À quels actifs associer l'acide férulique ?

Il est tout d'abord possible d'associer l'acide férulique à l'extrait d'Ashitaba, une plante médicinale symbole de longévité au Japon. Cette combinaison pourrait notamment être pertinente pour protéger la peau du stress oxydatif et prévenir le vieillissement cutané. En effet, l'acide férulique est un antioxydant bien connu pour sa capacité à neutraliser les radicaux libres et à stabiliser d'autres antioxydants, comme la vitamine C ou la vitamine E. Riche en flavonoïdes, l'extrait d'Ashitaba est quant à lui réputé pour activer certaines voies de réparation cellulaire, notamment par l'induction de l'autophagie, un mécanisme intracellulaire de protection et de recyclage cellulaire qui permet d'éliminer les déchets, les cellules dysfonctionnelles et les cellules mortes pour éviter leur accumulation. L'extrait d'Ashitaba peut également piéger les radicaux libres.

L'acide férulique et l'extrait d'Ashitaba possèdent ainsi des mécanismes d'action complémentaires qui pourraient être pertinents pour ralentir l'installation des signes de l'âge. Il reste toutefois difficile d'affirmer qu'ils agissent en synergie. En effet, à ce jour, aucune étude clinique n’a encore évalué l’efficacité de cette association. Seuls des travaux menés séparément sur chacun de ces actifs ont mis en lumière leurs bienfaits, sans permettre de conclure sur l’intérêt de les associer.

L’association entre l’acide férulique et le resvératrol est souvent envisagée pour renforcer les défenses antioxydantes de la peau. Le resvératrol, un polyphénol notamment présent dans la peau du raisin, est reconnu pour sa capacité à activer la voie des sirtuines, en particulier SIRT1, impliquée dans la régulation du vieillissement cellulaire. Contrairement à l’acide férulique, qui agit principalement en neutralisant les radicaux libres et en stabilisant d’autres antioxydants, le resvératrol exerce une action plus indirecte en stimulant les mécanismes endogènes de défense cellulaire. L’intérêt de les associer réside donc dans la combinaison d’une action antioxydante immédiate avec une activation de mécanismes cellulaires protecteurs plus profonds, notamment pour protéger la peau du stress oxydatif induit par la répétition des expositions aux UV ou à la pollution.

Une étude in vitro a exploré les effets antioxydants de différentes combinaisons entre le resvératrol et l’acide férulique, afin de déterminer les proportions les plus efficaces. Pour cela, les chercheurs ont utilisé des solutions aqueuses de resvératrol associées à une solution hydroalcoolique de resvératrol. Plusieurs ratios ont été testés. L’activité antioxydante de ces mélanges a été mesurée à l’aide des méthodes DPPH et ABTS, deux tests standards permettant d’évaluer la capacité de neutralisation des radicaux libres. La meilleure activité antioxydante a été obtenue pour la solution contenant 3% de resvératrol et 0,5% d'acide férulique. Bien qu’il s’agisse de données précliniques, ces résultats suggèrent que l'association entre l'acide férulique et le resvératrol pourrait être pertinente pour protéger la peau du stress oxydatif.

L’association de la vitamine C et de la vitamine E avec l’acide férulique repose sur une complémentarité bien documentée entre ces trois antioxydants. La vitamine C, hydrosoluble, agit principalement dans la phase aqueuse des tissus, tandis que la vitamine E, liposoluble, protège les structures lipidiques contre l'oxydation, notamment les membranes cellulaires. L’acide férulique, quant à lui, joue un rôle stabilisateur et synergique : il renforce l’efficacité de ces deux vitamines tout en limitant leur dégradation, en particulier celle de la vitamine C, connue pour son instabilité en solution aqueuse. Combiner ces trois composés permet d'obtenir une couverture antioxydante plus large et un soin plus stable, par exemple pour prévenir le photovieillissement.

