Vitiligo génital : comment traiter les parties intimes ?

Le vitiligo est une maladie auto-immune chronique caractérisée par la perte progressive des mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation cutanée. Cette disparition entraîne l’apparition de taches blanches dépigmentées sur différentes zones du corps, pouvant varier en taille, en forme et en localisation. Parmi les formes possibles, le vitiligo des parties intimes, ou vitiligo génital, est relativement fréquent mais souvent sous-déclaré, en raison de la gêne qu’il suscite. Il touche les zones génitales, périnéales ou pubiennes, parfois de manière isolée, parfois en association avec d’autres régions corporelles. Bien qu’il ne soit ni douloureux ni contagieux, ce type de vitiligo peut avoir un impact psychologique important, notamment sur la confiance en soi et la vie intime, en raison de la visibilité et de la symbolique de ces zones.

Le vitiligo des parties intimes nécessite une prise en charge particulière, car la peau de cette zone, très sensible, ne tolère pas toujours les mêmes traitements que les autres formes de vitiligo.

Bien que peu d'études aient été menées sur le sujet, certaines techniques semblent efficaces et sans risque pour traiter le vitiligo génital.

• La transplantation de cellules mélanocytaires et kératinocytaires associée à la prednisolone.

  La transplantation de cellules mélanocytaires et kératinocytaires consiste à prélever, sur une zone saine de la peau du patient, des cellules pigmentaires (mélanocytes) et des cellules épidermiques (kératinocytes), puis à les cultiver en laboratoire avant de les réimplanter sur les zones dépigmentées. Ce procédé vise à restaurer la production de mélanine et à repigmenter la peau de manière progressive et naturelle. C’est une technique délicate, généralement réservée aux formes stables de vitiligo, qui peut fonctionner en cas de vitiligo génital.

  Il existe une étude publiée dans le Dermatologic Surgery indiquant un traitement des parties génitales chez trois patients et montrant des résultats positifs. Tout d'abord, un échantillon de biopsie de peau de la taille de la zone receveuse a été prélevé sur la partie latérale supérieure de l'épiderme de la cuisse. Une transplantation de cellules mélanocytaires et kératinocytaires a ensuite été effectuée, mais aucune amélioration n'a été rapportée. Les scientifiques leur ont alors administré un traitement de prednisolone oral pendant deux semaines, avant de procéder à une nouvelle transplantation. La prednisolone fait partie de la famille des corticoïdes, utilisés pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Après l'opération, les patients ont obtenu une repigmentation presque complète.

  La prednisolone associée à une transplantation de cellules mélanocytaires et kératinocytaires semble ainsi être efficace dans le traitement du vitiligo génital, bien que l'on ne puisse déterminer si cette efficacité est due à la transplantation, au médicament lui-même ou à leur combinaison. Les chercheurs recommandent toutefois de faire preuve de prudence lors de son utilisation conjointe avec la transplantation, en attendant qu'un essai clinique contrôlé avec davantage de patients confirme son utilité.

• Le pimécrolimus.

  Les médicaments immunomodulateurs, tels que le pimécrolimus, peuvent être utilisés dans le traitement du vitiligo, bien que les corticostéroïdes locaux s'avèrent souvent plus efficaces. Une étude a mis en évidence l'efficacité de ce traitement chez deux enfants, l'un avec un vitiligo des paupières et des sourcils, et l'autre avec un vitiligo génital. Puisque le traitement par corticostéroïdes locaux n'a pas été accepté par la famille du second patient, celui-ci a appliqué une crème de pimécrolimus à 1%, deux fois par jour pendant trois mois. Suite à cela, le patient a présenté une rémission presque complète de tous ses symptômes. Il s'agit toutefois d'un cas isolé.

• La microgreffe.

  Certains chercheurs affirment que la microgreffe ne convient pas à la muqueuse non kératinisée du gland du pénis et peut conduire à un décalage de texture et de couleur très remarquable. Contrairement à la transplantation qui consiste à appliquer des cellules mélanocytaires et kératinocytaires isolées par biopsie de peau saine sur la peau dépigmentée et qui a l'avantage de fournir un résultat homogène, la micro-greffe consiste à prélever des petits fragments de peau pigmentée et à les appliquer directement sur les zones dépigmentées.

  Pourtant, une étude publiée dans le Journal of Cutaneous Medicine and Surgery indique des résultats significatifs de repigmentation sur les parties intimes de quatre patients atteints de vitiligo génital. Les greffes ont été prélevées sur des zones discrètes du corps, comme les fesses, le pli fessier, la région post-auriculaire et la face latérale de la cuisse. En une semaine, la zone greffée a cicatrisé normalement, présentant initialement des taches sombres qui ont disparu en cinq jours. Une crème hydratante a été appliquée sur la peau cicatrisée les semaines suivant l'opération. La zone donneuse, protégée par un pansement non modifié, a guéri en 10 à 14 jours, elle aussi grâce à l'utilisation d'une crème hydratante.

  Cependant, en raison du nombre limité de patients greffés et du faible nombre d’études menées sur le sujet, il est impossible de conclure à une efficacité significative de la micro-greffe en cas de vitiligo génital.

  Les résultats des différentes études doivent être interprétés avec prudence, car le nombre de patients traités reste limité. Il serait donc essentiel de mener davantage de recherches et d’essais pour approfondir les connaissances sur les traitements les plus adaptés au vitiligo génital.

• ASAAD M. & al. Genital vitiligo treated by autologous, noncultured melanocyte‐keratinocyte cell transplantation. Dermatologic Surgery (2005).

• KATSAMBAS A. & al. Imiquimod-induced vitiligo in a patient with genital warts. Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology (2006).

• ARAGAO CRAVEIRO LEITE. & al. Two therapeutic challenges: Periocular and genital vitiligo in children successfully treated with pimecrolimus cream. Pharmacology and Therapeutics (2007).

• DEVENDRA S. Microskin grafting for stable vitiligo of the penis and vulva: Near total uniform pigmentation. Journal of Cutaneous Medicine and Surgery (2015).

• ALISSA A. & al. Vitiligo-like depigmentation following treatment with imiquimod 5% cream for condylomata acuminata. Case reports in Dermatology (2021)

• PASSERON T. & al. Male genital vitiligo. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (2022).