Comment protéger sa peau de la pollution ?

Comment protéger sa peau de la pollution ?

Outre la forte corrélation avec les maladies cardiovasculaires et respiratoires, il est apparu récemment que l'exposition aux polluants atmosphériques est également impliquée dans le développement/l'exacerbation de divers problèmes cutanés, notamment le vieillissement prématuré, le psoriasis, l'acné et l'eczéma. Conscient de l'impact négatif des divers polluants environnementaux sur la peau, il est devenu important de la protéger contre ces dommages par l'utilisation de soins adéquates. Voici différentes approches pour protéger sa peau de l'attaque de ces polluants.

Thèmes :

Exposition à la pollution de l'air : des dommages causés au niveau de la peau ?

Il est reconnu depuis longtemps que les expositions environnementales affectent la santé de la peau. Le rayonnement UV est le risque environnemental le plus étudié et ses conséquences sur la peau sont bien établies. La pollution de l'air ambiant est un autre agresseur environnemental potentiellement grave. De nombreuses études in vivo et in vitro révèlent que la pollution de l'air, tant ambiant (extérieur) que domestique (intérieur), est directement attribuable à l'émergence d'un large éventail de troubles dermatologiques, tels qu'une sécheresse cutanée, une peau sensibilisée, une perte de fermeté, des taches brunes, un teint terne, des rides et ridules, une aggravation de l'acné et de l'inflammation.

Sur la base des données actuelles, quatre mécanismes potentiels peuvent expliquer la manière dont les divers polluants (particules, oxydes d'azote, oxydes de soufre, ozone et hydrocarbures polyaromatiques) peuvent endommager la peau : la génération de radicaux libres (stress oxydatif), l'induction d'une cascade inflammatoire et la perturbation de la barrière cutanée, l'activation du récepteur des hydrocarbures aryliques (AhR) retrouvés sur plusieurs types de cellule (kératinocytes, mélanocytes, fibroblastes, cellules de Langerhans) et l'altération de la microflore cutanée. En outre, en raison du développement de l'industrialisation et de l'utilisation des transports, les effets de la pollution de l'air sur la santé humaine ont augmenté de façon logarithmique ces dernières années. On estime que neuf personnes sur dix sont exposées chaque jour à un air pollué.

Stratégie n°1 : L'utilisation de produits nettoyants ou exfoliants.

La première approche consiste à évacuer les polluants déposés ou pénétrés afin de prévenir ou d'atténuer leur impact sur la peau. L'utilisation de nettoyant, d'exfoliant ou de masque peut contribuer à réduire cette charge de particules sur la peau, une action notamment conférée par la présence de tensioactifs dans la formulation. Par contre, l'agent tensioactif choisi ne doit pas être agressif pour la peau, au risque que cela entraîne une augmentation de la pénétration des polluants dans les pores de la peau. En outre, de par leur propriété adsorbante, certains ingrédients actifs sont ajoutés dans les produits lavants pour aider à éliminer les impuretés accumulées.

Des exemples d'ingrédients actifs ?

  • Le charbon actif (INCI : Charcoal Powder) est une matière hydrophobe connue pour son pouvoir adsorbant élevé, un processus qui repose sur les forces d'attraction intermoléculaires. En effet, il est capable de retenir et de fixer certaines substances sur sa surface. Cette capacité d'adsorption est principalement due à son réseau de pores et à sa grande surface spécifique.

  • Qu'elle soit rouge, jaune, blanche, verte... l'argile (INCI : Kaolin/Illite/Montmorillonite) a une capacité naturelle d'adsorption. Lorsqu'elle est appliquée sur la peau, elle agit comme un "aimant" en attirant et captant à leur surface les polluants environnementaux incrustés dans les pores par interaction électrostatique.

Note : Sur-nettoyer sa peau n'est pas la solution. Bien au contraire, un lavage excessif peut endommager davatage la propriété protectrice naturelle de la peau et constituer une porte d'entrée aux polluants.

