Quels sont les bienfaits du bakuchiol pour la peau ?

• Le bakuchiol a un effet antibactérien.

  Autre bénéfice du bakuchiol pour les peaux acnéiques : sa capacité à inhiber la croissance de C. acnes. En effet, d'après des travaux menés in vitro, cet actif possède une CI50 (concentration inhibitrice à 50%) de 0,6 µg/mL, nettement inférieure à celle de l’acide salicylique (27 µg/mL), ce qui souligne sa capacité à limiter la prolifération bactérienne responsable des inflammations acnéiques. Pour rappel, la CI50 désigne la concentration inhibitrice minimale menant à une inhibition de 50% d'une population bactérienne. Des tests de diffusion ont aussi été effectués et la zone d'inhibition a été mesurée : elle était de 37 mm pour le bakuchiol, contre 12 mm pour l'acide salicylique.

• Le bakuchiol possède une activité anti-inflammatoire.

  Le bakuchiol présente une activité anti-inflammatoire et est capable d'inhiber les cyclo-oxygénases (COX), des prostaglandines pro-inflammatoires. Une étude a montré que ce composé présente une forte activité contre COX-1 (CI50 = 14,7 µg/mL) et une activité modérée contre COX-2 (CI50 = 514 µg/mL). Il contribue également à réduire la production de monoxyde d’azote, un médiateur pro-inflammatoire impliqué dans les processus d’aggravation des lésions acnéiques. Ces effets anti-inflammatoires du bakuchiol participent à atténuer les rougeurs souvent associées aux imperfections.

Que montrent les études cliniques quant à l'effet du bakuchiol sur l'acné ?

Les effets du bakuchiol sur les imperfections ont été confirmés au cours de plusieurs études cliniques. L'une d'elles a comparé quatre formulations : 1% de bakuchiol, 2% d’acide salicylique, un mélange de 1% de bakuchiol et de 2% d’acide salicylique, ainsi qu’un placebo. Soixante volontaires souffrant d'acné ont appliqué deux fois par jour sur le visage l'une de ces crèmes pendant six semaines. Leur efficacité a été évaluée à l’aide du Global Acne Grading System, souvent utilisé au cours des études cliniques. Les résultats, présentés dans le tableau ci-dessous, montrent une diminution significative du nombre de lésions acnéiques, tant des lésions inflammatoires (papules, pustules, nodules) que non inflammatoires (comédons ouverts et fermés).

L'efficacité du bakuchiol pour réduire les rides a été démontrée au cours de plusieurs études cliniques. L'une d'elles a été menée avec 44 personnes qui ont appliqué quotidiennement une crème à 0,5% de rétinol ou une crème à 0,5% de bakuchiol pendant douze semaines. À l'issue des douze semaines, une diminution significative des rides a été observée chez les participants des deux groupes, légèrement plus importante pour ceux du groupe "rétinol". Toutefois, le rétinol a été associé à davantage d'effets indésirables : 20% des volontaires de ce groupe ont constaté une desquamation de leur peau, contre 10% des personnes du groupe "bakuchiol".

Le bakuchiol est aussi un actif intéressant pour réduire l'hyperpigmentation. Il peut agir de différentes façons sur la mélanogenèse, le processus de synthèse de la mélanine. Le bakuchiol peut tout d'abord inhiber l’enzyme tyrosinase, permettant la conversion de la tyrosine en mélanine. Il réduit également l’expression de protéines associées à la mélanogenèse, comme TRP-1 (tyrosinase-related protein 1) et TRP-2. Ces protéines sont impliquées dans les étapes ultérieures de la maturation de la mélanine et contribuent à la stabilité du pigment dans les mélanosomes, les organites où la mélanine est synthétisée.

En plus d'agir sur la production de mélanine, le bakuchiol agit sur son transport. Il inhibe la formation des dendrites, ces prolongements cellulaires qui permettent aux mélanocytes de transférer la mélanine vers les kératinocytes environnants, contribuant ainsi à sa diffusion à la surface de la peau. Cette inhibition est possible grâce à la modulation de plusieurs voies de signalisation cellulaires, notamment Rac/Cdc42/α-PAK, impliquée dans la dynamique cytosquelettique. Enfin, le bakuchiol est capable d’interférer avec la formation du cil primaire dans les mélanocytes — une structure cellulaire impliquée dans la régulation de la pigmentation.

