Se protéger du soleil est un réflexe essentiel à avoir, mais toutes les crèmes solaires ne se valent pas. Certains ingrédients controversés soulèvent des questions, tant pour notre santé que pour l’environnement. Quels ingrédients faut-il surveiller dans les produits de protection solaire ? Poursuivez votre lecture pour faire un choix éclairé et serein.

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Crème solaire : quels sont les ingrédients à éviter ?
- Ingrédient à éviter n°1 : certains filtres UV controversés
- Ingrédient à éviter n°2 : les parfums
- Ingrédient à éviter n°3 : les nanoparticules
- Ingrédient à éviter n°4 : les huiles essentielles ?
- Sources
Ingrédient à éviter n°1 : certains filtres UV controversés.
Les filtres UV sont les piliers des crèmes solaires : sans eux, les produits ne pourraient pas protéger la peau du soleil et de ses dangers (photovieillissement, coups de soleil, hyperpigmentation, cancers cutanés...). Il existe deux grandes catégories de filtres solaires : les filtres minéraux (ou physiques), comme le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc, et les filtres organiques (ou chimiques). Ce sont principalement ces derniers qui font l’objet de controverses, en raison de leur potentiel effet sur la santé humaine et l’environnement.
Parmi les filtres UV les plus contestés, on trouve l’oxybenzone (INCI : Benzophenone-3), l’octocrylène, l’homosalate ou encore l’octinoxate (INCI : Ethylhexyl Methoxycinnamate). Ces molécules sont notamment accusées de traverser la barrière cutanée et d'atteindre la circulation sanguine. Certaines études ont suggéré des effets perturbateurs endocriniens possibles, c’est-à-dire une interférence avec le système hormonal, même si les données restent encore sujettes à débat. Des études menées sur des rats ont par exemple montré que l'octocrylène pouvait affecter le métabolisme des hormones thyroïdiennes. L'octinoxate pourrait quant à lui altérer le système reproducteur et réduire le nombre de spermatozoïdes disponibles, toujours d'après des travaux menés sur des rongeurs. Il est toutefois difficile de tirer des conclusions solides pour les Hommes, ces résultats n'étant pas systématiquement transposables et les concentrations étudiées étant plus importantes que celles présentes dans les crèmes solaires.
En plus de ces inquiétudes pour la santé, l’impact environnemental des filtres chimiques alimente les discussions. Plusieurs travaux suggèrent que certains filtres UV, comme l'octocrylène, l'octinoxate, l'oxybenzone et l'enzacamène (INCI : 4-Methylbenzylidene Camphor), peuvent perturber la faune marine et contribuer au phénomène de blanchiment des coraux. C'est pourquoi certaines régions du monde, comme Hawaï, ont interdit leur utilisation. À noter que ce risque concerne aussi les nanoparticules d'oxyde de zinc, qui pourraient altérer la symbiose entre les coraux et les zooxanthelles, les algues unicellulaires essentielles à leur survie.
Les critiques formulées contre ces filtres UV ne signifient pas pour autant qu'ils sont interdits car les données scientifiques actuellement disponibles ne sont pas suffisantes pour conclure quant à leur dangerosité. Néanmoins, par principe de précaution, chez Typology, nous excluons les filtres solaires controversés, que ce soit pour leurs effets sur la santé ou l'environnement.
Ingrédient à éviter n°2 : les parfums.
Il n'est pas rare pour les crèmes solaires de contenir des parfums pour améliorer l'expérience sensorielle et masquer l'odeur parfois désagréable de certains filtres UV. Pourtant, ils figurent parmi les principales causes d’allergies dans les produits cosmétiques, y compris dans les soins solaires. Ces réactions se manifestent souvent par des rougeurs, parfois accompagnées de gonflements, de démangeaisons et de vésicules. Certaines molécules parfumantes peuvent aussi provoquer des photodermatites, également appelées allergies de photocontact. Cela arrive lorsque la substance appliquée sur la peau réagit sous l’effet des rayons UV, entraînant une réaction de la peau. Il peut sembler surprenant de retrouver de tels composés dans des produits solaires, mais leur présence s’explique par leur rôle parfumant, et parce que toutes les peaux n’y sont pas sensibles.
Une étude clinique intéressante a illustré ce risque : 24 étudiants ont participé à un phototest utilisant du 6-méthylcoumarine (6-MC), un composé parfumant fréquemment intégré en formulation cosmétique. Après une occlusion de six heures sur différentes zones de peau avec des solutions contenant respectivement 5% de 6-MC, 1% et 0,1%, les volontaires ont été exposés à la dose érythémateuse minimale (MED). La MED correspond à la plus faible dose d’UV nécessaire pour provoquer un érythème, c’est-à-dire un rougissement de la peau. Les résultats ont montré que, même à 1% de concentration, la 6-MC pouvait induire une réaction vésiculeuse prurigineuse, tandis qu’à 0,1% les volontaires ont présenté des rougeurs et un œdème modéré. Aucun effet n’a été observé dans les zones témoins non traitées, ce qui confirme la capacité de certains parfums à sensibiliser la peau et à déclencher des allergies de photocontact.
Notre conseil : Si vous avez la peau sensible, nous vous recommandons d'opter pour une crème solaire sans parfum. Quelle que soit votre typologie de peau, il est également bon de tester votre produit au creux du coude lors de la première utilisation avant de l'utiliser sur l'ensemble de votre visage ou de votre corps.
Ingrédient à éviter n°3 : les nanoparticules.