Une étude in vivo particulièrement intéressante a été menée pour évaluer l’efficacité photoprotectrice d’un complexe associant 15% d’acide L-ascorbique (vitamine C), 1% d’alpha-tocophérol (vitamine E) et 0,5% d’acide férulique, nommé CEFer dans l'étude. Après application topique de cette formulation ou du véhicule pendant quatre jours sur des zones de peau humaine, les chercheurs ont exposé ces zones à un rayonnement UV simulant celui du soleil, à des doses allant de 2 à 10 fois la MED. Pour rappel, la MED est la dose érythémateuse minimale, c'est-à-dire la dose minimale d'UV induisant un coup de soleil.

Les résultats ont montré une protection significative contre les dommages provoqués par les UV, contrairement au véhicule. Le CEFer a réduit de manière marquée l’apparition de l’érythème ainsi que des cellules dites "coup de soleil", passant de 31,5 ± 14,3 pour le véhicule à 8,4 ± 7 avec le CEFer. Les cellules "coup de soleil" sont des kératinocytes endommagés par les UV, qui entrent en apoptose pour empêcher la transmission de mutations à l’ADN. L’analyse des cytokines a également révélé une diminution de l’expression des médiateurs pro-inflammatoires, comme les interleukines IL-1α, IL-6, IL-8, IL-10 et le TNF-α. Cette étude illustre la forte synergie entre les trois antioxydants que sont l'acide férulique, la vitamine C et la vitamine E, permettant non seulement de stabiliser la formulation, mais aussi d’apporter une protection multifactorielle face au stress oxydatif induit par les UV.

Il est aussi possible de combiner l'acide férulique au rétinol. Cette association est notamment intéressante pour prévenir ou cibler le relâchement cutané. En effet, le rétinol est bien connu pour ses effets sur le renouvellement cellulaire et sa capacité à stimuler la synthèse de collagène, qui font de lui un incontournable pour les peaux matures. Il peut être pertinent de l'associer à l'acide férulique, dont les puissantes propriétés antioxydantes peuvent compléter l'action du rétinol pour ralentir l'installation des signes de l'âge. Par ailleurs, il est suggéré que l’acide férulique contribuerait à stabiliser les rétinoïdes dans les formulations, limitant leur oxydation et leur dégradation à la lumière ou à l’air.

Une étude récente menée sur des kératinocytes humains HaCaT a mis en évidence les effets synergiques du rétinol et de l’acide férulique. Les kératinocytes ont tout d'abord été irradiés avec des UVB (54 mJ/cm²) pour induire des dommages cellulaires. Les cellules ont ensuite été traitées pendant 24 h avec différentes concentrations de rétinol et d’acide férulique, seuls ou en combinaison. Le rétinol présentait une toxicité notable à partir de 90 nM, tandis que l’acide férulique n’affectait pas la viabilité cellulaire, même à fortes doses. Différents ratios rétinol:acide férulique ont été testés (1:0, 1:1, 1:2, etc), et l’effet synergique optimal a été observé pour une concentration de 100 μM de rétinol et 120 nM d'acide férulique.

À ces concentrations, le duo rétinol/acide férulique a protégé efficacement les cellules du stress oxydatif. Comparé au groupe témoin, le taux de MDA, un produit de la peroxydation lipidique, a fortement diminué (de 40,07 à 17,95 U/mg protéine), tandis que les niveaux de SOD, GSH et CAT, des enzymes antioxydantes, ont significativement augmenté, comme le montre le tableau ci-dessous. La production d'espèces réactives de l'oxygène a également été réduite, de même que l'expression de l'enzyme COX-2, qui catalyse la conversion de l'acide arachidonique en prostaglandine H2.

L'acide férulique peut également être associé à la niacinamide, qui peut être comparée à un couteau suisse en cosmétique en raison de sa grande polyvalence. La niacinamide possède en effet des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, dépigmentantes et la capacité à renforcer la barrière cutanée. Combinée à l’acide férulique, cette molécule pourrait bénéficier d’une meilleure stabilité et offrir à la peau une meilleure protection face au stress oxydatif.

