On le sait, des doses élevées de rayons ultraviolets sont associées à des impacts aigus et chroniques de la santé de la peau, y compris l'inflammation et le photovieillissement. Cependant, de nombreux vacanciers s'exposent à de fortes doses d'UV en recherchant le soleil. La peau humaine abrite une vaste gamme de bactéries, de champignons et de virus qui composent le microbiote cutané. Ces microbes jouent des rôles essentiels dans l'homéostasie de la peau. Il convient donc de se demander si les rayons du soleil peuvent impacter ce microbiote.
Une étude menée par Nabiha YUSUF et ses collègues avait pour but de tester l'effet des rayons UVA et UVB sur le microbiome de la peau humaine. Pour ce faire, des participants ont été exposés à des doses d'UVA (22 - 47 J/cm2) ou d'UVB (100 - 350 mJ/cm2), et des échantillons ont été prélevés. L'ADN a été isolé et séquencé pour identifier la composition microbienne de chaque échantillon. Les résultats sont reportés dans le tableau suivant.
Dans l'ensemble, la composition du microbiote après l'exposition aux UV a été modifiée. La perturbation des composants microbiens de la peau peut impacter la santé de l'hôte. Les protéobactéries, dont font partie les cyanobactéries et les bactéries du genre Pseudomonas, constituent un vaste phylum de bactéries Gram-négatives de la peau humaine saine. Or, un microbiote de Proteobacteria perturbé a été associé au psoriasis, à l'eczéma et aux ulcères du pied diabétique, une plus grande diversité de Proteobacteria étant corrélée à des réponses immunitaires anti-inflammatoires protectrices. Ainsi, un déséquilibre en protéobactéries, et par conséquent du microbiote cutané, peut suggérer une détérioration de la santé de la peau chez les personnes qui recherchent le soleil.
La façon dont les micro-organismes réagissent et font face aux rayons UV peut varier considérablement. Il a été suggéré que les bactéries Gram-positives sont mieux adaptées au stress oxydatif associé aux UV que les Gram-négatives, parce que leurs parois cellulaires filtrent une partie importante des rayons UV. Les résultats de l'étude citée précédemment peuvent être attribués à divers mécanismes d'adaptation uniques inhérents à ces bactéries.
Bien que les mécanismes précis avec lesquels le soleil modifie le microbiote cutané ne soient pas bien connus, des suppositions ont été faites. Il a été démontré que l'exposition aux UV a modifié le métabolome cutané chez les souris, entraînant une augmentation du métabolisme des acides aminés et une diminution du métabolisme des acides gras, des sphingolipides et de l'histidine. Ces résultats indiquent que l'exposition aux UV entraîne des changements dans les métabolites présents sur la peau et dont les microbes dépendent.
En outre, les UV suppriment également l'immunité adaptative et activent l'immunité innée. L'immunosuppression des rayons UV est principalement due au fait qu'ils affectent la persistance, le phénotype et la spécificité des lymphocytes T résidentes à mémoire. In vivo, il a été démontré qu'une exposition de 50 mJ/cm2 d'UVB à des lésions cutanées psoriasiques provoquait la mort des cellules T. Les modifications du système immunitaire cutané à la suite d'une exposition aux UV peuvent potentiellement modifier les pressions sélectives immunitaires auxquelles le microbiome est exposé, et donc affecter le microbiote cutané.
Ces résultats sont à prendre avec des pincettes, car le nombre de participants est petit (n = 6), ce qui peut affecter la significativité statistique. De plus, ils peuvent être influencés par d'autres facteurs, comme la température et le mode de vie, ce qui rend difficile de déterminer si la variation microbienne est directement associée aux UV.