Qu'est-ce-qui provoque l'apparition de boutons ?

Qu'il s'agisse de comédons ouverts ou fermés, de papules ou de pustules, la formation de boutons est bien souvent étroitement liée aux follicules pilo-sébacés, les annexes cutanées où les poils prennent naissance. Ces follicules pileux sont rattachés à une glande sébacée, préposée à la production de sébum. Les follicules pilo-sébacés sont principalement retrouvés dans les zones sujettes à l'acné, telles que le front, le nez, les joues, le menton, la poitrine et le dos. La formation des boutons fait intervenir plusieurs processus biologiques, agissant parfois en synergie.

• Une augmentation de la production de sébum : Le premier facteur responsable de l'apparition de boutons est l'hyperséborrhée, c'est-à-dire une forte production de sébum par les glandes sébacées. En effet, même si cela n'est pas systématique, les personnes sujettes aux imperfections ont bien souvent une peau mixte ou grasse. Cette suractivité des glandes sébacées provoque une accumulation de sébum dans le canal pileux, occasionnant au passage son obstruction et la dilatation des pores de la peau. Face à cette occlusion, un bouchon se forme et une imperfection apparaît.

• Une accumulation de cellules mortes : L'obstruction des follicules pileux peut aussi être provoquée ou aggravée par un dysfonctionnement dans le renouvellement des kératinocytes, les cellules de l'épiderme. Lorsque ce dernier est altéré, les cellules mortes s'accumulent à la surface de la peau et peuvent se mélanger avec le sébum. Ce phénomène peut participer à boucher les pores et à former des boutons.

• Une colonisation bactérienne : Enfin, la multiplication de Cutibacterium acnes, une bactérie naturellement présente sur la peau, peut accentuer l'apparition de boutons. En se nourrissant des triglycérides du sébum, ce micro-organisme libère des acides gras libres qui irritent les parois folliculaires et déclenchent une réaction inflammatoire. Cette présence excessive de Cutibacterium acnes est souvent corrélée à la formation de boutons inflammatoires de type papules ou pustules.

Les mécanismes de formation des boutons vus précédemment ne s'activent pas seuls mais découlent de différentes causes, décryptées ci-dessous.

• L'hérédité.

  Nous ne sommes pas tous égaux en ce qui concerne les boutons et certaines personnes y sont naturellement plus sujettes que d'autres. Les prédispositions génétiques individuelles influent notamment sur l'apparition des imperfections en jouant un rôle crucial dans la régulation de la production de sébum. En effet, certains individus héritent de gènes qui augmentent l'activité des glandes sébacées ou accroissent la sensibilité aux hormones androgènes, stimulant la production de sébum. Ces prédispositions familiales se manifestent par une plus grande probabilité de voir les pores se boucher, l'un des facteurs clés de la formation des boutons. La génétique influence également le microbiote cutané et la réponse immunitaire individuelle. Cela peut notamment se traduire par des inflammations plus ou moins prononcées en réponse aux acides gras libres générés par la bactérie C. acnes.

  Plusieurs études se sont intéressées au lien existant entre la génétique et l'acné. L'une d'elles, menée en 2006 avec 151 patients, a montré que 54% d'entre eux avaient des antécédents familiaux. Bien que faible, cette différence a été jugée significative par les auteurs. Cette hypothèse d'une composante génétique dans l'acné a été vérifiée en 2014 au cours d'une autre étude. Celle-ci a fait intervenir 221 patients et a mis en évidence des antécédents familiaux d'acné chez 70,1% d'entre eux. Une composante familiale semble ainsi entrer en jeu dans la formation des boutons.

• Des changements hormonaux.

  Autre cause fréquente de boutons : les variations hormonales. En effet, un surplus d'hormones androgènes dans le sang, principalement de testostérone et de dihydroxytestostérone (DHT), stimule l'activité des glandes sébacées, créant alors un déséquilibre cutané propice au développement de C. acnes. C'est notamment ce qui se passe à l'adolescence, où la quantité d'hormones sécrétées augmente considérablement, ce qui mène fréquemment à des problèmes d'acné. La puberté n'est toutefois pas la seule période de la vie propice aux changements hormonaux et aux boutons, qui peuvent apparaître plus tard. Chez les adultes, les boutons hormonaux concernent majoritairement les femmes, en raison des nombreuses variations hormonales qu'elles rencontrent tout au long de leur vie (cycle menstruel, grossesse, ménopause, pilule contraceptive...).

