Vitamine E : quelles sont les associations d'actifs bénéfiques ?

Également appelée acide ascorbique, la vitamine C est un actif bien connu pour ses propriétés antioxydantes. En effet, par un don d'électron, cette molécule est capable de neutraliser les radicaux libres générés par les UV, la pollution ou le tabac avant que ceux-ci n'endommagent les constituants cellulaires et l'ADN. Attention toutefois : cette photoprotection ne fait pas de la vitamine C un écran solaire en soi. La vitamine E, surtout retrouvée au niveau de la couche cornée dans la peau, possède des propriétés similaires. Elle agit toutefois différemment : sa structure chimique lui permet de donner un hydrogène, ce qui stabilise les radicaux libres. Elle devient alors un radical libre à son tour, mais est relativement stable en raison de son caractère aromatique. La vitamine E ne peut toutefois plus agir.

Plusieurs études se sont intéressées à la synergie pouvant exister entre la vitamine E et la vitamine C et les résultats montrent que leur association permet d'accentuer la protection antioxydante fournie par ces molécules. En effet, la vitamine C, dont le potentiel rédox est inférieur à celui de la vitamine E, peut réduire cette dernière afin de régénérer son activité. Il a d'ailleurs été montré que l'application quotidienne pendant quatre jours d'une solution à 15% en vitamine C et à 1% en vitamine E permettait de multiplier par deux la protection contre l'érythème actinique par rapport à l'application de l'une ou l'autre de ces vitamines seule. Notons néanmoins que l'étude mentionnée a été menée avec des cochons. Il serait intéressant que des essais cliniques avec des humains confirment ces résultats.

D'un point de vue mécanistique, la vitamine E et la vitamine C travaillent en tandem dans la peau grâce à un mécanisme d’antioxydation en chaîne.

La vitamine E, située dans les membranes lipidiques, est la première à neutraliser les radicaux libres générés notamment par les UV. En faisant cela, elle s’oxyde et devient une forme radicalaire moins active, appelée tocophéryl-radical. C’est ici qu’intervient la vitamine C : présente dans la phase aqueuse, elle donne un électron au tocophéryl-radical, ce qui régénère la vitamine E dans sa forme active tout en s’oxydant elle-même en acide déhydroascorbique. Ce recyclage permet à la vitamine E de continuer à protéger les lipides membranaires, tandis que la vitamine C, elle, peut être régénérée à son tour par d’autres systèmes réducteurs cellulaires comme le glutathion. Ensemble, elles forment donc un système antioxydant complémentaire : la vitamine E agit au niveau lipidique et la vitamine C au niveau aqueux, tout en prolongeant l'efficacité de la vitamine E et en la réactivant.

Plus connue sous le nom de rétinol, l'un de ses dérivés, la vitamine A est considérée comme l'un des actifs cosmétiques les plus efficaces pour stimuler le renouvellement cellulaire et compenser la dégradation naturelle de collagène et d'élastine. Elle est donc particulièrement utilisée pour formuler des produits visant à lutter contre le vieillissement cutané et la perte de fermeté. La vitamine A a cependant deux défauts majeurs : elle peut être irritante, et est donc déconseillée aux peaux sensibles, et elle est sujette à l'oxydation par la lumière du soleil. Ainsi, suite à une exposition solaire, la vitamine A peut se transformer en différents intermédiaires réactifs pouvant causer des dommages à la peau.

La vitamine E, grâce à son pouvoir antioxydant, pourrait agir en tant que cofacteur pour stabiliser la vitamine A et la protéger de l'oxydation.

Autre intérêt potentiel de l'association vitamine E et vitamine A : une meilleure action anti-inflammatoire. C'est en effet ce que suggère une étude qui a évalué l'intérêt d'une co-administration topique d'α-tocophérol (0,1%) et de rétinol (0,05%) au sein d’une microémulsion. Testée in vivo sur une peau rendue inflammatoire par l’application de TPA, un composé irritant, la microémulsion chargée en vitamine E a entraîné une diminution significative de l’expression du TNF-α, un marqueur de l’inflammation. L’ajout simultané de rétinol a renforcé cet effet : l’expression du TNF-α a été davantage réduite que dans le groupe recevant uniquement la vitamine E, démontrant un effet synergique entre les deux molécules. Ces résultats suggèrent que la combinaison topique de vitamine A et de vitamine E pourrait être intéressante pour atténuer l’inflammation cutanée.