Stratégie n°2 : L'application topique d'antioxydants afin de reconstituer les réserves.

Les polluants environnementaux peuvent induire un stress oxydatif et produire des radicaux libres, qui peuvent endommager les protéines, l'ADN et les membranes cellulaires. Ce phénomène se traduit par des rides et ridules, des rougeurs, une déshydratation et une perte de volume. Cependant, l'utilisation d'antioxydants et d'agents chélateurs de métaux dans la formulation des soins peut constituer une autre stratégie pour contrer ou prévenir ces effets néfastes induits.

Dans une étude, des chercheurs ont évalué les effets protecteurs d'un mélange d'antioxydants (15% d'acide L-ascorbique + 1% d'α-tocophérol + 0,5% d'acide férulique) contre les dommages causés par le stress oxydatif induit par l'ozone dans les kératinocytes humains. Les résultats ont montré que ce soin protège les cellules de la cytotoxicité induite par l'ozone, et diminue la formation de lipides peroxydés et d'espèces réactives de l'oxygène (ERO). En plus, une activation de Nrf2 et une régulation de la voie de signalisation NF-κB ont été observées.

Voici une sélection variée d'actifs qui ont montré leurs effets protecteurs :

  • L'acide férulique est le dérivé de l'acide cinnamique le plus courant, qui a une activité antioxydante et un rôle protecteur pour les principales structures de la peau (kératinocytes, fibroblastes, collagène, élastine). Il s'agit d'un piégeur de radicaux libres par transfert d'électron et d'hydrogène, mais aussi un inhibiteur des enzymes qui catalysent la génération de radicaux libres et un amplificateur de l'activité des enzymes antioxydantes.

  • L'acide phytique est un inositol hexaphosphate végétal naturel qui constitue 1 à 5% de la plupart des céréales, des fruits à coque, des légumineuses, des graines oléagineuses, du pollen et des spores. C'est un puissant inhibiteur de la formation de radicaux hydroxyles induits par le fer, car il peut former un chélate de fer unique qui devient catalytiquement inactif. L'acide phytique peut aussi inhiber efficacement la peroxydation des lipides.

  • Les caroténoïdes, comme le β-carotène, la lutéine, la zéaxanthine ou encore l'astaxanthine, font également partie du système de défense cellulaire contre les radicaux libres. En effet, ils sont capables de fixer les radicaux peroxyles (ROO°) afin de les stabiliser grâce à leur système de doubles liaisons conjuguées, inhibant ainsi la propagation des oxydations en chaîne.

  • Les composés phénoliques (polyphénols), dérivés de différentes plantes, atténuent le stress oxydatif cellulaire induit par les polluants. Leur pouvoir antioxydant est attribué à leur capacité à piéger les radicaux libres en les transformant en composés plus stables par don d'électron ou d'atome hydrogène conférée par leur structure aromatique, à chélater les ions métalliques, à réduire leur production par inhibition de l'activité des enzymes d'oxydation (xanthine oxydase, peroxyde oxydase, lipoxygénase, etc.) et à renforcer la capacité antioxydante cellulaire. Parmi les composés phénoliques les plus utilisés figurent la quercétine présente par exemple dans les oignons rouges et les câpres, le resvératrol trouvé principalement dans le raisin et la renouée du Japon, et les curcuminoïdes contenus dans le gingembre et le curcuma.

  • L'extrait de ginseng (INCI : Panax Ginseng Root Extract) contient des niveaux élevés de ginsénosides (environ 30%), ce qui lui confère une forte capacité antioxydante. Ils neutraliseraient jusqu'à 80% des radicaux libres, protégeant les membranes cellulaires et aidant la peau à se défendre contre la pollution et d'autres agressions environnementales

  • La niacinamide est une vitamine hydrosoluble avec des effets antioxydants et qui aide à réparer l'ADN endommagé. Une étude a révélé que la niacinamide a des propriétés inhibitrices sur la génération d'ERO induite par les PM2,5, ainsi que l'empêchement de l'oxydation des molécules, telles que les lipides, les protéines et l'ADN, induite par les PM2,5.

