Peut-on faire disparaître les cicatrices d'acné ?

Il existe plusieurs types de cicatrices d’acné, qu'il est important de savoir différencier afin de les prendre efficacement en charge. À noter qu'on parle de cicatrices lorsque la marque reste visible un an après la guérison de la lésion.

• Cicatrices atrophiques : Les cicatrices atrophiques ont un aspect creusé dans la peau. Elles apparaissent quand un bouton ne guérit pas correctement et que le tissu conjonctif qui se forme est insuffisant. La taille et la profondeur des cicatrices atrophiques sont variables. Elles peuvent se présenter sous trois formes différentes. Les cicatrices atrophiques peuvent tout d'abord être en "pic à glace" ou en "V" : elles sont alors étroites et profondes. Elles peuvent aussi être en "U" ou en "cratère" et être dans ce cas plutôt larges, peu profondes et à bords nets ou arrondis. Enfin, les cicatrices atrophiques peuvent être quadrangulaires et apparaître larges et profondes.

• Cicatrices hypertrophiques : Les cicatrices hypertrophiques, aussi appelées cicatrices en relief, sont au contraire légèrement boursouflées et sont caractérisées par une sorte d'excroissance du tissu cutané. Elles sont dues à la formation d’une seconde couche de peau venue recouvrir les tissus cicatriciels pendant la phase de guérison du bouton d'acné. Les cicatrices hypertrophiques résultent donc d'un surplus de collagène.

Les cicatrices d'acné sont fréquemment confondues avec les taches rouges (érythème post-inflammatoire) ou marrons (hyperpigmentation post-inflammatoire) que laissent les boutons. Pourtant, même si elles peuvent perdurer plusieurs mois sur la peau, ces dernières ne concernent que les couches superficielles de l'épiderme et ne provoquent ni creux ni surélévation de la peau.

Si l'acné est sévère, il n'y a pas de solution efficace pour estomper voire effacer les cicatrices, en dehors de la chirurgie et de la médecine esthétique.

Toutefois, avant d'envisager tout traitement des cicatrices acnéiques, il faut s'assurer que la crise inflammatoire soit finie. Si vous avez suivi un traitement par isotrétinoïne (anciennement Roaccutane), celui-ci doit être terminé depuis au moins six mois. Cela est important car, en plus d'être potentiellement inutile, la prise en charge des cicatrices d'acné pourrait déclencher une réaction inflammatoire, et donc une nouvelle poussée d'acné. Pour atténuer les cicatrices laissées par les boutons d'acné, voici les différents recours qui existent.

Traitement n°1 des cicatrices d'acné : le peeling dermatologique.

Le peeling dermatologique est une procédure pratiquée pour éliminer les cicatrices atrophiques et hypertrophiques. Il nécessite d'appliquer un exfoliant très puissant sur la peau, souvent du phénol, entre 15 et 60%, ou de l'acide trichloroacétique (TCA), entre 10 et 70%. Le peeling chimique provoque la destruction contrôlée d'une partie ou de la totalité de l'épiderme, avec ou sans le derme, ce qui entraîne la desquamation des lésions superficielles, suivie de la régénération de nouveaux tissus épidermiques et dermiques, laissant place à une peau plus lisse avec des cicatrices moins visibles. À noter qu'après un peeling dermatologique, la peau est très sensible. Une crème cicatrisante doit être appliquée quotidiennement les semaines suivant le traitement et toute exposition au soleil doit être évitée.

Une étude s'est intéressée aux effets d'un peeling à 70% de TCA sur les cicatrices atrophiques de 53 patients. Ces derniers ont été suivis pendant une période de trois mois. Une amélioration bonne ou excellente (>50%) a été observée chez 66% des personnes et celles-ci se déclaraient satisfaites à très satisfaites dans 81,1% des cas.

Traitement n°2 des cicatrices d'acné : la microdermabrasion.

La microdermabrasion est une méthode non invasive et relativement douce qui peut être utilisée pour atténuer les cicatrices d’acné. Son principe repose sur une exfoliation mécanique contrôlée des couches superficielles de l’épiderme, à l’aide de microcristaux, généralement d’oxyde d’aluminium, projetés à haute vitesse, ou via une tête abrasive en diamant. Cette abrasion stimule le renouvellement cellulaire, favorise l’élimination des cellules mortes et accélère la régénération cutanée. En induisant une légère inflammation locale, la microdermabrasion active la production de collagène et améliore progressivement la texture de la peau. Pour obtenir des résultats perceptibles sur les cicatrices d’acné, un protocole de plusieurs séances est nécessaire — généralement entre 5 et 10 — espacées de 2 à 3 semaines. La microdermabrasion est généralement bien tolérée et présente un risque faible d’effets secondaires, à condition qu’elle soit réalisée par un professionnel formé.

Traitement n°3 des cicatrices d'acné : le laser.

Le laser est particulièrement efficace pour traiter les cicatrices hypertrophiques. Il vise à blesser la peau de manière ciblée en projetant le laser de façon successive sur la zone à traiter afin de stimuler le renouvellement cellulaire. Il existe un large éventail de lasers : laser Fraxel, laser au CO2, etc... Cette technique a pour objectif d’uniformiser la peau en corrigeant les petits creux ou les petites surélévations causés par l’acné. Cependant, il est fortement probable que le traitement au laser exige plusieurs séances pour parvenir à estomper les cicatrices et obtenir des résultats durables. Certaines études montrent aussi que combiner le laser avec un autre traitement peut se révéler très efficace pour éliminer les cicatrices d'acné.