Bien qu'il soit incorrect de qualifier la vitamine E de conservateur, celle-ci a tout de même un intérêt non négligeable dans les formulations cosmétiques huileuses. En effet, la plupart des huiles végétales sont riches en omégas-3, des composés dont la structure chimique comprend de nombreuses doubles liaisons. Cette particularité les rend sensibles à la dégradation oxydative engendrée notamment par l'oxygène de l'air et les rayons UV. Or, l'oxydation des constituants des huiles végétales a un impact négatif sur leurs propriétés cosmétiques et organoleptiques. Rances, elles peuvent devenir néfastes pour la peau, voire comédogènes.

Grâce à ses vertus antioxydantes, la vitamine E peut lutter contre ce phénomène et aider à préserver la qualité des huiles végétales. La vitamine E est ainsi pertinente à utiliser avec des huiles végétales riches en omégas-3, comme l'acide alpha-linoléique. Elle agit d'ailleurs de même avec le sébum en prévenant la peroxydation lipidique du squalène, l'un de ses composés majoritaires. Ce faisant, elle inhibe sa transformation en peroxyde de squalène, une molécule comédogène. La vitamine E est ainsi l'alliée des peaux grasses.

Remarque : Pour les mêmes raisons, il est intéressant d'associer la vitamine E et l'aloe vera, un ingrédient aux propriétés hydratantes. En effet, le gel d'aloe vera peut devenir légèrement jaune avec le temps, en raison de son oxydation au contact de l'air. La vitamine E peut aider à prévenir ce phénomène grâce à son action antioxydante.

Le sélénium est un oligo-élément essentiel pour l'organisme. Principalement localisé au niveau des reins et du foie, des travaux ont montré qu'il stimule l'activité du système immunitaire et protège la fonction cardiovasculaire. Il s'agit également d'un bon anti-inflammatoire et d'un antioxydant. Surtout présent dans les légumes crus, le sélénium peut aussi être retrouvé dans des compléments alimentaires.

Une étude s'est intéressée à l'association vitamine E/sélénium et à ses effets sur l'acné. 29 patients souffrant de cette dermatose ont été invités à prendre deux fois par jour un comprimé renfermant 0,2 mg de sélénium et 10 mg de tocophérols pendant 12 semaines. À l'issue de l'expérience, les scientifiques ont noté une réduction significative du nombre et de l'étendue des lésions acnéiques chez les patients, particulièrement chez ceux souffrant d'acné inflammatoire. Les mécanismes chimiques expliquant la synergie entre la vitamine E et le sélénium restent néanmoins inconnus.

Une prise quotidienne de sélénium supérieure à 900 μg peut se révéler toxique et être à l'origine de troubles gastro-intestinaux, de pertes de cheveux et d'une mauvaise haleine.

La coenzyme Q10, également appelée ubiquinone, est un antioxydant naturellement présent dans l'organisme. Essentiellement retrouvée au niveau des mitochondries où elle permet d'activer la production d'énergie au niveau cellulaire, on la rencontre également dans le sébum où elle agit en synergie avec la vitamine E pour protéger ses constituants de l'oxydation. Une étude menée avec 100 volontaires a d'ailleurs montré que l'exposition du sébum à une irradiation UV correspondant à 4 fois la dose érythémateuse minimale (DEM), soit la quantité minimale de lumière pouvant provoquer un coup de soleil, diminuait de 84,2% la quantité de vitamine E, de 70% celle de la coenzyme Q10 et seulement de 13% celle du squalène. La même dose d'UV appliquée en l'absence de vitamine E et de CoQ10 a entraîné une diminution de 90% de la quantité de squalène, ce qui montre bien l'effet protecteur que jouent normalement ces deux molécules.

En plus de son effet protecteur sur le sébum, l'association vitamine E/coenzyme Q10 a montré un certain potentiel pour améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de psoriasis. Dans une étude, 58 patients ont été divisés en deux groupes : le premier a reçu un traitement à base de corticoïdes accompagné d'une supplémentation quotidienne en coenzyme Q10 (50 mg), en vitamine E (50 mg) et en sélénium (48 μg), tandis que le deuxième n'avait que les corticoïdes. Après 35 jours, une amélioration plus significative de la condition des patients du premier groupe a été observée. Il semblerait que l'association d'actifs testée puisse apporter une vraie aide dans la gestion quotidienne des symptômes du psoriasis.

