Élastine : à quels actifs l'associer ?

L’association entre l’élastine et le collagène est l’une des plus naturelles qui soient, dans la mesure où elle reflète l’architecture même de la peau. Ces deux protéines structurales sont intimement liées dans le derme : le collagène apporte de la résistance et du soutien mécanique à la peau, tandis que l’élastine assure son élasticité et sa capacité à reprendre sa forme après une déformation. Le collagène et l'élastine forment un réseau tridimensionnel de fibres entrecroisées qui contribue au maintien de la structure de la peau. Les cosmétiques associant ces deux actifs cherchent ainsi à reproduire cette synergie biologique.

Des études in vitro ont montré que l'utilisation d’élastine et de collagène pouvait stimuler l’activité des fibroblastes, les cellules de la peau responsables de la production des protéines de la matrice extracellulaire. On peut notamment citer les travaux menés par JIMENEZ et son équipe sur un hydrolysat d'élastine, qui ont mis en évidence une augmentation de 25 à 30% de la prolifération des fibroblastes. Cette stimulation cellulaire s’est traduite par une hausse de plus de 250% de la production de fibres d’élastine et par une augmentation de 100% du collagène. Des études cliniques, comme celles présentées ci-dessous, confirment que le collagène et l’élastine, appliqués sous forme topique, améliorent la souplesse de la peau et atténuent les rides.

Aucune incompatibilité n'existant entre le collagène et l'élastine lorsqu'elles sont intégrées dans une même formulation, leur association semble donc pertinente pour raffermir la peau et améliorer sa fonction barrière.

La vitamine B12, ou cobalamine, est une molécule reconnue pour son action apaisante et antioxydante. Utilisée à la fois dans des formulations cosmétiques et dans des pommades dermatologiques destinées aux peaux sensibles, elle agit en inhibant la libération de cytokines pro-inflammatoires et en réduisant la production d’oxyde nitrique, un vasodilatateur impliqué dans la survenue des rougeurs. Elle est donc particulièrement intéressante pour soulager l'eczéma ou la rosacée. Par ailleurs, la vitamine B12 est un bon antioxydant : grâce à la présence de nombreuses doubles liaisons dans sa structure, elle stabilise les radicaux libres, protégeant ainsi l’ADN et les organites cellulaires du stress oxydatif. Ce mécanisme participe à ralentir le vieillissement cutané et à prévenir les troubles pigmentaires. Des études in vitro suggèrent aussi que la vitamine B12 jouerait un rôle dans la cicatrisation via la stimulation des fibroblastes et qu'elle pourrait soutenir l’angiogenèse.

Toutefois, à ce jour, aucune étude scientifique n’a exploré la synergie entre la vitamine B12 et l’élastine.

Cependant, leur association semble logique et dépourvue de contre-indications. Tandis que l’élastine soutient la souplesse et la résilience de la peau, la vitamine B12 protège les fibres dermiques contre le stress oxydatif et favorise la régénération cellulaire. Ensemble, ces deux molécules pourraient contribuer à renforcer la structure et la fonction barrière de la peau, tout en apaisant les irritations et en maintenant une peau confortable.

La vitamine C est un antioxydant majeur de la peau, indispensable à la synthèse du collagène et à la protection des fibres élastiques contre les dommages oxydatifs. Par ailleurs, la vitamine C influence la synthèse d’élastine, comme l’a montré une étude expérimentale menée sur un modèle animal soumis à un stress oxydatif induit par les UVB. Dans cette étude, l’application topique d’une formule combinant de la vitamine C, du polydeoxyribonucleotide (PDRN) et de la niacinamide, délivrée par un système de microneedling, a significativement augmenté la quantité de fibres d’élastine dans la peau irradiée. Les chercheurs ont observé une élévation de l’expression de la fibrilline 1/2 et de la fibuline 5, des protéines qui participent à la formation des fibres élastiques, ainsi qu’une augmentation globale des fibres d’élastine évaluée par coloration histologique. Ces effets étaient les plus marqués avec la formule contenant la vitamine C, surpassant même les résultats obtenus avec l’hydroquinone ou le PDRN seuls.

