Véritables messagers cellulaires, les peptides sont de plus en plus présents en cosmétique et en médecine esthétique. Mais quels bienfaits concrets apportent-ils à la peau ? Découvrez dans cet article toutes les vertus des peptides pour la peau.

Véritables messagers cellulaires, les peptides sont de plus en plus présents en cosmétique et en médecine esthétique. Mais quels bienfaits concrets apportent-ils à la peau ? Découvrez dans cet article toutes les vertus des peptides pour la peau.
d'augmentation d'utilisation des peptides dans les cosmétiques ciblant le vieillissement cutané entre 2011 et 2018.
d'augmentation dans la variété et le nombre de combinaisons de peptides dans les cosmétiques entre 2011 et 2018.
Les peptides sont de courtes chaînes d’acides aminés qui jouent un rôle clé dans la communication cellulaire et la régénération de la peau. Ils sont notamment populaires pour prévenir le vieillissement cutané et atténuer les rides. En effet, certains peptides spécifiques, appelés peptides messagers ou peptides matriciels, stimulent directement la production de collagène, d’élastine, de glycosaminoglycanes et de fibronectine au sein de la matrice extracellulaire. En renforçant cette structure, la peau gagne en fermeté et en élasticité, et les rides et les ridules sont réduites.
Parmi ces peptides, on retrouve le palmitoyl tripeptide-1 (pal-GHK) et le palmitoyl pentapeptide-4 (pal-KTTKS), qui agissent comme des messagers pour les fibroblastes, les cellules à l'origine de la synthèse du collagène, de l'élastine et des glycosaminoglycanes. D’autres peptides, tels que le palmitoyl tripeptide-3/5, imitent les protéines de la matrice extracellulaire et contribuent à la fois à la stimulation de la synthèse de collagène et à la prévention de sa dégradation, renforçant ainsi la structure cutanée de façon globale.
Il existe également des peptides ciblant la relaxation musculaire, appelés peptides inhibiteurs de neurotransmetteurs, tels que l’acetylhexapeptide-3 (Argireline) ou le pentapeptide-18, qui agissent sur la contraction des muscles responsables des rides d’expression. En modulant la libération d’acétylcholine au niveau des terminaisons nerveuses, ces peptides réduisent l’intensité des contractions musculaires, entraînant un lissage progressif des rides dynamiques, sans les effets invasifs de traitements comme le botox.
L’efficacité des peptides dans la réduction des rides ne repose pas uniquement sur des hypothèses mécanistiques : plusieurs études cliniques ont confirmé leurs effets visibles sur la peau. Parmi elles, une étude récente s’est intéressée au tétrapeptide-68, un peptide dérivé de la loricrine, une protéine de la barrière cutanée. Menée sur 12 semaines en double aveugle, l’étude a inclus 25 participantes ayant appliqué deux fois par jour une crème contenant 100 ppm de tétrapeptide-68. Les chercheurs ont suivi différents paramètres physiologiques cutanés mesurant la rugosité, la profondeur et la densité des rides. Les résultats ont montré une diminution significative de tous ces paramètres, avec une amélioration progressive dès la quatrième semaine et un effet maximal à 12 semaines.

Évolution de l'évaluation visuelle des rides (a) et de la rugosité (R1) de la peau (b).
Source : KANG H. & al. Wrinkle reduction using tetrapeptide-68 contained in an O/W formulation: A randomized double-blind placebo-controlled study. Pharmaceutics (2024).
Les peptides antioxydants constituent une nouvelle génération d’actifs capables de renforcer les défenses naturelles de la peau face aux radicaux libres. Certains, comme la carnosine, la glutathione ou l’anserine, se trouvent naturellement dans l’organisme ou dans certains aliments, mais la majorité des peptides antioxydants utilisés en cosmétique sont issus de l’hydrolyse enzymatique ou de la fermentation de protéines végétales et animales. Ces procédés permettent d’obtenir de courtes chaînes d’acides aminés capables de neutraliser les radicaux libres, de chélater les métaux lourds (comme le fer et le cuivre) et de limiter la peroxydation lipidique au sein des membranes cellulaires.
L'efficacité des peptides antioxydants dépend étroitement de leur structure moléculaire, notamment de leur taille et de leur composition en acides aminés. Les peptides riches en acides aminés hydrophobes, comme la leucine, l'alanine, ou la proline, ou en acides aromatiques, tels que le tryptophane, la phénylalanine ou l’histidine, présentent une capacité accrue à donner des électrons ou des atomes d’hydrogène aux radicaux libres. L’histidine, en particulier, agit grâce à son cycle imidazole, capable d’intervenir dans des réactions de transfert d’électrons et d’hydrogène. Les peptides de faible poids moléculaire (< 1 kDa) se distinguent aussi par une meilleure pénétration cutanée et une plus grande mobilité dans les milieux biologiques, optimisant leur activité antioxydante.