Comme mentionné précédemment, les filtres solaires minéraux, c'est-à-dire l'oxyde de zinc et le dioxyde de titane, peuvent se présenter sous forme de nanoparticules. L'intérêt des nanoparticules réside dans leur capacité à offrir une protection UV plus homogène et transparente, sans l’effet blanchissant souvent reproché aux filtres minéraux possédant une taille microscopique. Toutefois, cela n'est pas sans inconvénients, les nanoparticules étant souvent accusées de pouvoir traverser la barrière cutanée et de rejoindre la circulation sanguine. Une étude menée en 2015 s'est intéressée au dioxyde de titane sous forme nanométrique. Les résultats ont montré que, sur une peau saine, les nanoparticules restent à la surface de l'épiderme. Néanmoins, lorsque la barrière cutanée est altérée, comme après un coup de soleil par exemple, ou que la peau était atopique, les nanoparticules semblent en mesure de traverser l'épiderme et de s'accumuler dans le derme, soulevant au passage la question de leur toxicité locale et systémique.
Les nanoparticules posent également un problème écologique. Lorsqu’elles sont rincées sous la douche ou emportées en mer, elles se dispersent dans les écosystèmes aquatiques et certaines études ont montré qu'elles avaient un impact néfaste sur le phytoplancton, qui est pourtant un maillon fondamental de la chaîne alimentaire marine. Leur accumulation pourrait déséquilibrer les écosystèmes, affectant indirectement la biodiversité et la santé des océans. De plus, comme précisé plus haut, des travaux ont mis en évidence que les nanoparticules d'oxyde de zinc peuvent contribuer au blanchiment des coraux.
Pour éviter les nanoparticules, vérifiez la liste INCI : la mention "[nano]" y est obligatoire. Chez Typology, nous excluons les filtres solaires sous forme nanométrique.
Ingrédient à éviter n°4 : les huiles essentielles ?
Certaines crèmes solaires contiennent parfois des huiles essentielles qui apportent un parfum naturel à la formule. Cependant, ces huiles ne sont pas toujours compatibles avec une exposition au soleil, car elles peuvent rendre la peau plus sensible aux rayons UV. C’est notamment le cas des huiles essentielles d’agrumes, comme la bergamote, le citron, l’orange douce ou le pamplemousse, qui renferment des furocoumarines. Appliquer ces huiles juste avant une exposition solaire peut provoquer des rougeurs, voire des brûlures, autrement dit des réactions cutanées de type photodermatites. Cette vision est toutefois à nuancer. Une étude récente a évalué par spectrophotométrie le facteur de protection solaire (FPS) de neuf huiles essentielle. Les FPS mesurés variaient de 1,2 à 36,4, avec une moyenne autour de 11,1.
Huile essentielle | FPS mesuré |
---|---|
Huile essentielle de jasmin | 36,4 |
Huile essentielle de lilas | 24,4 |
Huile essentielle de gardénia | 15,3 |
Huile essentielle d'Ylang-Ylang | 7,6 |
Huile essentielle de magnolia | 6,6 |
Huile essentielle de camomille | 4,2 |
Huile essentielle de sauge sclarée | 2,5 |
Huile essentielle de lavande vraie | 1,5 |
Huile essentielle de rose | 1,2 |
N’appliquez jamais de l’huile essentielle de jasmin pure sur votre peau en pensant bénéficier d’un FPS 30+ : les huiles essentielles doivent toujours être diluées avec précaution car elles peuvent irriter la peau. Ces résultats montrent simplement qu'il peut être intéressant pour un formulateur d'incorporer une huile essentielle photoprotectrice dans une crème solaire.
Les chercheurs sont allés plus loin : après avoir mesuré le FPS des huiles essentielles seules, ils ont évalué l’effet de leur ajout dans une crème solaire. Ils ont ainsi testé une formule témoin sans huile essentielle, puis la même crème enrichie à 0,3%, 0,6% et 0,9% d’huile de jasmin, et de la même manière avec l’huile de lilas. Les résultats, présentés ci-dessous, montrent que l’ajout de moins de 1% d’huile essentielle augmente significativement le FPS, de façon dose-dépendante.

Même si certaines huiles essentielles sont intéressantes dans les crèmes solaires, il est fortement déconseillé d’en ajouter à une formule déjà prête : cela peut compromettre la stabilité et l’efficacité photoprotectrice du produit.
Sources
KLIGMAN A. M. & al. Photocontact allergy to 6-methylcoumarin. Contact Dermatitis (1978).
CROSERA M. & al. Nanoparticles skin absorption: New aspects for a safety profile evaluation. Regulatory Toxicology and Pharmacology (2015).
ZHONGHUA C. et al. TiO2 nanoparticles in the marine environment : Physical effects responsible for the toxicity on algae Phaeodactylum tricornutum. Science of the Total Environment (2016).
SUH S. & al. The banned sunscreen ingredients and their impact on human health: a systematic review. International Journal of Dermatology (2020).
HUTCHISON J. E. & al. Zinc oxide‑induced changes to sunscreen ingredient efficacy and toxicity under UV irradiation. Photochemical & Photobiological Sciences (2021).
KEARNS G. & al. Sunscreens: potential hazards to environmental and human health. Frontiers in Marine Science (2024).
ZITO P. M. & al. Sunscreens and photoprotection. StatPearls (2025).
HUMAIRA N. & al. Evaluation of sun protection factor (SPF) value of essential oils and its application in sunscreen cream. IOP Conference Series: Earth and Environmental Science (2025).
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