Le zinc est un élément crucial au bon fonctionnement de l’organisme et au maintien de la santé de la peau. Naturellement présent en faible quantité dans le corps, l'apport de zinc est principalement assuré par l'alimentation et parfois par la prise de compléments alimentaires. En plus de participer au développement des tissus de l'organisme, cet élément intervient dans le métabolisme de quelques protéines, lipides et glucides. Le zinc est également l'un des actifs les plus recommandés pour les personnes ayant la peau mixte à grasse et il peut aider à combattre les problèmes d'acné. Protéine moins connue, la lactoferrine est l'un des composants du système immunitaire et elle possède une activité antimicrobienne et antifongique.

Dans une étude récente, 82 patients atteints d'acné ont reçu deux fois par jour des gélules à base de lactoferrine (100 mg), de vitamine E (7,3 mg) et de zinc (5 mg). Après 12 semaines, les chercheurs ont observé une amélioration significative de l'état de la peau des patients, couplée à une diminution des taux de sébum sécrétés. La supplémentation en vitamine E, en zinc et en lactoferrine a ainsi été relativement efficace, bien que l'acné des patients n'ait pas été entièrement éradiquée.

L’association entre la vitamine E et la vitamine D repose sur la complémentarité de leurs mécanismes biologiques, notamment dans la gestion du stress oxydatif, de l’inflammation et de l'immunité. La vitamine D agit principalement en activant le récepteur VDR, permettant de réguler l’expression de gènes impliqués dans la différenciation cellulaire, le contrôle de l'inflammation, le métabolisme énergétique et la modulation immunitaire. La vitamine E, quant à elle, assure une protection directe des membranes cellulaires grâce à son pouvoir antioxydant, limitant ainsi les dommages causés par les radicaux libres, impliqués dans de nombreuses pathologies chroniques. Combiner ces deux vitamines pourrait mener à une meilleure gestion du stress oxydatif et à une protection cellulaire plus efficace.

L'association entre les vitamines D et E est répandue dans les compléments alimentaires, mais l'est moins en cosmétique.

Le collagène est une protéine structurale essentielle qui assure la fermeté, la résistance et la cohésion des tissus cutanés. Lorsqu’il est appliqué par voie topique, son effet sur les fibroblastes, les cellules qui synthétisent le collagène, reste limité en raison de sa taille volumineuse qui gêne sa pénétration, mais il contribue malgré tout à améliorer l’hydratation de la peau. En revanche, s'il s'agit de peptides de collagène, des molécules ayant un poids moléculaire plus faible, des études ont montré qu'ils pouvaient stimuler l'activité des fibroblastes.

Bien qu’aucune étude n’ait examiné la combinaison entre la vitamine E et le collagène topique, leurs mécanismes respectifs suggèrent un intérêt potentiel.

En effet, les propriétés antioxydantes de la vitamine E aident à protéger les fibres de collagène de la peau. Une étude récente menée sur des rats a d’ailleurs montré que l’application topique d’alpha-tocophérol, la forme active de la vitamine E, augmentait la densité de collagène dans la phase précoce de cicatrisation. Les chercheurs ont observé une hausse significative du nombre de fibroblastes et une amélioration du score de densité du collagène chez les animaux traités, contrairement au placebo. Si ces résultats concernent un modèle animal, ils renforcent néanmoins l’idée que la vitamine E peut moduler la dynamique du collagène et qu’une association avec des soins au collagène pourrait être pertinente.

L’acide hyaluronique est une molécule naturellement présente dans la peau, capable de retenir jusqu’à 1 000 fois son poids en eau. Lorsqu’il est appliqué par voie topique, il aide à maintenir l’hydratation cutanée, améliore la souplesse de la peau et contribue à lisser les rides et les ridules. Associer l’acide hyaluronique à la vitamine E peut ainsi être pertinent, car l’un agit sur l’hydratation tandis que l’autre défend la peau face au stress oxydatif.

Cette synergie potentielle pourrait aussi être intéressante dans le cadre de la cicatrisation cutanée. Une étude a évalué une formulation contenant de l’acide hyaluronique, de la vitamine E ainsi que des extraits de framboise et de thé vert, afin d’examiner son impact sur la réparation des tissus. Dans un test in vitro réalisé sur des fibroblastes humains, la préparation a nettement surpassé la formule contrôle, qui ne comprenait pas les actifs. Ces résultats suggèrent que l’acide hyaluronique, en particulier sous forme de bas poids moléculaire, capable de pénétrer dans la couche cornée, combine son effet hydratant à celui de la vitamine E et des autres antioxydants pour accélérer la réépithélialisation, stimuler la migration des kératinocytes et contribuer au remodelage du collagène, améliorant ainsi le processus de cicatrisation.