En neutralisant les radicaux libres et en renforçant les systèmes enzymatiques de défense, les peptides antioxydants agissent comme un bouclier contre le stress oxydatif. Ils préviennent la peroxydation des lipides membranaires, la fragmentation du collagène et la dégradation de l’élastine, maintenant ainsi la fermeté et l’élasticité de la peau. Leur capacité à stabiliser les métaux pro-oxydants, comme le fer ou le cuivre, limite également la formation de radicaux hydroxyles réactifs. En parallèle, l’activation de la voie Nrf2–ARE stimule la production naturelle d’enzymes protectrices, comme la superoxyde dismutase, la catalase et la glutathion peroxydase, améliorant la résistance cellulaire face aux rayons UV et à la pollution.
Les peptides antioxydants aident à maintenir la peau lisse et lumineuse et à la protéger contre les signes de l'âge.
La cicatrisation est un processus hautement orchestré qui implique l’inflammation, la migration cellulaire, la prolifération des fibroblastes et la reconstruction de la matrice extracellulaire. Plusieurs peptides, notamment les peptides antimicrobiens, tels que la clavanine A ou LL-37, ont démontré une activité pro-régénératrice intéressante sur les cellules de la peau. En plus de leur rôle anti-infectieux, ces peptides exercent une action immunomodulatrice qui équilibre les réponses pro- et anti-inflammatoires, favorisant ainsi un environnement propice à la réparation tissulaire.
Des études sur des fibroblastes humains ont montré que ces peptides stimulent la prolifération et la migration cellulaires en activant la transcription de certains gènes, comme KI67 (prolifération cellulaire) et CXCR4 (récepteur impliqué dans la migration cellulaire). Ces mécanismes s’accompagnent d’une reconstruction accélérée du tissu dermique, avec une augmentation de la production de collagène, d’élastine et de protéoglycanes, nécessaires à la restauration de la structure cutanée. D’autres peptides, tels que hBD-2, hBD-3, Crotalus adamanteus toxin-II ou PR-39, renforcent également la cicatrisation en stimulant la voie de signalisation FGFR1/JAK2/STAT3, connue pour promouvoir l’angiogenèse et l’activation des fibroblastes.
Une étude expérimentale menée sur un modèle murin a mis en évidence le fort potentiel cicatrisant du peptide RL-QN15. Des souris présentant des plaies dorsales ont reçu une application topique biquotidienne de RL-QN15 à différentes concentrations, comparée à un groupe témoin et à un contrôle positif (Kangfuxin, connu pour son effet cicatrisant). Après seulement 7 jours de traitement, les plaies traitées avec 50 nM de RL-QN15 montraient une régénération presque complète (≈ 100%), nettement supérieure à celle du groupe contrôle, dont la guérison n’atteignait qu’environ 60%. L’efficacité du peptide s’est révélée dose-dépendante, avec une activité comparable à celle de Kangfuxin, mais à une concentration environ 5 millions de fois plus faible, soulignant son efficacité. Les analyses histologiques ont confirmé une reconstruction rapide et ordonnée de l’épiderme et du derme, accompagnée de la formation d’un tissu de granulation plus fin, signe d’une cicatrisation de meilleure qualité et d’un risque réduit de fibrose.

Images des plaies cutanées aux jours 1, 3, 5 et 7.
Source : YANG X. & al. Discovery of a novel short peptide with efficacy in accelerating the healing of skin wounds. Pharmacological Research (2021).
Une bonne hydratation est essentielle au maintien de la fonction barrière de la peau, qui agit comme une véritable interface protectrice entre l’organisme et l’environnement extérieur. Le film hydrolipidique, les lipides intercellulaires de la couche cornée et les facteurs naturels d’hydratation constituent des éléments clés de cette barrière. Lorsqu’elle est bien hydratée, la peau conserve sa souplesse, sa résilience et sa capacité de régénération. À l’inverse, une déshydratation cutanée perturbe la cohésion cellulaire de la couche cornée, augmente la perte insensible en eau et favorise les irritations et le vieillissement prématuré.
