s’accompagnait d’une augmentation des bactéries de la famille Pseudomonadaceae, connues pour leur capacité à coloniser les environnements humides. Ainsi, malgré la réduction de C. acnes, la composition globale du microbiote cutané restait déséquilibrée. Les auteurs soulignent que ce déséquilibre était plus marqué chez les nageurs présentant déjà de l’acné, suggérant une vulnérabilité spécifique à la recolonisation pathogène.

Niveaux de coproporphyrine III avant et après une heure de natation, chez des adolescents sujets ou non à l'acné.

Niveaux de coproporphyrine III avant et après une heure de natation, chez des adolescents sujets ou non à l'acné.

Source : KIMBALL A. B. & al. Yin and Yang of skin microbiota in “swimmer acne”. Experimental Dermatology (2022).

Pour préserver la diversité du microbiome cutané tout en profitant des bienfaits du sport, il est essentiel d’adopter de bonnes pratiques d’hygiène, notamment en se douchant systématiquement après chaque séance avec un nettoyant doux et en séchant correctement sa peau après l’effort.

Utiliser des produits d'hygiène respectueux du microbiote cutané.

Les habitudes d’hygiène influencent directement la composition du microbiome cutané, et leur impact dépend moins de la fréquence que de la nature des produits utilisés. En effet, il est essentiel de distinguer la propreté, permettant de garder les populations de micro-organismes sous contrôle, de la stérilisation, qui élimine indistinctement les micro-organismes pathogènes et protecteurs. Des pratiques d’hygiène trop agressives, en particulier l’usage répété de désinfectants ou de savons alcalins, peuvent perturber le microbiome de la peau et favoriser la prolifération de bactéries opportunistes.

Des études ont montré que le lavage des mains modifie la composition bactérienne superficielle sans affecter la diversité globale des couches profondes, signe que la flore résidente reste relativement stable. Toutefois, chez les professionnels de santé soumis à des lavages fréquents, la peau devient plus sujette à l’irritation et à la colonisation par des bactéries résistantes comme Staphylococcus aureus. Les antiseptiques alcooliques, l’éthanol ou la povidone iodée réduisent rapidement le nombre d’espèces résidentes, tandis que les membres les plus résistants comme les Propionibacteriaceae, conservent un avantage compétitif.

Enfin, la qualité de l’eau et l’usage de détergents impactent le microbiote de la peau. L’eau dure, riche en ions calcium et magnésium, favorise la précipitation des tensioactifs tels que le sodium lauryl sulfate, déjà controversé, qui reste plus longtemps sur la peau et altère la barrière cutanée. Ce phénomène augmente le pH, perturbe les lipides de la couche cornée et diminue la teneur en facteurs naturels d’hydratation (FNH), entraînant une dysbiose et une sécheresse cutanée. Opter pour des nettoyants doux sans sulfates, limiter les expositions prolongées à l’eau calcaire, et privilégier des formules au pH physiologique permettent ainsi de préserver la diversité et la stabilité du microbiome cutané.

Opter pour des vêtements et des lessives qui respectent le microbiome cutané.

La peau est en contact constant avec les vêtements, et donc avec un ensemble de fibres textiles, d’additifs chimiques et de résidus de lessive. Cette proximité prolongée crée un écosystème à la frontière du microbiome cutané et du "microbiome textile". Ce contact influence la composition du microbiote cutané. Or, l’industrie textile incorpore fréquemment des agents antimicrobiens, tels que les nanoparticules d’argent, destinés à limiter le développement d’odeurs. Or, ces composés induisent une augmentation des acides gras mono-insaturés associés à une plus grande présence de Cutibacterium. À l’inverse, des fibres naturelles comme le lin brut peuvent inhiber la croissance de S. aureus et S. epidermidis, tandis que des extraits stériles de lin et de coton modulent leur capacité à former des biofilms, des structures protectrices favorisant leur persistance à la surface de la peau.

Une étude récente a cherché à mieux comprendre comment les extraits de tissus influencent la croissance bactérienne et la formation de biofilms. Pour cela, des extraits de différents textiles ont été incubés pendant 24 heures dans un milieu de culture à 37 °C, avant d’y introduire S. aureus et S. epidermidis. Si la croissance bactérienne globale n’a pas varié selon le type de tissu, les biofilms ont en revanche été fortement inhibés : entre - 47% et - 74% pour S. aureus, et jusqu’à - 71% pour S. epidermidis. Ces résultats suggèrent que certaines fibres textiles libèrent des composés capables de réduire l’adhésion bactérienne sans affecter directement la croissance microbienne, un effet potentiellement à double tranchant, pouvant perturber la stabilité du microbiome cutané tout en limitant la colonisation pathogène.

Effets du coton industriel classique (CIC), du coton biologique doux (SOC), du lin industriel classique (CIF) et des extraits de lin organique doux (SOF) sur la formation de biofilms de Staphylococcus aureus (A) et Staphylococcus epidermidis (B).

Effets du coton industriel classique (CIC), du coton biologique doux (SOC), du lin industriel classique (CIF) et des extraits de lin organique doux (SOF) sur la formation de biofilms de Staphylococcus aureus (A) et Staphylococcus epidermidis (B).

