Définition dysséborrhée.

Qu'est-ce que la dysséborrhée ?

On parle souvent d'hyperséborrhée pour évoquer l’excès de sébum, mais plus rarement de dysséborrhée. Désignant littéralement un sébum de mauvaise qualité, la dysséborrhée peut elle aussi avoir des conséquences néfastes et visibles pour la peau. Définitions, causes, solutions... Poursuivez votre lecture pour découvrir tout ce qu'il y a à savoir sur la dysséborrhée.

Dysséborrhée, de quoi parle-t-on ?

Définitions :

  • Hyperséborrhée = surproduction de sébum

  • Dysséborrhée = production d'un sébum de mauvaise qualité

La dysséborrhée désigne une altération qualitative du sébum, cette substance lipidique produite par les glandes sébacées et essentielle au maintien de l'hydratation et de la protection de la peau. Contrairement à une simple surproduction ou à un déficit de sébum, la dysséborrhée concerne surtout sa composition : les proportions en triglycérides, en esters de cire, en squalène et en acides gras libres sont déséquilibrées. Cela modifie la fluidité du sébum et le rend plus épais et plus gras. De même que l'hyperséborrhée, la dysséborrhée peut provoquer l'apparition d'imperfections, voire d'acné.

En effet, un sébum plus gras et plus épais circule moins facilement à la surface de la peau, ce qui favorise son accumulation à l’intérieur des pores. Ce phénomène peut conduire à leur obstruction, créant un environnement propice à la prolifération de certaines bactéries, comme Cutibacterium acnes, impliquées dans le développement de comédons et de lésions inflammatoires. La dysséborrhée peut toucher toutes les typologies de peau, même si elle est plus fréquemment observée chez les peaux grasses. Contrairement à l’hyperséborrhée, elle ne s’accompagne pas forcément d’une brillance marquée. On la reconnaît plutôt à une dilatation des pores, une texture de peau plus irrégulière et une légère rugosité au toucher.

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Quelles sont les causes de la dysséborrhée ?

La dysséborrhée est directement liée à une modification qualitative du sébum. En moyenne, chez un adulte ne présentant pas de problème de peau, le sébum est normalement constitué de 57,5% de triglycérides, de 26% d'esters de cire, de 12% de squalène, de 3% d'esters de cholestérol, de 1,5% de cholestérol et d'une très faible quantité de vitamine E. Or, bien que présente en faible concentration, cette dernière joue un rôle majeur pour préserver l'équilibre du sébum. En effet, la vitamine E est un antioxydant qui protège les lipides du sébum du stress oxydatif, notamment induit par les rayons UV, la pollution ou certaines réactions métaboliques internes.

Les personnes souffrant de dysséborrhée présentent un sébum appauvri en vitamine E.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la vitamine E est parfois qualifiée de marqueur de la sévérité de l'acné. En effet, sa concentration plasmatique est plus faible chez les personnes atteintes de cette dermatose intimement liée à la dysséborrhée. Une étude menée par KALKAN et son équipe en 2013 a évalué la concentration plasmatique de vitamine E chez 94 patients acnéiques et 46 individus sains. Cette dernière était en moyenne de 7,88 mg/L ± 3,00 chez les premiers, contre 11,06 mg/L ± 3,08 chez les seconds.

Lorsque les taux de vitamine E sont bas, les composants du sébum sont moins bien protégés face à la peroxydation lipidique, notamment le squalène. Ce dernier est facilement oxydable en peroxyde de squalène en raison des nombreuses doubles liaisons présentes dans sa structure chimique. Or, lorsque le squalène est oxydé, il se transforme en peroxyde de squalène, un composé comédogène principalement à l'origine de la texture grasse du sébum observée en cas de dysséborrhée.

Structure chimique du squalène (a) et mécanisme de peroxydation lipidique (b).
Structure chimique du squalène (a) et mécanisme de peroxydation lipidique (b).
Source : PERUGINI P. & al. Squalene peroxidation and biophysical parameters in acne-prone skin: A pilot “in vivo” study. Pharmaceuticals (2023).