  • Les phytostérols (stérols végétaux) sont retrouvés dans diverses huiles dérivées des graines, des racines, des tiges, des feuilles et des fruits des plantes. Ils se sont révélés utiles pour réduire la production d'ERO, les réponses inflammatoires et les dommages cellulaires causés par les particules. Par exemple, le fucostérol, un stérol qui peut être isolé à partir d'algues, augmente l'expression des enzymes antioxydantes et parvient à réguler les voies de signalisation NF-kB et MAPK, réduisant ainsi les niveaux de cytokines pro-inflammatoires.

  • La vitamine C (INCI : Ascorbic Acid) est une vitamine hydrosoluble qui vise à limiter les dégâts cellulaires en agissant comme un agent réducteur. Instable, des formes synthétiques de la vitamine C peuvent être utilisées, comme le palmitate d'ascorbyle (INCI : Ascorbyl Palmitate), le phosphate d'ascorbyle de sodium (INCI : Sodium Ascorbyl Phosphate), le glucoside d'ascorbyle (INCI : Ascorbyl Glucoside) et l'ascorbate de tétrahexyldécyle (INCI : Tetrahexyldecyl Ascorbate).

  • La vitamine E (INCI : Tocopherol) est un terme recouvrant un ensemble de huit molécules organiques : quatre tocophérols et quatre tocotriénols. Seul l'α-tocophérol répond aux besoins humains en vitamine E. Il est capable de capter et de stabiliser les radicaux peroxyles produits durant la peroxydation lipidique, ce qui conduit à la formation d'une espèce neutre, réduisant ainsi leur nocivité.

Stratégie n°3 : L'utilisation d'émollients pour renforcer la structure et la fonction de la barrière protectrice de la peau.

Une peau bien hydratée et avec une barrière cutanée renforcée est mieux préparée pour faire face à la pollution. Les émollients aident à améliorer la fonction de barrière de la peau afin de réduire la pénétration cutanée des polluants, en formant une couche protectrice physique. De plus, en utiliser permet de réduire l'adhérence des particules de pollution à la surface de la peau. En effet, les émollients vont créer une surface lisse, ce qui rend plus difficile pour les particules de se fixer et de s'accumuler sur l'épiderme.

Des exemples d'ingrédients actifs ?

  • L'acide polyglutamique aide à renforcer la barrière cutanée, essentiel pour prévenir la pénétration des substances nocives dans la peau, réduisant ainsi les dommages potentiels. En effet, ce biopolymère forme un film microscopique (microgel) à la surface de l'épiderme, améliorant ainsi l'imperméabilité de la barrière cutanée.

  • Les céramides constituent une partie importante de la structure des lipides intercellulaires de la peau, formant une barrière protectrice contre les agressions extérieures, y compris la pollution. Ils aident à maintenir l'intégrité de la barrière cutanée en remplissant les espaces entre les cellules de la couche cornée, créant une structure solide et cohésive. Une barrière cutanée renforcée permet de limiter la pénétration des particules de pollution et d'autres substances nocives dans la peau.

  • L'extrait de trémelle (INCI : Tremella Fuciformis (Mushroom) Extract), riche en polysaccharides, possède des propriétés d'hydratation intense et de formation d'un film léger à la surface de la peau. Il la protège ainsi de la pollution et fournit un effet hydratant supérieur.

  • Comme une seconde peau, l'extrait d'algue rouge (INCI : Carrageenan, Maris Salt (Sea Salt)) développe un film semblable à un bouclier pour protéger la peau des agressions environnementales, en raison de sa forte teneur en carraghénane. Elle fournit ainsi une hydratation immédiate et un toucher doux. Par ailleurs, l'extrait d'algue rouge a la capacité de stimuler la synthèse naturelle de céramides, des lipides organisés en lamelles denses et structurées qui forment le ciment intercellulaire, renforçant alors l'étanchéité de l'épiderme.