Certains peptides biomimétiques se distinguent par leurs propriétés hydratantes. Une étude clinique de 30 jours a évalué les effets hydratants d’un hydrogel enrichi en peptides biomimétiques (SH-Oligopeptide-2, SH-Polypeptide-1, SH-Oligopeptide-1, SH-Polypeptide-42) sur la peau de 20 femmes. Les résultats ont montré une amélioration significative de l’hydratation cutanée dès la première application, comparativement à la peau non traitée et au placebo (gel sans peptides). Ces effets se sont accompagnés d’une amélioration significative de l’élasticité et de la luminosité de la peau, confirmant le rôle multifonctionnel des peptides.
| Temps après application | Différence vs peau non traitée | Différence vs placebo |
|---|---|---|
| 30 minutes | + 13,8% | / |
| 60 minutes | + 17,5% | + 9,7% |
| 180 minutes | + 17,5% | + 10,2% |
Les peptides sont également appréciés pour leurs propriétés anti-inflammatoires, particulièrement bénéfiques pour les peaux sensibles, fréquemment sujettes aux rougeurs et à l’inconfort. Parmi eux, on peut citer l’acétyl dipeptide-1 cetyl ester, qui agit directement sur la voie du gène POMC (pro-opiomélanocortine), conduisant à la production de peptides, comme l’α-MSH, qui participent à la modulation de l’inflammation. Des études ont également montré qu’il stimule l’expression de gènes essentiels à la fonction barrière, comme AQP3, filaggrine, caspase-14 et kératine-10, tout en diminuant la production de prostaglandine E2, un médiateur des réactions d’hypersensibilité cutanée. Ces effets combinés permettent à la peau de mieux résister aux agressions.
D’autres peptides, comme le palmitoyl tripeptide-8, présentent également des effets apaisants démontrés. Le palmitoyl tripeptide-8, inspiré de l’α-MSH, inhibe la production de l'interleukine-8, une cytokine pro-inflammatoire. Une étude menée sur 13 volontaires a évalué son effet apaisant après une irritation cutanée provoquée par une solution de 0,5% de laurylsulfate de sodium (SDS), connue pour induire une inflammation et une rougeur locales. Après 24 heures de contact avec le SDS, les participants ont appliqué pendant deux jours une formule contenant 4 × 10⁻⁶ M de palmitoyl tripeptide-8 ou un placebo, trois fois par jour. Les mesures thermographiques ont montré que l’augmentation de la température cutanée induite par le SDS était réduite en moyenne de 78% dans la zone traitée par le peptide, tandis qu’aucune amélioration significative n’a été observée avec le placebo. Les observations en microscopie vidéo ont confirmé une diminution visible des rougeurs et de l’inflammation après application du palmitoyl tripeptide-8, illustrant son pouvoir apaisant et anti-inflammatoire sur une peau irritée.

Résultats de l'étude clinique évaluant l'effet apaisant du palmitoyl tripeptide-8.
Source : LOING E. Reaching a zen-like state in skin: Biomimetic peptide to balance sensitivity. Cosmetics and Toiletries (2017).
Grâce à leurs propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires, certains peptides sont considérés comme des alliés prometteurs pour lutter contre les imperfections. Par ailleurs, contrairement aux antibiotiques classiques, ces molécules ne ciblent pas un mécanisme unique des bactéries impliquées dans la pathogenèse de l'acné, mais perturbent directement sa membrane cellulaire, rendant plus difficile le développement de résistances. Une étude récente a mis en évidence le potentiel du peptide P156, un dérivé de la lysine de phage Prevotella intermedia (PlyPi01), pour cibler les bactéries Cutibacterium acnes et Staphylococcus aureus, associées aux poussées inflammatoires de l'acné.
d'élimination des bactéries en 10 minutes grâce au peptide P156, sans toxicité pour les cellules humaines.
Bien que ces résultats soient prometteurs, il convient de rester prudent quant à leur interprétation. Les effets antibactériens observés ont été démontrés uniquement in vitro, dans des conditions de laboratoire contrôlées, et non encore confirmés par des études cliniques sur la peau humaine. Par ailleurs, même si ces molécules ciblent efficacement les bactéries impliquées dans l’acné, elles ne présentent ni effet kératolytique ni propriété matifiante, deux dimensions essentielles dans la prise en charge globale des imperfections. Ainsi, les peptides antibactériens devront probablement être associés à d’autres actifs pour offrir une action complète sur les différents mécanismes de l’acné.
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LOING E. Reaching a zen-like state in skin: Biomimetic peptide to balance sensitivity. Cosmetics and Toiletries (2017).
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