Une étude a évalué l’effet d’une combinaison de 5% de niacinamide et 0,5% d’acide férulique dans une émulsion appliquée quotidiennement par 13 volontaires. Le protocole, bien que réalisé sur un petit effectif, a inclus une comparaison avec un placebo, permettant de mieux cerner l’impact de la formule. L’uniformité du teint, l’hydratation cutanée et l’élasticité de la peau ont été mesurées à l’aide d’instruments : le méxamètre pour la pigmentation, le cornéomètre pour l’hydratation et l’élastomètre pour l'élasticité. Les résultats ont montré une amélioration significative de ces différents paramètres par rapport au placebo. Il est néanmoins dommage qu'aucun groupe n'ait utilisé la niacinamide ou l'acide férulique seul. Cela rend difficile de savoir si les effets observés sont le fruit d’une synergie entre les deux actifs, ou bien s’ils sont principalement attribuables à l’un d’eux.

Il pourrait également être pertinent d'associer l'acide férulique à l'acide hyaluronique. Très présent en cosmétique, ce dernier est surtout connu pour sa capacité à attirer l'eau dans les tissus cutanés. En effet, selon son poids moléculaire, l'acide hyaluronique peut retenir jusqu'à 1 000 fois son poids en eau, ce qui contribue à renforcer la fonction barrière. L'associer à l'acide férulique permettrait théoriquement de cibler deux préoccupations cutanées : la déshydratation et le stress oxydatif. Cette combinaison fonctionnerait aussi sur le plan galénique, l'acide hyaluronique et l'acide férulique étant tous deux préférentiellement utilisés dans des solutions aqueuses. Elle n'a toutefois pas été testée à ce jour, contrairement aux effets individuels de l'acide férulique et de l'acide hyaluronique.

En l'absence de données cliniques, nous pouvons simplement supposer que ces actifs pourraient agir en synergie.

L'acide férulique pourrait aussi être associé à l'acide salicylique. Très utilisé en cosmétique et en dermatologie, ce dernier est un acide bêta-hydroxylé (BHA) lipophile capable de pénétrer en profondeur dans les pores pour les désincruster. L'acide salicylique est notamment réputé pour sa capacité à éliminer les points noirs. En l’associant à l’acide férulique, on pourrait théoriquement cibler deux mécanismes complémentaires : l’un visant à atténuer les imperfections et l'autre à protéger la peau du stress oxydatif. Cette approche est d’autant plus cohérente que le stress oxydatif peut lui-même aggraver les imperfections. Les radicaux libres sont en effet capables d’oxyder le squalène du sébum en peroxyde de squalène, un composé comédogène. À noter que de faibles taux de vitamine E, antioxydant lipophile naturellement présent dans le sébum, ont été associés à l’acné, au point que certains scientifiques considèrent la vitamine E comme un marqueur de la sévérité de cette maladie de peau.

Là encore, cette synergie reste théorique, aucune étude n’ayant évalué les effets conjoints de l’acide férulique et de l’acide salicylique à ce jour.

Enfin, l'acide férulique pourrait potentiellement être combiné à l'acide glycolique, un acide alpha-hydroxylé (AHA) de faible poids moléculaire reconnu pour ses propriétés exfoliantes lui venant de sa capacité à rompre les liaisons intercornéocytaires. Ce faisant, l'acide glycolique aide à retrouver un teint plus lumineux. L'associer à l'acide férulique pourrait donc être intéressant pour les peaux ternes ou présentant des taches pigmentaires. En effet, le stress oxydatif joue un rôle important dans l'apparition des taches brunes en activant la tyrosinase, une enzyme essentielle au bon déroulement de la mélanogenèse. En neutralisant les radicaux libres, l’acide férulique pourrait freiner l’hyperpigmentation à la source, tandis que l’acide glycolique accélérerait son atténuation en favorisant le renouvellement cellulaire.

À ce jour, aucune étude clinique n’a évalué la potentielle synergie entre l'acide férulique et l'acide glycolique. Il s'agit donc pour le moment d'une hypothèse.

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