En complément de son rôle antioxydant et photoprotecteur, la vitamine C stimule la production d'élastine dans la peau.

Cependant, malgré ce lien biologique étroit entre la vitamine C et l’élastine, aucune étude scientifique ne s’est encore penchée sur leur association topique. Celle-ci pourrait pourtant s’avérer bénéfique, en combinant les vertus antioxydantes de la vitamine C avec les effets tenseurs de l’élastine, pour renforcer la fermeté et l’élasticité de la peau.

Les rétinoïdes, tels que le rétinol, le rétinaldéhyde ou encore l'acide rétinoïque, occupent une place centrale en cosmétique pour leur capacité à stimuler le renouvellement cellulaire et soutenir la synthèse des protéines de la matrice extracellulaire. Ces dérivés de la vitamine A sont souvent utilisés pour améliorer la texture de la peau et réduire les rides. Leur action repose sur la régulation de l’expression génique au niveau des fibroblastes, notamment via l’activation des récepteurs RAR et RXR, qui contrôlent la transcription de gènes impliqués dans la production de collagène, d’élastine et de fibrilline.

Une étude menée sur des fibroblastes humains en culture et des explants de peau humaine a démontré que le rétinol stimule la production d’élastine. Après application de 0,04% de rétinol, les chercheurs ont observé une augmentation significative de l’expression des gènes codant pour la tropoélastine et la fibrilline-1, ainsi qu’un renforcement du réseau de fibres d’élastine confirmé par coloration histologique. Dans les fibroblastes cultivés, l’exposition au rétinol à des concentrations de 10⁻⁵ et 10⁻⁶ M a induit une hausse dose-dépendante des niveaux protéiques d’élastine.

Bien qu’aucune étude n’ait encore exploré la combinaison topique des rétinoïdes et de l’élastine, il n’existe aucune incompatibilité connue entre ces deux actifs. Leur association pourrait se révéler complémentaire pour ralentir le vieillissement cutané.

Dans la peau, l’acide hyaluronique et l’élastine sont étroitement associés au sein de la matrice extracellulaire du derme. L’acide hyaluronique, grâce à sa capacité exceptionnelle à retenir jusqu’à 1 000 fois son poids en eau, assure la turgescence et la souplesse du derme, tandis que les fibres d’élastine lui confèrent sa résilience mécanique. En cosmétique, l’acide hyaluronique est surtout reconnu pour son pouvoir hydratant. Il forme à la surface de la peau un film humectant qui capte l’eau de l’environnement et la retient dans la couche cornée. En ce qui concerne l'élastine topique, des travaux ex vivo ont mis en évidence sa capacité à retenir l'humidité dans la peau.

L'association entre l'élastine et l'acide hyaluronique pourrait être bénéfique pour restaurer l’hydratation et la souplesse de la peau. Aucune étude clinique n’a encore confirmé cette synergie, mais aucune contre-indication n’existe à ce jour, ce qui rend cette combinaison prometteuse.

Les céramides sont des lipides essentiels naturellement présents dans la couche cornée, où ils représentent près de 50% des lipides épidermiques. Ils jouent un rôle fondamental dans la cohésion cellulaire et dans la fonction barrière cutanée en formant, avec les acides gras et le cholestérol, une structure lamellaire qui limite la perte insensible en eau et protège la peau des agressions extérieures. Avec l’âge, les expositions environnementales ou certaines dermatoses telles que l’eczéma, la quantité de céramides diminue, entraînant sécheresse et inconfort. En application topique, les céramides contribuent à restaurer la barrière cutanée, renforcer la capacité de la peau à retenir l’eau et réduire sa sensibilité.

