Bien que le psoriasis touche en moyenne 2 à 4% de la population mondiale et qu'il constitue la troisième affection cutanée la plus répandue, quelques interrogations subsistent encore sur cette pathologie. Nous y répondons dans cet article avec le Dr. AMODE, Dermatologue et Vénérologue à Paris.

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- Interview du Dr. AMODE : "Mieux comprendre le psoriasis."
Interview du Dr. AMODE : "Mieux comprendre le psoriasis."
- Question n°1 : Le psoriasis prend plusieurs formes : quelles sont les plus répandues ?
- Question n°2 : "Est-ce que le psoriasis se transmet ?"
- Question n°3 : "Le psoriasis touche-t-il uniquement les parties externes de l’organisme (peau) ?"
- Question n°4 : "Peut-on souffrir à la fois de psoriasis et d’eczéma ?"
- Question n°5 : "Existe-t-il un moyen de prévenir le psoriasis ?"
- Question n°6 : "Quelles sont les idées reçues les plus tenaces concernant le psoriasis ?"
- Question n°7 : "Quelles sont les complications du psoriasis ?"
- Question n°8 : "Le psoriasis laisse-t-il des cicatrices ?"
Question n°1 : Le psoriasis prend plusieurs formes : quelles sont les plus répandues ?
"Le psoriasis en plaques, ou psoriasis vulgaire, est la forme la plus commune, caractérisée par des plaques érythématosquameuses, de taille variable apparaissant le plus souvent sur les genoux, les coudes, ou le bas du dos. Cette présentation clinique concerne la plupart des patients. Nous pouvons également citer certaines formes topographiques fréquentes, tels que le psoriasis des régions séborrhéiques, le psoriasis du cuir chevelu, le psoriasis unguéal qui peut être isolé, le psoriasis inversé qui concerne les plis de flexion."
Question n°2 : "Est-ce que le psoriasis se transmet ?"
"Le psoriasis est une maladie inflammatoire multifactorielle, qui comprend des facteurs de prédisposition génétique. Il peut ainsi se transmettre de manière verticale, mais ce n’est pas une transmission obligatoire de type autosomique dominant. C’est une transmission plus complexe, qui n’est pas systématique à la descendance. Par contre, le psoriasis ne se transmet pas de façon horizontale, c’est-à-dire d’un individu à l’autre. Ce n’est pas une maladie contagieuse, comme pourrait l’être une maladie infectieuse."
Question n°3 : "Le psoriasis touche-t-il uniquement les parties externes de l’organisme (peau) ?"
"Le psoriasis est une pathologie avec inflammation systémique. Au cours des poussées de psoriasis sévères, on décrit des hépatites cholestatiques (atteinte du foie). Le rhumatisme psoriasique témoigne de l’atteinte des articulations et des enthèses. Il faut préciser que la peau est à prendre au sens large avec une atteinte possible des phanères (ongles) et des muqueuses (buccales, anales, génitales)."
Question n°4 : "Peut-on souffrir à la fois de psoriasis et d’eczéma ?"
"Il est possible de souffrir des deux pathologies en même temps. Le psoriasis peut "s’eczématiser", si le terrain est favorable. Nous pouvons ainsi avoir des cas de psoriasis qui ressemblent à de l’eczéma, les rendant difficile à différencier et provoquant alors un doute diagnostique entre les deux maladies. C’est là que la biopsie peut être indiquée. Cela dit, ce n’est pas une association particulièrement fréquente."
Question n°5 : "Existe-t-il un moyen de prévenir le psoriasis ?"
"Il n'est pas possible de prévenir l'apparition du psoriasis. Et prévenir le déclenchement de la maladie alors qu’on est prédisposé ? On ne le sait pas, ça peut arriver à n’importe quel moment. On ne peut pas prédire si et quand la maladie se déclenche chez des sujets prédisposés. Un stress aigu est souvent un facteur précipitant. Dans les cas où la maladie est avérée, il est possible de travailler sur les facteurs déclenchants : réduire le niveau de stress quotidien, limiter la consommation d’alcool, etc.
Dans les cas où la maladie est avérée, il est possible de travailler sur les facteurs déclenchants : réduire le niveau de stress quotidien, limiter la consommation d’alcool. On peut conseiller de manière générale, afin de contrôler les comorbidités (facteurs associés à la maladie), une activité physique en endurance et adaptée à la condition physique régulière, un régime alimentaire équilibré de type méditerranéen, un sevrage tabagique."
Question n°6 : "Quelles sont les idées reçues les plus tenaces concernant le psoriasis ?"
"Une des principales idées reçues est que le psoriasis peut être transmissible de manière horizontale à l’entourage. Or, ce n’est pas le cas. Quand on est en contact avec quelqu’un qui a du psoriasis, on ne peut pas l’attraper. On peut toucher une plaque de psoriasis sans aucun danger. Il faut rassurer les gens sur ce point."
D’autres préjugés circulent à propos du psoriasis, par exemple l’idée qu’il toucherait surtout les personnes alcooliques. Certes, l’alcool est un facteur aggravant de la maladie, mais le psoriasis n’est pas une conséquence directe de l’alcoolisme.
On entend aussi souvent dire que le psoriasis est une "maladie grave". Ce n’est pas tout à fait exact. Le psoriasis cutané, lorsqu’il est peu étendu et sans retentissement psychologique ou social, n’est pas considéré comme grave en soi. En revanche, il peut avoir des conséquences importantes : isolement social, dépression, ou encore complications métaboliques, dont les liens exacts restent encore à préciser. Par ailleurs, les formes sévères de psoriasis s’accompagnent d’un sur-risque cardiovasculaire documenté.
Question n°7 : "Quelles sont les complications du psoriasis ?"
"Le psoriasis est associé épidémiologiquement aux comorbidités cardiovasculaires. Il y a plus d'infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires, de surpoids et de diabète chez les patients qui ont du psoriasis. Il y a une association statistique, mais cela n’est pas synonyme de relation causale. On pourrait évoquer dans le cas des psoriasis sévères le rôle de l’ inflammation systémique qui est bien documentée. Les autres complications sont d’ordre psychosociales. Le fait d'avoir des lésions affichantes peuvent impacter sur l’estime de soi, l’humeur, la vie sociale, la vie sexuelle."
Question n°8 : "Le psoriasis laisse-t-il des cicatrices ?"
"Le psoriasis ne laisse pas de cicatrices, puisqu’il s’agit de lésions qui sont épidermiques. Il n’y a pas d’atteinte de la membrane basale, donc pas de cicatrices définitives. En revanche, il peut exister des hypopigmentations (taches plus claires que la peau du patient) ou hyperpigmentations (plus foncées) post-inflammatoires, faisant suite aux lésions de psoriasis. Ces modifications de la coloration cutanée sont transitoires et qui finissent par disparaître. La disparition des taches est souvent observée sur plusieurs semaines."
Ces changements de pigmentation sont la conséquence des dommages causés sur les mélanocytes par l’inflammation : soit une hypopigmentation si leur activité est diminuée ou s’ils sont détruits, soit une hyperpigmentation s’ils ont augmenté leur fonctionnement en réponse à l’inflammation.
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