• Le stress.

  Le stress joue un rôle fondamental dans l'équilibre des hormones, et donc dans l'amplification et la fréquence d'apparition des boutons. En effet, en période de stress, la cortisol est sécrétée en forte quantité. Or, cette hormone a un impact sur la peau en stimulant les glandes surrénales, à l'origine de la production des hormones androgènes qui régulent elles-mêmes la production de sébum par les glandes sébacées. Une étude menée en 2017 dans une faculté de médecine auprès de 144 étudiantes s'est intéressée au lien entre l'acné et le stress et a trouvé une corrélation entre les niveaux de stress de ces étudiantes, mesurés selon une échelle allant de 0 à 30, et la sévérité de leur acné. Le bilan chiffré de cette étude est présenté dans le tableau ci-dessous. Les résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence car il est possible que le stress ressenti par les participantes soit en partie dû à leur acné, et non l'inverse.

• L'alimentation.

  Le régime alimentaire joue lui aussi un rôle dans la survenue des boutons. Plus précisément, les aliments à fort index glycémique, comme le pain blanc, les produits transformés ou les jus de fruits, sont fortement suspectés d'aggraver l'acné. En effet, lorsqu'un aliment à indice glycémique élevé est consommé, la concentration de glucose dans le sang augmente fortement. En réponse, le pancréas stimule la sécrétion d'insuline, qui va à son tour favoriser la libération du facteur de croissance IGF-1. Or, ce dernier augmente les taux d'androgènes dans le sang, intensifiant de ce fait la production de sébum et les risques d'imperfections. Il est également intéressant de noter que la viande et les produits laitiers, malgré leur indice glycémique bas, possèdent de puissantes propriétés de stimulation de l'insuline. Ils sont également susceptibles de jouer un rôle dans la formation de boutons.

• Certains produits cosmétiques.

  Enfin, dans certains cas, les boutons peuvent être dus à certains produits cosmétiques. On parle alors d'acné cosmétique. Le plus souvent, ce type d'imperfections prend la forme de petites bosses sur la peau ou de comédons fermés. Les produits susceptibles de provoquer une acné cosmétique sont qualifiés de comédogènes. Ils sont généralement très occlusifs et peuvent obstruer les pores de la peau. La notion de comédogénicité est particulièrement importante pour les personnes ayant la peau mixte à grasse car elles sont souvent sujettes à l'acné cosmétique. À noter que chaque personne réagit différemment : un même produit peut être non-comédogène pour un individu et engendrer des imperfections pour un autre.

Remarque : Contrairement à une idée reçue assez répandue, les boutons ne sont pas le signe d'un manque d'hygiène.

Quelle que soit la cause de vos boutons, si ceux-ci vous complexent, il est important de demander conseil à un dermatologue afin que celui-ci puisse vous orienter vers un traitement adapté à votre situation.

• SHAW J. C. Hormonal therapies in acne. Expert Opinion on Pharmacotherapy (2002).

• HANCOX J. & al. Diagnosis and Treatment of Acne. American Family Physician (2004).

• DINARDO J. C. & al. A re-evaluation of the comedogenicity concept. Journal of the American Academy of Dermatology (2006).

• DRENO B. & al. Heredity: A Prognostic Factor for Acne. Dermatology (2006).

• TAHIR M. & al. Pathogenesis of acne vulgaris: simplified. Journal of Pakistan Association of Dermatologists (2010).

• TANGHETTI E. & al. The Role of Inflammation in the Pathology of Acne. Journal of Clinical and Aesthetic Dermatology (2013).

• MANGI R. & al. A Brief Review on Acne Vulgaris: Pathogenesis, Diagnosis and Treatment. Research and Reviews: Journal of Pharmacology (2014).

• JOONG KIM K. & al. Heredity of acne in Korean patients. The Journal of dermatology (2014).

• CHEN W. & al. Sex hormones and acne. Clinics in Dermatology (2017).

• ALRAHMANI D. & al. The association between stress and acne among female medical students in Jeddah, Saudi Arabia. Clinical, Cosmetic and Investigational Dermatology (2017).

• POTENZA C. & al. Adult Acne Versus Adolescent Acne. Journal of Clinical and Aesthetic Dermatology (2018).

• DIANZANI C. & al. Acne and diet: a review. International Journal of Dermatology (2021).