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Fonction de la peau.

Peau : quel est son rôle ?

La peau agit comme une interface vivante entre notre organisme et l’environnement. Elle protège, régule et communique en permanence avec nos cellules. Mais connaissez-vous vraiment l’étendue de ses fonctions ? Découvrez ici les différents rôles de la peau et comment elle veille sur l’équilibre du corps.

Publié le 15 octobre 2025, mis à jour le 15 octobre 2025, par Pauline, Ingénieure chimiste — 13 min de lecture

1. La peau a un rôle de barrière physique, chimique et immunologique.

La peau constitue la première ligne de défense de l’organisme face à l’environnement extérieur. Son rôle de barrière repose sur une organisation multicouche du tissu cutané, où chaque élément contribue à limiter la pénétration de substances étrangères et à prévenir la déshydratation. La couche cornée, formée de cornéocytes enchâssés dans une matrice lipidique (céramides, cholestérol, acides gras libres), agit comme une barrière physique semi-perméable. Cette architecture dite “en brique et mortier” limite les pertes d’eau transépidermique et bloque l’entrée des agents pathogènes ou irritants.

À ce rôle mécanique s’ajoute une fonction de barrière chimique. Le film hydrolipidique, présent à la surface de l'épiderme, est légèrement acide (pH entre 4,5 et 5,5), ce qui limite la prolifération microbienne et stabilise le microbiome cutané. Les glandes sébacées et sudoripares y participent activement en libérant des acides gras, des sels et des peptides antimicrobiens, tels que les défensines ou la cathélicidine, capables d'agir contre les bactéries pathogènes. Cet environnement chimique de la peau contribue à prévenir les infections.

Enfin, la peau possède une barrière immunologique intégrée, constituée de cellules immunocompétentes présentes dès les couches superficielles de l’épiderme. Les kératinocytes eux-mêmes participent à la réponse immunitaire en libérant des cytokines pro-inflammatoires lors d’une agression. Par ailleurs, les cellules de Langerhans, les macrophages et les lymphocytes T assurent la reconnaissance et l’élimination des corps étrangers.

Représentation schématique des différentes fonctions de la barrière cutanée.

Représentation schématique des différentes fonctions de la barrière cutanée.

Source : CALAMITA G. & al. Aquaporins are one of the critical factors in the disruption of the skin barrier in inflammatory skin diseases. International Journal of Molecular Sciences (IJMS) (2022).

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2. La peau a une fonction immunitaire.

La peau est une véritable interface immunologique, abritant un réseau complexe de cellules et de médiateurs chargés d’assurer la défense contre les pathogènes tout en maintenant l’équilibre avec le microbiome cutané. Les kératinocytes et les sébocytes participent activement à l'immunité innée grâce à leurs récepteurs de reconnaissance, comme les récepteurs Toll-like (TLR) et les récepteurs NOD-like (NLR). Ces capteurs détectent les motifs microbiens (lipopolysaccharides, peptidoglycanes, acides nucléiques bactériens ou viraux) et déclenchent l’activation des lymphocytes T, des cellules de l'immunité capables d'éliminer les agents pathogènes et les cellules tumorales.

L’immunité de la peau repose aussi sur la production de peptides et de lipides antimicrobiens. Les β-défensines humaines (hBD1-3) et la cathelicidine LL-37 modulent la réponse immunitaire en recrutant des macrophages, des mastocytes et des cellules dendritiques. D’autres protéines épithéliales, telles que les Small Proline Rich Proteins (SPRR), contribuent à limiter la colonisation bactérienne, tandis que les lipides sébacés, comme l’acide sapiénique et l’acide linoléique, exercent une activité bactéricide en perturbant les membranes microbiennes. Ces différents mécanismes permettent à la peau de maintenir une flore équilibrée et de prévenir la prolifération des pathogènes.

Enfin, la peau abrite un vaste réservoir de cellules immunitaires résidentes, parmi lesquelles les cellules de Langerhans, des sentinelles de l’épiderme qui captent les antigènes et activent les lymphocytes T mémoire. Le derme héberge également des cellules dendritiques, des macrophages, des mastocytes et des lymphocytes T régulateurs (Treg) qui participent à la limitation de l’inflammation. Les lymphocytes T mémoire résidents (Trm), estimés à plus de 20 milliards dans la peau humaine, assurent une protection locale rapide en cas de nouvelle exposition à un agent pathogène.

Les différents types de cellules immunitaires dans la peau humaine.

Les différents types de cellules immunitaires dans la peau humaine.

Source : SCHARSCHMIDT T. C. & al. Skin immunity: Dissecting the complex biology of our body’s outer barrier. Mucosal Immunology (2022).

3. La peau a un rôle sensoriel.

La peau joue aussi un rôle clé dans la perception sensorielle. Grâce à son importante densité de récepteurs nerveux, elle capte une grande variété de stimuli, qu'ils soient tactiles, thermiques, douloureux ou vibratoires, et transmet ces signaux au cortex sensoriel cérébral. Cette communication rapide permet à l’organisme de réagir instantanément, comme lors d’un réflexe de retrait face à une source de chaleur. Certaines zones, comme le bout des doigts ou les lèvres, possèdent une concentration particulièrement élevée de terminaisons nerveuses, leur conférant une importante sensibilité tactile.

Les récepteurs sensoriels de la peau se divisent en terminaisons encapsulées, comme les corpuscules de Meissner, Pacini ou Ruffini, et non encapsulées. Les premières, protégées par une capsule conjonctive, détectent notamment la pression, les vibrations et les étirements de la peau. Les terminaisons libres, dépourvues d’enveloppe, assurent la perception de la douleur, aussi appelée nociception, et de la température, aussi appelée thermoception, particulièrement dans les zones glabres comme les paumes ou la plante des pieds.

