Vitamine B12 : quelles sont ses vertus pour la peau ?

Utilisée aussi bien pour formuler des cosmétiques que des crèmes dermatologiques, l'intérêt principal de la vitamine B12 en application topique réside dans sa capacité à apaiser la peau. Des études in vitro ont en effet montré que cet actif pouvait réduire la production de cytokines pro-inflammatoires. Pour rappel, les cytokines sont des protéines impliquées dans la communication intercellulaire mais aussi dans l'apparition d'irritations cutanées (rougeurs, démangeaisons...). Elles sont notamment produites par les lymphocytes T, des cellules du système immunitaire.

Il est également supposé que la vitamine B12 possède un effet inhibiteur sur la synthèse d'oxyde nitrique (NO), une molécule impliquée dans la pathogenèse de l'eczéma et du psoriasis. Ce composé est produit sous l'effet de l'enzyme oxyde nitrique synthase (NOS), dont la suractivité est en cause dans les deux dermatoses citées précédemment. En effet, un excès d'oxyde nitrique dans les cellules de la peau provoque la stimulation de la différenciation des kératinocytes et favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, un phénomène donnant lieu à des rougeurs et à des œdèmes. Ces propriétés anti-inflammatoires de la vitamine B12, d'abord observées in vitro, ont ensuite été mises en évidence lors d'essais cliniques. Quelques-uns sont présentés plus bas.

Les propriétés apaisantes de la vitamine B12 font d'elle un atout pour les peaux fragilisées ou irritées.

Outre ses effets anti-inflammatoires, la vitamine B12 possède une activité antioxydante lui permettant de contrer les dommages provoqués par les radicaux libres. Générées suite à une longue exposition aux rayons UV, à la pollution ou au tabac, ces molécules réactives participent à la modification de la structure des protéines et des membranes lipidiques et endommagent l'ADN, ce qui porte atteinte à l'intégrité de la peau et peut provoquer des taches pigmentaires et accélérer l'apparition de rides et l'affaissement cutané.

Des études in vitro ont montré que la vitamine B12, grâce à sa structure chimique riche en double liaisons, pouvait stabiliser les radicaux libres par un don d'électron. Par ailleurs, cet actif agit en activant certaines molécules ayant un rôle clé dans le maintien du potentiel rédox des cellules, telles que le glutathion. Ces différents effets permettent à la vitamine B12 de protéger la peau du stress oxydatif et d'aider à prévenir le vieillissement cutané.

Par ailleurs, certaines études in vitro ont montré que la vitamine B12 pourrait avoir un intérêt dans le processus de régénération cutanée. Il semblerait en effet que cette vitamine puisse stimuler la prolifération des fibroblastes, les cellules synthétisant le collagène et l'élastine. Ces protéines de structure sont essentielles à la peau, particulièrement en situation de cicatrisation, lorsqu'une plaie se referme.

De plus, toujours d'après ces études in vitro, la vitamine B12 semble être fortement impliquée dans l'angiogenèse et pourrait donc contribuer à la formation du tissu de granulation, un tissu transitoire riche en vaisseaux et en cellules dont la production correspond à l'une des phases importantes de la cicatrisation. Au vu de ces premiers résultats, nous pouvons prudemment supposer que la vitamine B12 pourrait jouer un rôle régénérateur pour la peau.

Une étude a notamment évalué un pansement innovant composé d’une matrice nanofibreuse polycaprolactone/gélatine enrichie en vitamine B12. Les chercheurs ont d’abord vérifié que l’ajout de vitamine B12 ne modifiait pas les propriétés physiques du matériau (résistance mécanique, absorption d’eau, perméabilité, hydrophobicité). Dans un modèle de plaie cutanée chez le rat, ce pansement a montré une amélioration marquée de la cicatrisation. L’analyse histologique a également révélé une épaisseur épithéliale supérieure avec la formule enrichie, signe d'une meilleure cicatrisation.

Au vu de ces bons résultats, il serait intéressant que les chercheurs se penchent sur les propriétés cicatrisantes de la vitamine lors de futurs essais cliniques.

La vitamine B12 est parfois considérée comme un actif hydratant potentiel. Certaines hypothèses suggèrent qu’elle pourrait améliorer la capacité de rétention d’eau de la peau en limitant certains processus inflammatoires qui altèrent la barrière cutanée. Cette action indirecte sur l’hydratation contribuerait d’ailleurs à son intérêt en cas d’eczéma, où la barrière cutanée est fragilisée et la perte insensible en eau est souvent accrue.

Dans cette perspective, une étude a évalué l’efficacité d’un gel topique avec 0,07% d’adénosylcobalamine, l'une des formes actives de la vitamine B12, chez 22 enfants âgés de 2 à 12 ans atteints de dermatite atopique. Pendant huit semaines, les participants ont appliqué le gel deux fois par jour sur les zones touchées. Les résultats montrent une amélioration continue et significative : le score SCORAD est passé de 21,95 au départ à 13,92 (diminution de 36,58%) après quatre semaines, puis à 6,56 après huit semaines (diminution de 70,11%). L’hydratation cutanée a quant à elle presque triplé, tandis que la perte en eau a nettement diminué.

Néanmoins, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. L’étude ne comportait pas de groupe contrôle utilisant la même base hydratante sans vitamine B12, ce qui ne permet pas d’isoler formellement l’effet de la vitamine B12 elle-même.

La vitamine B12 joue un rôle dans la pigmentation de la peau. Plusieurs travaux montrent qu’une carence en vitamine B12 s’accompagne fréquemment d’une hyperpigmentation, liée à une stimulation excessive de la mélanogenèse. Une étude récente a reproduit en laboratoire un état de déficience en B12 en exposant des mélanocytes à un antagoniste spécifique de la vitamine B12. Ces cellules présentaient alors une augmentation marquée de la production de mélanine et de l’activité de la tyrosinase, de l'ordre de 130%. Cette suractivation était accompagnée d’un stress oxydatif important, qui perturbe l’homéostasie des mélanocytes.

La correction d’un déficit en vitamine B12 peut permettre d’atténuer l’hyperpigmentation lorsqu’elle en est la cause.

Un cas clinique l’illustre bien : un homme de 49 ans présentait une hyperpigmentation marquée de la peau et des muqueuses due à une malabsorption consécutive à une gastrectomie. Les analyses montraient une forte carence en vitamine B12, et les examens histologiques révélaient une accumulation de mélanine dans la couche basale, ainsi qu’un grand nombre de mélanosomes dans les mélanocytes et les kératinocytes, confirmant une surproduction du pigment. Après un mois de supplémentation quotidienne en vitamine B12 (0,5 mg/jour par injection), le taux sanguin s’est normalisé et l’hyperpigmentation a progressivement régressé.

Ce lien étroit entre taux de vitamine B12 et régulation de la mélanogenèse conduit parfois à supposer que l’application topique de vitamine B12 pourrait, elle aussi, exercer un effet dépigmentant.

L’idée repose sur une logique simple : si une carence augmente la synthèse de mélanine, alors un apport local pourrait, en théorie, contribuer à rééquilibrer l’activité des mélanocytes. Toutefois, il ne s’agit pour l’instant que d’une hypothèse. À ce jour, aucune étude n’a démontré qu’une application topique de vitamine B12 pouvait éclaircir la peau ou réduire l'hyperpigmentation. Les données disponibles concernent uniquement la supplémentation systémique en cas de déficit avéré. Il serait néanmoins intéressant que des études cliniques se penchent sur le sujet.

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