Stratégie n°4 : L'utilisation d'un écran solaire.

Une autre mesure pour accroître la protection de la peau consiste à utiliser un écran solaire large spectre (UVA/UVB) afin d'empêcher les composés photo-réactifs, comme cela a été décrit pour les particules et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de réagir avec les UV. En effet, il existe des preuves que les rayons UV peuvent potentialiser les effets néfastes des polluants sur la peau. En d'autres termes, les risques dermatologiques peuvent être amplifiés par la synergie possible entre la pollution atmosphérique et l'exposition au soleil, en particulier aux UVA.

Stratégie n°5 : Protéger la peau au moyen de soins teintés.

Les soins teintés peuvent également offrir une certaine forme de protection contre la pollution. Appliqué sur la peau, ils constituent une barrière physique entre la peau et l'environnement extérieur de par la présence de pigments dans la formule, et peuvent ainsi aider à réduire le contact direct des substances polluantes sur la peau et prévenir leur accumulation, limitant alors leur impact. Une application uniforme et une couche suffisamment épaisse permettront d'optimiser la formation de cette barrière protectrice.

Stratégie n°6 : Supplémentation alimentaire en composés phénoliques.

Si l'impact cutané de la pollution se produit à la fois par des interactions de surface et par la contamination des couches plus profondes de la peau depuis l'intérieur, les stratégies de prévention devraient combiner des produits capables de protéger à ces deux niveaux. Ainsi, la supplémentation alimentaire peut également s'avérer intéressante. Une étude a montré que la prise de β-carotène par voie orale pendant un mois a permis de protéger la peau de souris glabres contre une exposition chronique à l'ozone (0,8 ppm 6 h/jour pendant 7 jours).

Stratégie n°7 : Avoir un purificateur d'air à la maison.

Contrairement aux idées reçues, l'air intérieur est plus pollué que l'air extérieur. Les purificateurs d'air peuvent ainsi être utiles, car ils permettent de piéger les particules en suspension dans l'air ambiant (particules fines, allergènes, polluants chimiques, etc.), et donc limiter l'impact sur la peau. Son fonctionnement dépend du système de filtration.

  • Filtration mécanique : La plupart des purificateurs d'air utilisent ce système de filtration, qui consiste à piéger les particules en suspension dans l'air à l'aide d'un filtre (pollens, allergènes). Les filtres les plus couramment utilisés sont les filtres HEPA (High-Efficiency Particulate Air). Ils sont conçus pour capturer les particules de petite taille. En fait, l'air est aspiré puis passe à travers le filtre HEPA et les particules sont ainsi retenues, permettant à l'air purifié de retourner dans la pièce.

  • Filtration à charbon actif : Certains purificateurs d'air utilisent également des filtres à charbon actif en combinaison avec les filtres HEPA. Le charbon actif est un matériau poreux qui a la capacité d'adsorber les gaz et les produits chimiques présents dans l'air, y compris les composés organiques volatils (COV) et les produits chimiques toxiques.

  • Ionisation (photocatalyse) : Certains purificateurs d'air utilisent la technologie de l'ionisation pour éliminer les contaminants de l'air. Ils émettent des ions négatifs (anions) dans l'air, qui se lient aux particules en suspension, les rendant plus "lourdes". Cela permet aux particules de les attirer vers le sol et de ne plus être en suspension, facilitant ainsi leur élimination lors du nettoyage.

Sources

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  • HYUN J. W. & al. Niacinamide protects skin cells from oxidative stress induced by particulate matter. Biomolecules & Therapeutics (2019).

  • LEE J. H. & al. Anti-pollution skincare: Research on effective ways to protect skin from particulate matter. Dermatologic Therapy (2021).

  • LI L. & al. Natural compounds protect the skin from airborne particulate matter by attenuating oxidative stress. Biomedicine & Pharmacotherapy (2021).

  • STEFANA D. & al. How to prevent skin damage from air pollution. Part 2: Current treatment options. Dermatologic Therapy (2021).

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