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Bienfaits pour la peau L-carnitine.

L-carnitine : quelles sont ses vertus sur la peau ?

Essentielle au transport des acides gras à longue chaîne vers les mitochondries, la L-carnitine (C₇H₁₅NO₃) est un acide aminé hydrosoluble largement étudié pour ses rôles dans le métabolisme énergétique. Désormais, elle gagne également en reconnaissance dans le domaine cosmétique pour ses vertus multiples sur la peau. Voici les principaux bienfaits de la L-carnitine qui en font un choix prisé en cosmétique.

Publié le 19 septembre 2025, mis à jour le 19 septembre 2025, par Jamal, Docteur en pathologie humaine et maladies infectieuses — 17 min de lecture
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Bienfait n°1 : La L-carnitine aiderait à réguler la production de sébum.

La L-carnitine fait partie de la nouvelle génération d'actifs intéressants pour les peaux grasses en raison de son rôle dans le métabolisme énergétique des cellules. Cette molécule agit comme un transporteur pour les acides gras à longue chaîne, qu’elle achemine vers les mitochondries pour y être oxydés et transformés en énergie. Or, dans les glandes sébacées, une part importante de la production de sébum repose sur la disponibilité de ces acides gras. En stimulant leur utilisation par les mitochondries, la L-carnitine pourrait limiter la réserve lipidique intracellulaire, et ainsi réduire la synthèse de sébum.

Une étude in vitro menée sur une lignée de cellules sébacées humaines (SZ95) a confirmé l'intérêt de la L-carnitine pour les peaux grasses. Lorsque ces cellules étaient exposées à des concentrations de 0,5% et 1% de L-carnitine, elles présentaient une augmentation significative de la β-oxydation, c’est-à-dire du processus de dégradation des acides gras par les mitochondries. En parallèle, la quantité de lipides intracellulaires diminuait de façon dose-dépendante, traduisant une réduction du stock disponible pour la synthèse de sébum. Au-delà de ces résultats in vitro, plusieurs études cliniques ont également mis en évidence les bienfaits de la L-carnitine pour les peaux grasses.

ÉtudeNombre de volontairesProtocoleRésultats
WENCK & al. (2012)21 femmesÉtude contrôlée, randomisée, split-face. Application d’une formulation cosmétique contenant 2% de L-carnitine ou véhicule, deux fois par jour sur le front, pendant 3 semaines. Sécrétion de sébum mesurée par Sebutape et score visuel à 7 niveaux.Après 3 semaines, diminution significative du taux de sécrétion de sébum par rapport au véhicule (score : −0,71 ± 0,96, P = 0,0027). Déjà après 2 semaines, tendance à la réduction notable (score : −0,52 ± 0,87, P = 0,0123). Formulation bien tolérée, aucune réaction indésirable.
DETUDOM & al. (2023)90 sujetsEssai clinique randomisé, 3 groupes : crème contenant 2% L-carnitine, 5% EGCG, ou combinaison des deux. Application deux fois par jour pendant 4 semaines. Mesures du sébum, de l’hydratation et de la TEWL aux semaines 0, 1, 2 et 4.Tous les groupes ont montré une réduction significative du sébum par rapport au début (p < 0,01). Anti-sébum : L-carnitine 34,8%, EGCG 41,4%, combinaison 43,5%. La combinaison a montré une efficacité significativement supérieure à la L-carnitine seule. Amélioration de l’hydratation et satisfaction des participants.
Résultats cliniques de l'effet de la L-carnitine sur la production de sébum.
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Bienfait n°2 : La L-carnitine pourrait cibler l'acné.

La capacité de la L-carnitine à réduire la production de sébum lui confère un intérêt particulier dans la prise en charge de l’acné. En effet, l’excès de sébum est l’un des facteurs clés de cette pathologie, puisqu’il favorise l’obstruction des follicules pilosébacés et la prolifération de Cutibacterium acnes, une bactérie impliquée dans le développement des lésions inflammatoires. En régulant la disponibilité des acides gras intracellulaires et donc la quantité de sébum produite, la L-carnitine pourrait limiter la formation de comédons et réduire la sévérité des poussées acnéiques.