Source : FEUILLOLEY M. G. J. & al. Cotton and flax textiles leachables impact differently cutaneous Staphylococcus aureus and Staphylococcus epidermidis biofilm formation and cytotoxicity. Life (2022).

Pour préserver l'équilibre du microbiome cutané, il est donc recommandé d'opter pour des vêtements en fibres naturelles non traitées et de privilégier des lessives sans agents antimicrobiens ni parfums synthétiques.

Réduire son exposition aux polluants.

Vivre en milieu urbain expose quotidiennement la peau à un cocktail complexe de polluants atmosphériques. Ces contaminants interagissent directement avec l'épiderme, altérant la stabilité du microbiome et les fonctions métaboliques des bactéries qui composent cet écosystème. À long terme, cette exposition chronique peut perturber les capacités du microbiome à métaboliser les lipides, les glucides et les acides aminés, tout en augmentant le potentiel pathogène de certaines espèces bactériennes.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques, issus notamment de la combustion automobile ou industrielle, pénètrent dans la peau puis atteignent la circulation sanguine. Une étude a montré que leur exposition prolongée modifie profondément le profil métabolique du microbiome cutané, provoquant une dérégulation de la dégradation des composés aromatiques et une augmentation de la virulence bactérienne. Le dioxyde d’azote (NO₂) agit également comme un facteur de dysbiose. Des travaux récents ont montré que certaines espèces commensales, telles que Corynebacterium tuberculostearicum et S. capitis y sont particulièrement sensibles, tandis que S. aureus, plus résistant, tend à devenir dominant dans cet environnement oxydant. Cette sélection différentielle favorise la perte de diversité microbienne et la colonisation opportuniste, souvent associée à des états inflammatoires chroniques de la peau.

La fumée de cigarette constitue une autre source importante de stress oxydatif et chimique pour la peau. En effet, la cigarette renferme différents types de bactéries, tels que Bacillus, Clostridium ou Klebsiella, pouvant être pathogènes. Fumer modifie ainsi la β-diversité microbienne, c’est-à-dire la structure globale des communautés bactériennes, en favorisant la disparition d’espèces bénéfiques et la prolifération de taxons tolérants à la combustion. Certaines de ces altérations semblent toutefois réversibles après l’arrêt du tabac, suggérant une capacité de résilience du microbiome cutané une fois la source d’agression supprimée.

Conseils pratiques :

  • Éviter la fumée de cigarette protège non seulement la santé, mais aussi le microbiome cutané.

  • Porter un masque peut aider à protéger la peau de la pollution en milieu urbain très pollué.

  • Utiliser des soins antioxydants protège la peau et son microbiote du stress oxydatif.

Protéger sa peau du soleil.

L’exposition aux rayons ultraviolets est bien connue pour ses effets délétères sur la peau, allant de l’inflammation au photovieillissement, en passant par l'augmentation des risques de cancer cutané. Cependant, l’impact des UV sur le microbiote cutané est moins souvent évoqué, alors même qu'il n'est pas négligeable.

Des études récentes montrent que l’exposition aux UVA et UVB modifie la composition du microbiote, perturbant notamment les populations de Proteobacteria, qui sont associées à des réponses immunitaires anti-inflammatoires protectrices. Un déséquilibre de ces bactéries peut favoriser des altérations cutanées et accroître le risque de maladies inflammatoires comme le psoriasis ou l’eczéma. On peut notamment citer les travaux menés par YUSUF et son équipe qui ont testé les effets des UVA et UVB sur le microbiome de la peau humaine. Pour ce faire, des participants ont été exposés à des doses d'UVA (22 - 47 J/cm2) ou d'UVB (100 - 350 mJ/cm2), et des échantillons ont été prélevés. L'ADN a été isolé et séquencé pour identifier la composition microbienne de chaque échantillon. Les résultats sont reportés dans le tableau suivant.

Micro-organismesAprès exposition aux UVAAprès exposition aux UVB
CyanobacteriaAugmentationAugmentation
FusobacteriumAugmentationAugmentation
VerrucomicrobiaAugmentationAugmentation
LactobacillaceaeDiminutionDiminution
OxalobacteraceaeAugmentationAugmentation
PseudomonadaceaeDiminutionDiminution
Effets des UVA et des UVB sur différents micro-organismes.
Source : YUSUF N. & al. Ultraviolet radiation, both UVA and UVB, influences the composition of the skin microbiome. Experimental Dermatology (2018).

À noter que les réactions des micro-organismes face aux UV varient selon leur structure. Les bactéries Gram-positives semblent mieux résistantes au stress oxydatif induit par les UV que les Gram-négatives, grâce à leur paroi cellulaire plus épaisse qui filtre une partie des rayons. Cette sensibilité différentielle explique pourquoi certains groupes bactériens diminuent après exposition solaire, tandis que d’autres persistent ou s’adaptent.

Protéger sa peau avec une crème solaire, limiter les heures d’exposition intense et porter des vêtements couvrants contribue non seulement à prévenir le photovieillissement et les cancers de la peau, mais aussi à maintenir l’équilibre de son microbiote cutané.

Sources

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