Peut-on atténuer les rides profondes du visage ?

Les rides profondes résultent d’un processus biologique complexe impliquant la dégradation progressive des structures cutanées. Avec l’âge, la production de collagène et d’élastine diminue, deux protéines essentielles au maintien de la fermeté et de l’élasticité de la peau. Parallèlement, l’activité des fibroblastes, les cellules responsables de leur synthèse, ralentit, tandis que les enzymes comme les métalloprotéinases matricielles (MMPs) accélèrent la dégradation des fibres existantes. Ce déséquilibre entraîne un relâchement cutané généralisé et la formation de sillons, notamment au niveau du contour des yeux et des lèvres, des zones quotidiennement sollicitées, lorsque l'on sourit par exemple. À ces facteurs endogènes s'ajoutent des éléments externes, notamment l'exposition aux rayons UV, génératrice de radicaux libres dans les cellules cutanées.

Certaines techniques permettent d'atténuer les rides profondes du visage.

La cosmétique, une approche douce mais aux résultats limités sur les rides profondes.

La cosmétique est une première solution douce et non invasive pour atténuer les signes du vieillissement cutané. Si certains actifs ont démontré une réelle efficacité contre les rides, leur impact sur les rides profondes reste néanmoins limité. En effet, les soins appliqués sur la peau agissent principalement en surface et peinent à cibler la dégradation des protéines structurelles du derme. Malgré cette limite, certaines familles de molécules, telles que les rétinoïdes et les acides alpha-hydroxylés (AHA) peuvent contribuer à préserver la fermeté de la peau.

Le rétinol, souvent considéré comme la référence cosmétique pour atténuer les rides, agit en stimulant le renouvellement cellulaire et en renforçant la structure du derme. Une fois appliqué sur la peau, il est converti en acide rétinoïque, sa forme biologiquement active. Cette molécule se lie à certains récepteurs des kératinocytes et des fibroblastes, induisant une cascade de signaux qui favorisent la synthèse de collagène et d’élastine. En parallèle, le rétinol accélère l’élimination des cellules mortes en surface, réduisant l’apparence des rides. En ce qui concerne les AHA, ils sont principalement connus pour leur action exfoliante. Toutefois, certains, comme l'acide mandélique, ont aussi montré des effets intéressants sur le vieillissement cutané et auraient la capacité à stimuler la production de collagène et d'élastine par les fibroblastes.

Bien que les cosmétiques présentent des propriétés intéressantes et puissent atténuer certains signes du vieillissement cutané, leur action reste limitée face aux rides profondes.

La médecine esthétique, pour une atténuation visible des rides profondes.

Pour des résultats plus visibles et une action plus poussée sur les rides profondes du visage, il est nécessaire de se tourner vers des techniques de médecine esthétique. En voici quelques-unes, parmi les plus populaires et les plus adaptées en cas de rides profondes.

• Les injections d'acide hyaluronique.

  L’acide hyaluronique est une molécule naturellement présente dans la peau qui est essentielle à son hydratation et à sa structure. Néanmoins, avec l’âge, sa concentration diminue, entraînant une perte de volume et l’apparition de rides profondes. Son injection sous forme de gel réticulé permet de restaurer le volume de la peau en comblant les sillons. En effet, grâce à son fort pouvoir hygroscopique, il attire et retient l’eau, lissant ainsi la surface cutanée tout en stimulant la production de collagène par les fibroblastes, ce qui renforce la fermeté du derme.

  Les injections d'acide hyaluronique sont adaptées à différentes zones du visage et permettent de prendre en charge les sillons profonds, comme les plis nasogéniens, mais aussi les rides pattes d'oie et les ridules péri-buccales. L'acide hyaluronique étant une molécule biodégradable, les résultats obtenus sont temporaires et durent en moyenne entre 6 et 24 mois. Bien que ce traitement soit globalement sûr, des effets secondaires temporaires, comme des rougeurs ou des ecchymoses, peuvent apparaître. À noter aussi qu'il est contre-indiqué aux femmes enceintes ou allaitantes ainsi qu'aux personnes sous anticoagulants, souffrant d'une maladie auto-immune ou présentant une infection cutanée. Par ailleurs, l'exposition au soleil est à proscrire les jours précédant et suivant l'intervention.

• Les injections de toxine botulique (botox).

  La toxine botulique est une neurotoxine qui agit en bloquant temporairement la transmission nerveuse aux muscles, responsables des rides d’expression. En réduisant leur contraction, elle permet d’atténuer les rides profondes du front, mais aussi du contour des yeux. À noter que, contrairement aux produits de comblement, la toxine botulique ne redonne pas de volume à la peau, elle la détend simplement, lui offrant ainsi un aspect plus lisse. L'action des injections de botox est progressive, atteignant son maximum après deux semaines, et perdure pendant environ quatre à six mois. L'effet est dit potentialisateur car l'action dure de plus en plus longtemps au fur et à mesure des injections.

  Si la toxine botulique est mal répartie ou en quantité excessive, elle peut provoquer une asymétrie du visage ou une expression figée, d'où l'importance de consulter un médecin esthéticien expérimenté. En ce qui concerne les effets secondaires, ils sont généralement légers et transitoires, s'apparentant à de petites ecchymoses ou à une sensation de tension. Enfin, il est important de savoir que les injections de botox sont déconseillées aux femmes enceintes, aux personnes prenant des médicaments anti-inflammatoires ainsi qu'à celles souffrant de maladies neurologiques.