Une étude clinique a exploré cet effet en évaluant une combinaison thérapeutique originale avec 29 volontaires souffrant d'acné légère à sévère. Le protocole consistait à utiliser de la photothérapie dynamique (PDT, à l’aide d’une lumière intense pulsée de 400–720 nm, réalisée en 4 séances espacées de deux semaines), combinée à une crème contenant de la L-carnitine, du licochalcone A et du décanediol, deux fois par jour pendant 10 semaines. L’autre côté recevait le même protocole mais avec une crème placebo. Les résultats ont montré une réduction plus rapide et plus efficace du nombre de lésions dans le groupe “L-carnitine”. Il est toutefois important de souligner que ces résultats ne peuvent pas être attribués à la L-carnitine seule : l’efficacité observée repose sur une crème associant plusieurs actifs (L-carnitine, licochalcone A et décanediol) et sur son utilisation conjointe avec la photothérapie dynamique.

Évolution de l'acné inflammatoire (A) et non-inflammatoire (B) au cours de l'étude.

Évolution de l'acné inflammatoire (A) et non-inflammatoire (B) au cours de l'étude.

Source : MANUSKIATTI W. & al. Acne treatment efficacy of intense pulsed light photodynamic therapy with topical licochalcone A, L-carnitine, and decanediol: A spilt-face, double-blind, randomized controlled trial. Journal of Cosmetic Dermatology (2020).

Bienfait n°3 : La L-carnitine permettrait d'atténuer les rides.

La L-carnitine pourrait aussi être intéressante pour lutter contre le vieillissement cutané. Elle possède en effet des propriétés antioxydantes qui lui permettent de neutraliser les radicaux libres générés notamment par les UV, responsables de la dégradation du collagène et de l’élastine. En parallèle, des travaux in vitro ont montré que la L-carnitine inhibe l’activité des métalloprotéinases matricielles MMP-1 et MMP-2, des enzymes qui participent à la destruction de la matrice dermique sous l’effet du stress oxydatif. En combinant ces deux actions, la L-carnitine contribuerait ainsi à préserver l’élasticité et la fermeté cutanées.

Bon à savoir : Les propriétés antioxydantes de la L-carnitine pourraient aussi lui permettre de rendre le teint plus éclatant.

Ces hypothèses ont été confirmées dans une étude clinique menée sur 50 femmes, réparties en deux groupes : l’un utilisant une crème contenant 1% de L-carnitine, l’autre un placebo. Après 12 semaines d’application biquotidienne sur l’ensemble du visage, l’évaluation par visiométrie a mis en évidence une diminution significative de deux paramètres de rugosité cutanée (R2 et R3) chez les femmes du groupe L-carnitine, traduisant une amélioration visible de la texture de la peau et une réduction des rides par rapport au placebo. Aucun effet indésirable n’a été rapporté, ce qui confirme la bonne tolérance de l’actif. Ces résultats suggèrent que la L-carnitine pourrait jouer un rôle intéressant dans la prévention et l’atténuation du vieillissement cutané.

Comparaison des indices de rides pattes d'oie des volontaires après 8 (a) et 12 (b) semaines de traitement.

Comparaison des indices de rides pattes d'oie des volontaires après 8 (a) et 12 (b) semaines de traitement.

Source : BUM-CHUN L. & al. Anti-aging effects of L-carnitine on human skin. Journal of the Society of Cosmetic Scientists of Korea (2004).

Bienfait n°4 : La L-carnitine apaiserait les démangeaisons.

Le prurit est un symptôme fréquent qui accompagne de nombreuses situations. Il peut survenir de façon ponctuelle, par exemple après une piqûre d’insecte, ou s’inscrire dans un contexte chronique, comme lors de l’eczéma. Ces démangeaisons, souvent banalisées, altèrent pourtant la qualité de vie et traduisent des déséquilibres inflammatoires et oxydatifs de la peau.

Dans ce contexte, la L-carnitine a montré des propriétés anti-inflammatoires et anti-prurigineuses intéressantes. Une étude expérimentale a évalué ses effets dans un modèle murin de prurit induit par la chloroquine. Les résultats montrent que l’administration orale de L-carnitine réduisait significativement le comportement de grattage par rapport au groupe témoin, confirmant son potentiel antiprurigineux. Sur le plan biologique, la molécule a restauré l’équilibre des défenses antioxydantes (GST, GSH et catalase) tout en réduisant la peroxydation lipidique (LPO). Elle a également diminué l’activité de l'oxyde nitrique synthase (NOS), modulant ainsi la voie du monoxyde d’azote, impliquée dans la genèse des démangeaisons. Enfin, la L-carnitine a réduit les niveaux de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α), d’enzymes pro-inflammatoires comme la COX-2, et du marqueur p-NFκB. L’ensemble de ces effets suggère que la L-carnitine agit à la fois en limitant l’inflammation et en régulant le stress oxydatif, contribuant ainsi à l’apaisement du prurit.