L’association entre la vitamine E et la vitamine K est très étudiée en raison de leurs voies métaboliques communes et de leurs interactions potentielles, notamment autour du rôle de la vitamine K dans la coagulation. La vitamine E peut interférer avec l’activité de la vitamine K en entrant en compétition pour certaines enzymes impliquées dans la transformation de la phylloquinone (vitamine K1) en menaquinone-4 (MK-4), la forme active dans les tissus. Elles partagent également des mécanismes métaboliques similaires, et toutes deux peuvent activer le récepteur PXR, qui régule leur métabolisme et leur élimination. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle des apports élevés en vitamine E peuvent parfois réduire la disponibilité de la vitamine K et augmenter le risque de saignements, d'où l'intérêt de les associer en cas de supplémentation.

Depuis le 4 février 2009, l'utilisation de la vitamine K1 pure est interdite en cosmétique en raison de cas rapportés de dermatite de contact. On la retrouve aujourd’hui sous forme oxydée, plus stable et mieux tolérée, où elle est parfois associée à la vitamine E, même si cette combinaison topique n'a pas encore fait l'objet d'études cliniques indépendantes.

Certaines personnes supposent que l'association entre la vitamine E et la glycérine pourrait aider à atténuer l’hyperpigmentation. Cependant, si des études in vitro suggèrent effectivement que la vitamine E peut interférer avec la mélanogenèse, la glycérine, elle, ne montre aucun effet sur la pigmentation. En formulation, la glycérine améliore la stabilité de la vitamine E en modulant la structure physique des émulsions. Par exemple, des recherches montrent que des concentrations élevées de glycérine (40–50%) produisent des nanoémulsions d'acétate de vitamine E plus petites et plus stables, ce qui optimise la protection antioxydante et augmente la durée de vie des produits.

La combinaison vitamine E + glycérine est donc totalement compatible et intéressante pour renforcer l’hydratation et la protection antioxydante de la peau.

L’association entre la vitamine E et la niacinamide est très pertinente, car ces deux actifs agissent sur des dimensions complémentaires de la santé de la peau. La vitamine E soutient les défenses antioxydantes, tandis que la niacinamide renforce la barrière cutanée, améliore l’hydratation et atténue l’inflammation. Il est donc fréquent de les retrouver dans des soins ciblant le teint terne ou une barrière cutanée fragilisée, souvent avec d'autres actifs, comme l'acide hyaluronique.

Une étude illustre bien cette synergie au sein d’une formule contenant 4% de niacinamide, 0,2% de vitamine E, 0,4% d’acide hyaluronique, 5% d’extrait lysé de Vitreoscilla filiformis, un probiotique, et 80% d’eau thermale. Testé dans différents modèles ex vivo et in vivo, ce soin a permis d'améliorer la fonction barrière après diverses agressions : variations thermiques brusques, irritations ou manque de sommeil. Dans une étude sur 22 femmes, il accélérait significativement la récupération de la barrière cutanée avec des pertes en eau réduites à 20,3%, contre 31,7% dans la zone non traitée après cinq jours. Lorsque les participantes étaient en dette de sommeil, une seule application améliorait la récupération naturelle de la peau de 69,5% après une heure.

Ces résultats soutiennent l'intérêt de l'association niacinamide + vitamine E pour renforcer la barrière cutanée et aider la peau à faire face aux agressions du quotidien.

L’association entre la vitamine E et le panthénol, aussi appelé provitamine B5, est couramment utilisée en cosmétique, car leurs actions se complètent. Comme dit précédemment, la vitamine E apporte une défense antioxydante, tandis que le panthénol agit comme humectant et renforce la fonction barrière tout en apaisant la peau. Une étude clinique menée auprès de 246 femmes, présentant une hyperpigmentation, apporte des données supplémentaires sur l’intérêt du panthénol associé à la vitamine E. Pendant 10 semaines, les participantes appliquaient quotidiennement une lotion contenant de la niacinamide, du panthénol et de l'acétate de tocophérol, soit une lotion témoin. Les analyses d’images ont montré que la lotion test réduisait significativement l’apparence de l’hyperpigmentation et améliorait l’uniformité du teint, avec des résultats observables dès 6 semaines.

À noter : Il est probable que la niacinamide, possédant des propriétés dépigmentantes, ait contribué aux bons résultats observés.

Remarque : Il existe plusieurs formes de vitamine E, quatre tocophérols et quatre tocotriénols. Il est donc possible de faire un mélange de tocophérols et de tocotriénols et ainsi d'associer différentes formes de vitamine E, pour une protection antioxydante plus globale.

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