À ce jour, aucune étude n’a évalué la potentielle synergie entre les céramides et l’élastine, mais leur association pourrait être intéressante pour soutenir à la fois la cohésion lipidique et la souplesse du tissu cutané.

Les polyphénols sont un vaste groupe de molécules d’origine végétale reconnues pour leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Présents dans différents extraits botaniques, comme le thé vert, le raisin, le cacao ou encore la grenade, ils sont capables de neutraliser les radicaux libres grâce à leur structure chimique riche en doubles liaisons, protégeant ainsi les lipides membranaires, les protéines structurelles de la peau, comme le collagène et l’élastine, et l’ADN cellulaire. Il existe de nombreux polyphénols utilisés en cosmétiques, tels que le resvératrol, la coenzyme Q10 et le glutathion.

Si peu d'études ont été menées sur l'intérêt d'une association entre l'élastine et les polyphénols, on peut néanmoins citer celle de MOHAMED et son équipe qui s'est intéressée à l'acide tannique, un polyphénol.

L’objectif était d’évaluer la vitesse de cicatrisation et la qualité de régénération tissulaire chez le rat selon trois conditions : application d’élastine seule, d’élastine conjuguée à l’acide tannique, ou absence de traitement. Les résultats ont montré que l’élastine, seule ou associée à l’acide tannique, accélérait significativement la fermeture des plaies par rapport au groupe témoin. De plus, la vitesse de cicatrisation était significativement meilleure lorsque l'élastine était combinée à l'acide tannique, ce qui illustre la pertinence de cette association.

L’analyse histologique a aussi mis en évidence une régénération plus rapide et mieux organisée de l’épiderme et du derme, avec une réépithélialisation complète et une prolifération accrue des fibroblastes. Ces effets s’expliqueraient par les propriétés antioxydantes et antibactériennes de l’acide tannique, qui renforcent l’action réparatrice de l’élastine et favorisent un environnement cutané propice à la cicatrisation.

• JIMENEZ F. & al. Proteolytic digest derived from bovine Ligamentum Nuchae stimulates deposition of new elastin-enriched matrix in cultures and transplants of human dermal fibroblasts. Journal of Dermatological Science (2005).

• LIN C. B. & al. A novel anti-ageing mechanism for retinol: Induction of dermal elastin synthesis and elastin fibre formation. International Journal of Cosmetic Science (2011).

• MAEDA I. & al. Investigation of water-soluble elastin as a multifunctional cosmetic material: Moisturizing and whitening effects. Journal of Cosmetic Science (2017).

• HUSSAIN Z. & al. Hyaluronic acid, a promising skin rejuvenating biomedicine: A review of recent updates and pre-clinical and clinical investigations on cosmetic and nutricosmetic effects. International Journal of Biological Macromolecules (2018).

• GÜNGÖR S. & al. Recent advances on topical application of ceramides to restore barrier function of skin. Cosmetics (2019).

• ZHENG X. & al. An artificially designed elastin-like recombinant polypeptide improves aging skin. American Journal of Translational Research (2022).

• BYUN K. & al. A mixture of topical forms of polydeoxyribonucleotide, vitamin C, and niacinamide attenuated skin pigmentation and increased skin elasticity by modulating nuclear factor erythroid 2-like 2. Molecules (2022).

• NERGIZ-UNAL R. & al. Collagen peptides affect collagen synthesis and the expression of collagen, elastin, and versican genes in cultured human dermal fibroblasts. Frontiers in Medicine (2024).

• MOHAMED S. A. & al. Development of bovine elastin/tannic acid bioactive conjugate: Physicochemical, morphological, and wound healing properties. Polymer Bulletin (2024).

• YI K.-H. & al. Manufacturing process of hyaluronic acid dermal fillers. Polymers (2024).

• JANALIKOVA M. & al. Collagen hydrolysates from animal by-products in topical cosmetic formulations. International Journal of Molecular Sciences (2025).