En outre, le peroxyde de squalène peut induire une réponse inflammatoire des kératinocytes par l’activation de LOX, une enzyme lipoxygénase capable de produire des hydroperoxydes conjugués par oxydation d’acides gras polyinsaturés. Le peroxyde de squalène peut également augmenter la production des cytokines pro-inflammatoires IL-6. Ce composé joue donc un rôle important dans la pathogenèse de l’acné en exerçant une activité pro-inflammatoire sur l’unité pilosébacée.

On comprend ainsi que la dysséborrhée ne se résume pas à une altération qualitative du sébum : elle peut initier un cercle vicieux et contribuer directement au développement de l’acné inflammatoire.

Le déficit en vitamine E observé chez les peaux sujettes à la dysséborrhée peut s’expliquer par un ensemble de facteurs intrinsèques et extrinsèques, à commencer par des prédispositions individuelles et génétiques. Certaines personnes présentent une moindre capacité à incorporer la vitamine E dans le sébum, liée à des variations dans l’activité des transporteurs lipidiques ou des enzymes impliquées dans le métabolisme des tocophérols. D’autres peuvent avoir une rétention moins efficace de cet antioxydant à la surface de la peau, ce qui réduit la durée pendant laquelle il exerce sa fonction protectrice.

À cela s'ajoutent des facteurs environnementaux. Les rayons UV et la pollution atmosphérique sont en effet générateurs de stress oxydatif dans les cellules de la peau, un phénomène qui résulte de la formation de radicaux libres ou d'espèces réactives de l’oxygène produites par l’excitation des molécules de la peau sous l’effet des photons UV ou par l’action des oxydants présents dans l’air pollué. Ces radicaux libres, hautement instables, cherchent à se stabiliser en captant des électrons auprès des lipides, protéines ou acides nucléiques environnants, ce qui initie des réactions en chaîne délétères. Lorsque leur production dépasse les capacités antioxydantes de la peau, et en particulier celles de la vitamine E, l’équilibre est rompu. Les composants du sébum, en particulier le squalène, ne sont alors plus protégés de l'oxydation et la dysséborrhée se met en place.

Que faire en cas de dysséborrhée ?

Face à une dysséborrhée, l'objectif est de restaurer l'équilibre du sébum.

La dysséborrhée peut être assez insidieuse car, contrairement à un excès de sébum bien visible sur le visage, elle se manifeste par une altération de sa qualité, parfois difficile à percevoir. Pour retrouver un sébum plus équilibré et plus fluide, la première étape est d'intégrer des soins antioxydants dans votre routine. En effet, l'utilisation régulière d'un sérum antioxydant à base de vitamine E, de vitamine C ou d'astaxanthine par exemple peut aider à neutraliser les radicaux libres et à protéger les lipides du sébum de l’oxydation, réduisant ainsi la formation de peroxyde de squalène. En parallèle, il est bien sûr indispensable d'appliquer quotidiennement un écran solaire, pour prévenir l'oxydation du squalène par les rayons UV.

Remarque : La dysséborrhée s'accompagnant souvent d'une hyperséborrhée, il peut être pertinent d'utiliser des actifs séborégulateurs, comme la niacinamide, ou matifiants, tels que l'acide azélaïque.

De plus, la dysséborrhée étant liée à un déficit en vitamine E, un réflexe logique serait de commencer une supplémentation orale en vitamine E afin de pallier ce manque. Certaines études cliniques, notamment chez des patients souffrant d’acné, ont montré un effet bénéfique de cette supplémentation. On peut par exemple citer celle réalisée par KIMBERLY et son équipe. Cette dernière a fait intervenir 164 patients divisés en deux groupes : le premier a reçu quotidiennement une capsule contenant 11 UI de vitamine E, 100 mg de lactoferrine et 5 mg de gluconate de zinc, tandis que le second avait un placebo. Après trois mois, une réduction significative du nombre de comédons, de lésions inflammatoires et de la production de sébum a été notée pour les patients du premier groupe. Cela étant, le rôle précis de la vitamine E est impossible à évaluer car les compléments pris par les volontaires renfermaient aussi de la lactoferrine et du gluconate de zinc. Ainsi, malgré ces résultats encourageants, davantage d'études à ce sujet sont encore nécessaires.

Si vous soupçonnez une dysséborrhée ou que vous êtes atteint d'acné, avant d'entamer une supplémentation, nous vous encourageons vivement à consulter un dermatologue pour qu'il puisse évaluer vos besoins et vous prescrire un traitement adapté à votre situation.

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