Les différents récepteurs sensoriels de la peau.

Les différents récepteurs sensoriels de la peau.

Source : Thèse de Mazin AZIZ. Design and implementation of a sensing unit for tactile vision aid (theoretical background) (2020).

4. La peau intervient dans la thermorégulation.

La peau participe également à la régulation thermique du corps, assurant le maintien d’une température interne stable (≈ 37°C) malgré les variations de l’environnement. Cela est possible grâce au dense réseau vasculaire de la peau. Lorsqu'il fait chaud, les vaisseaux sanguins cutanés se dilatent, augmentant le flux sanguin vers la surface de la peau pour que la chaleur s'y dissipe. La sudation complète d'ailleurs ce mécanisme, car l'évaporation de la sueur à la surface de l'épiderme entraîne un refroidissement de la peau. À l'inverse, lorsque les températures chutent, les vaisseaux sanguins se contractent pour limiter le flux sanguin en surface et préserver la chaleur interne, de même que les muscles piloérecteurs, provoquant la chair de poule.

Au-delà de ces mécanismes réflexes, la thermorégulation de la peau est contrôlée par le système nerveux autonome et par des médiateurs hormonaux, comme l’adrénaline ou la noradrénaline. Les thermorécepteurs cutanés, sensibles aux variations locales de température, transmettent des signaux à l’hypothalamus, centre de commande de la température corporelle. La peau agit ainsi comme un capteur et un effecteur : elle détecte les changements thermiques et met en œuvre les réponses physiologiques nécessaires pour maintenir l’homéostasie.

5. La peau a un rôle neuroendocrinien.

La peau peut également être considérée comme un organe neuroendocrinien périphérique, capable de percevoir, produire et répondre à des signaux nerveux et hormonaux. Ce rôle repose sur un réseau dense de fibres nerveuses sensorielles et autonomes (sympathiques et parasympathiques), en étroite interaction avec les cellules de la peau et le système immunitaire. Les nerfs libèrent divers neuromédiateurs, comme l’acétylcholine (ACH), la noradrénaline, la substance P ou le peptide relié au gène de la calcitonine (CGRP), qui agissent sur des récepteurs spécifiques présents à la surface des kératinocytes, des fibroblastes et des cellules immunitaires. Parallèlement, les cellules de la peau expriment des récepteurs hormonaux similaires à ceux retrouvés dans le cerveau et les glandes endocrines, leur permettant de répondre à des hormones systémiques comme le cortisol ou l’adrénaline.

Ces interactions modulent différentes fonctions, comme la croissance cellulaire, la cicatrisation, la vasodilatation, mais aussi la réponse inflammatoire.

Le système nerveux sympathique joue un rôle majeur dans la régulation de la microcirculation et des réponses au stress via la libération de noradrénaline, qui contrôle la vasoconstriction et la production de sueur. À l’inverse, le système parasympathique, via l’acétylcholine, favorise des processus de régénération et de relaxation cellulaire, contribuant au maintien de l’homéostasie cutanée. Ces systèmes sont modulés par l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, qui, en réponse au stress, induit la production de cortisol. Ce dernier exerce une action anti-inflammatoire à court terme, mais peut altérer la fonction barrière et la réparation cutanée lorsqu’il est produit de manière chronique. La peau est ainsi en dialogue permanent avec le système nerveux central et endocrinien, formant un réseau bidirectionnel qui permet d’adapter les réponses cutanées aux stimuli externes (UV, chaleur, microbiote) et internes (stress, émotions).

Représentation schématique de la peau comme un organe neuroimmunoendocrinien.

Représentation schématique de la peau comme un organe neuroimmunoendocrinien.

Source : STEINHOFF M. & al. Neuronal control of skin function: The skin as a neuroimmunoendocrine organ. Physiological Reviews (2006).

6. La peau, un organe métabolique qui synthétise la vitamine D.

La peau est aussi très connue pour son rôle métabolique, notamment en assurant la synthèse de la vitamine D. Sous l’effet des rayons UVB, le 7-déhydrocholestérol présent dans l’épiderme est converti en prévitamine D3, qui est ensuite transformée en vitamine D3 active par le foie et les reins. Cette dernière participe à la régulation du calcium et du phosphore, et donc à la santé osseuse, mais influence aussi d’autres fonctions métaboliques, comme la modulation de la réponse immunitaire et le soutien de la fonction musculaire. La capacité de la peau à produire de la vitamine D dépend de plusieurs facteurs, dont l’âge, le phototype, l’exposition solaire et l’intégrité de la barrière cutanée.

Remarque : Contrairement à une idée reçue répandue, la crème solaire ne cause pas de carence en vitamine D.

La synthèse de la vitamine D par la peau.

La synthèse de la vitamine D par la peau.

Source : CARLSBERG C. Nutrigenomics of vitamin D. Nutrients (2019).

7. La peau comme reflet de notre santé lors de nos interactions sociales.

La peau est l’un des premiers éléments que les autres perçoivent chez nous, ce qui en fait un véritable miroir de notre santé. Elle constitue non seulement une barrière physique contre les agressions extérieures, mais elle reflète également nos états internes, qu’ils soient physiologiques ou psychologiques. Les maladies de peau visibles, comme l’acné, l’eczéma, le psoriasis, ainsi que les altérations temporaires liées au stress, à la fatigue ou à des déséquilibres hormonaux, peuvent révéler des perturbations de l’organisme, qu’elles soient immunitaires, endocriniennes ou psychiques. Ces manifestations ont un impact direct sur la manière dont une personne est perçue socialement : elles peuvent modifier les interactions quotidiennes, influencer la confiance en soi et affecter la perception subjective de son apparence.

La peau joue donc un rôle central, à la fois biologique et social.

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