• Le laser fractionné (CO₂, erbium).

  Le laser fractionné, qu’il soit au CO₂ ou à l’erbium, agit en créant des micro-lésions contrôlées dans la peau, stimulant ainsi son processus de réparation. Par ailleurs, en chauffant les couches profondes du derme, il déclenche la production de collagène et d’élastine. Cette régénération progressive améliore la texture de la peau et atténue les rides profondes. Le laser CO₂, plus puissant, agit plutôt sur les rides marquées et les sillons profonds, tandis que l’erbium, plus doux, est davantage adapté aux corrections superficielles.

  Après la séance, la peau traverse une phase de desquamation et de rougeurs avant de se renouveler sur plusieurs semaines. Si le laser fractionné offre des résultats visibles et durables, il nécessite une période de récupération proportionnelle à son intensité, pouvant aller de trois jours à une semaine. Par ailleurs, pour des résultats complets, trois à six séances, espacées de six semaines, sont souvent nécessaires. Des effets secondaires, comme un œdème ou des rougeurs, sont fréquents, mais s’estompent progressivement. Une protection solaire rigoureuse est indispensable avant et après le traitement pour éviter les hyperpigmentations, car la peau traitée reste fragile face aux UV.

• La radiofréquence.

  La radiofréquence est une technique qui utilise des ondes électromagnétiques pour chauffer les couches profondes de la peau, stimulant ainsi la production de collagène et d’élastine. En générant une chaleur contrôlée dans le derme, elle provoque une contraction immédiate des fibres et déclenche un remodelage progressif des tissus, permettant d'atténuer les rides profondes tout en raffermissant la peau. Contrairement aux lasers, la radiofréquence ne crée pas de lésions en surface, ce qui en fait une option intéressante pour les peaux sensibles ou les personnes souhaitant immédiatement reprendre leurs activités.

  Les séances, généralement indolores, offrent un effet tenseur visible dès les premières applications, bien que les résultats s’améliorent au fil des mois. Un protocole d'une dizaine de séances est souvent nécessaire pour obtenir des résultats optimaux. Les effets secondaires sont minimes, se limitant à de légères rougeurs ou un échauffement temporaire. L'action de la radiofréquence sur les rides est néanmoins temporaire et dure environ douze mois. Cette technique est elle aussi déconseillée aux femmes enceintes, ainsi qu'aux personnes présentant une infection ou un cancer de la peau.

• Les peelings chimiques.

  Les peelings chimiques consistent à appliquer une solution exfoliante sur la peau permettant de stimuler son renouvellement cellulaire et d'améliorer sa texture. En fonction de leur profondeur d’action, ils peuvent agir sur l’épiderme (peelings superficiels aux acides de fruits), le derme moyen (acide trichloracétique) ou plus en profondeur (phénol). Les peelings moyens et profonds, permettant d'atténuer les rides creusées, ne conviennent pas à toutes les carnations et peuvent entraîner des rougeurs persistantes, des desquamations importantes, voire une comme une infection, comme un herpès. Une protection solaire est indispensable les semaines précédant et suivant la séance, qui se déroule idéalement en hiver. Concernant les peelings profonds, il est également important de noter qu'une anesthésie locale ou générale est nécessaire car le phénol est toxique pour le cœur.

  Les peelings profonds font partie des solutions les plus efficaces contre les rides profondes, mais nécessitent un long suivi post-opératoire et une éviction sociale importante.

• Les fils tenseurs.

  Enfin, les fils tenseurs sont une technique de médecine esthétique visant à raffermir la peau en utilisant des fils résorbables. Ces fils, souvent en polydioxanone (PDO) ou en acide polylactique (PLLA), sont insérés sous la peau à l’aide d’une aiguille fine, créant un effet liftant immédiat et stimulant la production de collagène sur le long terme. Les fils agissent en tension, soutenant ainsi les zones affaissées et permettant un repositionnement discret des contours du visage, généralement apprécié pour l'effet naturel qu'il propose. La pose de fils tenseurs est souvent bien tolérée mais n'offre que des résultats temporaires, perdurant entre 12 et 18 mois. De plus, si les risques d'effets secondaires sont rares, ils ne sont pas nuls et incluent des ecchymoses, des infections ou des irrégularités dans le placement des fils.

La liste des méthodes de médecine esthétique présentées ci-dessus n'est pas exhaustive. Si vous envisagez de recourir à l'une ou l'autre d'entre elles, il est vivement conseillé de solliciter un professionnel compétent et en qui vous avez confiance et de bien suivre ses recommandations pré- et post-opération.

• TSUJI T. Ultrastructure of deep wrinkles in the elderly. Journal of Cutaneous Pathology (1987).

• BERARDESCA E. & al. The cosmetic treatment of wrinkles. Journal of Cosmetic Dermatology (2004).

• CONTINENZA M. & al. Wrinkles: origins and treatments. Advances in Cosmetics and Dermatology (2016).

• ALAM M. Facial wrinkles and its treatment. Journal of Pakistan Association of Dermatologists (2020).

• BIESMAN B. & al. Dermal Micro-coring for the Treatment of Moderate to Severe Facial Wrinkles. Plastic and Reconstructive Surgery - Global Open (2022).