Le microbiome cutané est un écosystème vivant en perpétuelle évolution.
Sa composition n’est pas figée : elle se transforme au fil des âges, des changements hormonaux et des modifications de notre environnement ou de nos habitudes de vie, reflétant l'adaptation constante des micro-organismes. À la naissance, la peau du nouveau-né est comme un territoire vierge que les premiers micro-organismes viennent coloniser. Le mode d’accouchement influence cette première implantation : les enfants nés par voie basse héritent d’un microbiote proche de celui du vagin maternel, riche en Lactobacillus et Prevotella, tandis que ceux nés par césarienne présentent une flore initialement semblable à celle de la peau de la mère, dominée par Staphylococcus et Corynebacterium. Ces différences tendent à s’estomper dès les premières semaines, sous l’influence du contact cutané, de l’alimentation et de l’environnement.
Au cours de l’enfance, le microbiome cutané reste encore relativement homogène d’un site corporel à l’autre. Puis, à mesure que la peau s’épaissit et que les glandes sudoripares et sébacées se développent, la diversité microbienne augmente. À l’adolescence, la montée des hormones sexuelles transforme radicalement l’environnement cutané. L’augmentation de la production de sébum favorise la prolifération de bactéries lipophiles telles que Cutibacterium acnes et de levures du genre Malassezia. Ces changements expliquent pourquoi certaines affections comme l’acné apparaissent à cette période : certaines souches de C. acnes produisent des porphyrines pro-inflammatoires qui stimulent la production de cytokines et déséquilibrent la flore locale.
À l’âge adulte, le microbiome cutané atteint un état d’équilibre relatif. La composition des communautés microbiennes varie surtout selon la zone du corps, comme décrit plus haut. Le microbiome reste néanmoins sensible à de nombreux facteurs, tels que le stress, l'alimentation, l'exposition au soleil, la pollution ou encore l'utilisation de cosmétiques. De plus, au cours du vieillissement, avec la diminution de la sécrétion de sébum et l'augmentation du pH cutané, certaines bactéries prolifèrent au détriment d'autres. Les études montrent une baisse des populations de Cutibacterium et de Lactobacillus, associée à une hausse relative de Corynebacterium et de Streptococcus. Ces déséquilibres contribuent à l’inflammation chronique de bas grade et à la fragilité accrue des peaux matures.