Il faut toutefois rester prudent, car cette étude a été menée sur des souris et reposait sur une administration orale de L-carnitine, ce qui limite l'extrapolation.

Par ailleurs, d’autres travaux ont rapporté un intérêt de la L-carnitine en application topique pour apaiser l'eczéma, mais ces études associaient la molécule à d’autres actifs dont l’efficacité contre l’eczéma est déjà bien documentée. Il reste donc difficile de déterminer dans quelle mesure la L-carnitine seule contribue réellement à l’amélioration des symptômes.

Bienfait n°5 : La L-carnitine accélérerait la cicatrisation de la peau.

La cicatrisation est un processus complexe qui repose sur plusieurs étapes : l’inflammation initiale, la prolifération des fibroblastes, la synthèse de collagène et enfin la réépithélialisation. Toute perturbation de ce processus peut entraîner un retard de cicatrisation, une fragilité cutanée persistante ou encore des cicatrices hypertrophiques. Plusieurs actifs peuvent accompagner ce processus, potentiellement la L-carnitine.

Une étude expérimentale conduite chez 60 rats a évalué les effets de la L-carnitine sur la cicatrisation de plaies cutanées. Les animaux étaient répartis en trois groupes : un groupe témoin sans traitement, un groupe recevant une administration locale de L-carnitine et un groupe recevant une administration systémique, tous suivis pendant 14 jours. Les chercheurs ont analysé la vitesse de cicatrisation, la qualité du tissu réparé et la résistance mécanique des plaies. Ils ont observé que le délai moyen de cicatrisation était nettement réduit dans les groupes utilisant la L-carnitine, que celle-ci soit prise oralement ou appliquée de façon topique. De plus, les rats traités présentaient une réépithélialisation plus rapide et un dépôt de collagène plus abondant.

Toutefois, ces données provenant d’un modèle animal, il reste nécessaire de confirmer ces effets chez l’humain avant d’envisager une application clinique.

18,25 jours

Il s'agit du délai moyen de cicatrisation dans le groupe témoin.

16,5 jours

Il s'agit du délai moyen de cicatrisation dans le groupe témoin.

15 jours

Il s'agit du délai moyen de cicatrisation dans le groupe "L-carnitine orale".

Bienfait n°6 : La L-carnitine réduirait la cellulite.

Appliquée sur la peau, la L-carnitine est supposée stimuler la dégradation des graisses en facilitant l’entrée des acides gras dans les mitochondries des adipocytes via le complexe enzymatique carnitine-palmitoyltransférase 1 (CPT1). Cela permet la formation d’acyl-carnitine, qui traverse la membrane mitochondriale et est ensuite reconvertie en acyl-CoA, amorçant ainsi la β-oxydation. Ce mécanisme aboutit à une diminution du volume des adipocytes, ce qui pourrait atténuer la surcharge lipidique observée dans la cellulite. En parallèle, la L-carnitine semble également réguler le stress oxydatif, un facteur aggravant de la fibrose et de l’inflammation des tissus cutanés. En réduisant la peroxydation lipidique et en protégeant les fibres de collagène et d’élastine, elle pourrait contribuer à préserver l’intégrité du tissu conjonctif.

Un essai clinique a exploré cette hypothèse en testant une crème contenant de la L-carnitine et de la caféine, appliquée quotidiennement pendant 28 jours chez sept participantes suivant également un régime hypocalorique et un programme de marche hebdomadaire. Comparé au placebo, le soin testé a entraîné une diminution plus marquée de la circonférence des cuisses et de la masse grasse mesurée par absorptiométrie biphotonique.

GroupeRéduction de la circonférence de la cuisseDiminution de la masse grasse locale
Groupe L-carnitine1,2 cm100 g
Groupe placebo0,8 cm57,3 g
Circonférence de la cuisse et masse grasse avant et après l'étude.
Source : RODRIGUEZ J. & al. Effects of a topical lotion containing aminophylline, caffeine, yohimbe, L-carnitine, and gotu kola on thigh circumference, skinfold thickness, and fat mass in sedentary females. Journal of Cosmetic Dermatology (2019).

Ces résultats suggèrent un rôle potentiel de la L-carnitine dans l’amélioration de la cellulite, mais leur portée reste limitée par le faible nombre de participantes et la présence d’autres actifs connus pour leur action lipolytique. Ainsi, il est difficile d’attribuer précisément l’effet observé à la seule L-carnitine, et des études de plus grande ampleur restent nécessaires pour confirmer son efficacité réelle.

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