L'étude mentionnée plus tôt, dans laquelle 44 participants ont appliqué quotidiennement pendant douze semaines une crème contenant soit 0,5 % de rétinol soit 0,5 % de bakuchiol, s'est également penchée sur l'impact de ces soins sur la pigmentation. Les résultats ont montré une amélioration significative de l’uniformité du teint chez les utilisateurs des deux produits.

Le bakuchiol est également connu pour son action antioxydante lui venant de sa structure chimique riche en groupements phénoliques. Ces groupements lui confèrent la capacité de neutraliser les espèces réactives de l'oxygène (ROS), des molécules instables notamment générées suite à l'exposition aux rayons UV ou à la pollution. Quand ils sont produits en excès, les radicaux libres déclenchent une cascade d’oxydations endommageant les lipides membranaires, les protéines structurelles de la peau, comme le collagène et l’élastine, et l’ADN cellulaire. Le bakuchiol est capable de piéger ces radicaux libres avant qu'ils n'attaquent les molécules de la peau et de réguler certaines voies de signalisation impliquées dans la production de ROS, telles que NF-κB et MAPK.

Une étude s'est intéressée au pouvoir antioxydant du bakuchiol et l'a comparé à celui de la vitamine E (tocophérol), un antioxydant réputé. La capacité de ces molécules à inhiber plusieurs types de radicaux libres a été testée et leurs CI50 ont été mesurées. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous et montrent que le bakuchiol possède un pouvoir antioxydant large contre différents types de radicaux libres.

Le bakuchiol pourrait aussi accompagner la cicatrisation de la peau en influençant positivement la matrice extracellulaire. Cette dernière, qu'on peut comparer à un échafaudage pour le derme, est composée de collagène, d’élastine, de laminine et de fibronectine. Lors du processus de cicatrisation, un remodelage de cette matrice est nécessaire : de nouvelles fibres sont produites, tandis que les métalloprotéinases, des enzymes comme la collagénase et l’élastase, dégradent les structures existantes. Cependant, une activité excessive de ces enzymes peut fragiliser le tissu en formation et compromettre la cicatrisation de la peau. Une étude a montré que le bakuchiol pouvait inhiber la collagénase (CI50 d’environ 0,1% p/p) et l’élastase (CI 50 entre 1 et 5 µg/mL). En limitant la dégradation du collagène et de l’élastine, il favorise un environnement plus stable et propice à la régénération des fibres dermiques.

Le bakuchiol pourrait ainsi protéger la structure du derme en cours de cicatrisation, mais ces effets prometteurs in vitro nécessitent encore une validation clinique.

Enfin, le bakuchiol pourrait apaiser les irritations légères dont souffre parfois la peau car il peut moduler la production de certains médiateurs pro-inflammatoires. Des études réalisées sur des macrophages murins activés par l’interféron-γ (IFN-γ) ou le lipopolysaccharide bactérien (LPS) ont montré que le bakuchiol réduit l’expression de l’oxyde nitrique synthase inductible (iNOS), une enzyme clé dans l’activation des macrophages lors des états inflammatoires. Cette réduction d’iNOS est attribuée à l’inhibition du facteur de transcription nucléaire κB par le bakuchiol. NF-κB est un acteur central dans la cascade inflammatoire : lorsqu’il est activé, il stimule la production de cytokines pro-inflammatoires, comme l'IL-6.

Par ailleurs, des expériences menées in vivo chez le rat ont mis en évidence que l’application de bakuchiol pouvait réduire la formation d’œdèmes induits, confirmant son potentiel anti-inflammatoire dans un organisme vivant. Cependant, malgré ces résultats prometteurs, aucune étude clinique n’a encore été réalisée chez l'Homme pour valider ces effets anti-inflammatoires sur la peau. Ces données invitent donc à la prudence et à poursuivre les recherches cliniques.