Il est par exemple possible d'associer un traitement ablatif fractionnel au laser CO2 avec un traitement par radiofréquence fractionnée en microplasma. Une étude réalisée avec 64 patients a montré que cette association aidait plus efficacement à réduire la visibilité des cicatrices d'acné que le laser seul. D'autres travaux, effectués avec 30 patients, ont utilisé un laser CO2 fractionnel sur un côté du visage et un laser CO2 fractionnel suivi d’injections intradermiques de plasma riche en plaquettes (PRP) sur l’autre moitié. Dans les deux groupes, les effets étaient satisfaisants. Cependant, la synergie des traitements a contribué à une meilleure amélioration des cicatrices atrophiques.

Traitement n°4 des cicatrices d'acné : les injections d'acide hyaluronique.

Les injections d'acide hyaluronique peuvent être proposées pour atténuer les cicatrices atrophiques peu profondes, notamment les cicatrices en forme de vagues. Le principe repose sur l'injection ciblée d'acide hyaluronique sous la dépression cutanée afin de redonner du volume et de lisser la surface de la peau. Ce comblement mécanique permet de réduire visuellement l’irrégularité de l'épiderme. Toutefois, l’acide hyaluronique étant une molécule naturellement résorbable par l’organisme, ses effets sont temporaires : une nouvelle injection est généralement nécessaire tous les 6 à 12 mois pour maintenir les résultats. Réputées sûres, les injections d'acide hyaluronique ne doivent toutefois pas être prises à la légère : il s'agit d'une procédure de médecine esthétique qui doit être pratiquée par un professionnel et qui s'accompagne de potentiels effets secondaires (œdèmes, rougeurs, infections...).

Traitement n°5 des cicatrices d'acné : la radiofréquence.

La radiofréquence est une technique qui repose sur l’émission d’ondes électromagnétiques à haute fréquence, capables de chauffer les couches profondes du derme sans endommager l’épiderme. Cette élévation thermique stimule l’activité des fibroblastes, les cellules responsables de la synthèse du collagène et de l’élastine. En réactivant ce processus de régénération cutanée, la radiofréquence contribue progressivement à améliorer la densité et la fermeté du derme. Elle est particulièrement indiquée pour atténuer les cicatrices atrophiques modérées, en restaurant partiellement le volume perdu. Le protocole nécessite généralement une cure de 3 à 4 séances, espacées d’environ un mois, afin d’induire une production suffisante de collagène et d’obtenir un résultat visible et durable. De nombreuses études ont été faites concernant l'utilisation de la radiofréquence pour diminuer les cicatrices d'acné. Les résultats de quelques-unes d'entre elles sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Traitement n°6 des cicatrices d'acné : les injections de corticoïdes.

Autre possibilité pour traiter les cicatrices d'acné, notamment les cicatrices hypertrophiques : les injections intralésionnelles de corticoïdes. Il s'agit d'injecter un dérivé de la cortisone – le plus souvent de la triamcinolone acétonide à des concentrations de 10 à 40 mg/mL – directement dans la lésion. L’objectif est de réduire le volume de la cicatrice. Cela est permis par l'effet antimitotique des corticoïdes injectés, qui freinent la prolifération des fibroblastes et des kératinocytes responsables d’une production excessive de collagène. Les corticoïdes pourraient aussi favoriser la dégradation du collagène accumulé en inhibant une molécule protectrice des dépôts, l’alpha-2-macroglobuline.

Pour optimiser la diffusion du produit dans le tissu cicatriciel, une cryothérapie légère à l’azote liquide peut être réalisée 10 à 15 minutes avant l’injection. L’usage d’une crème anesthésiante ou d’une injection associée de lidocaïne est souvent recommandé afin d’améliorer le confort du patient. Parmi les effets indésirables potentiels figurent une dépigmentation, une atrophie cutanée, des télangiectasies ou, plus rarement, des infections locales.

Traitement n°7 des cicatrices d'acné : le microneedling.

Le microneedling est une technique de stimulation cutanée qui consiste à créer des micro-perforations à la surface de la peau à l’aide de multiples aiguilles très fines, généralement d’une longueur inférieure à 0,5 mm. Ces micro-lésions, bien que superficielles, sont perçues par l’organisme comme un signal de réparation, déclenchant une cascade régénérative dans les tissus cutanés. Cette réaction physiologique conduit à la synthèse de nouvelles fibres de collagène et à un remodelage de la structure de la peau, utile pour atténuer la visibilité des cicatrices d'acné. Le principal avantage du microneedling réside dans son caractère peu invasif, réalisable en cabinet, avec un temps de récupération limité et un risque faible d’effets indésirables lorsqu’il est correctement réalisé.

Une étude clinique prospective a été menée afin d’évaluer l’efficacité du microneedling dans la prise en charge des cicatrices d’acné atrophiques. Dix patients présentant différents types de cicatrices atrophiques ont suivi un protocole de six séances de microneedling, espacées de deux semaines, sur une durée totale de trois mois. Une amélioration visible des cicatrices a été observée chez l'ensemble des participants. Des analyses histologiques ont aussi révélé une augmentation significative des collagènes de types I, III et VII, ainsi que du collagène nouvellement synthétisé. En parallèle, une diminution significative de l’élastine totale a été observée, ce qui suggère un remodelage de la matrice extracellulaire vers une structure plus fonctionnelle. Le tableau ci-dessous donne plus de précisions sur les modifications de la matrice extracellulaire suite au microneedling.

Conseil : Sachant qu'il est difficile de venir à bout des cicatrices d'acné, il est préférable d'adopter des gestes préventifs pour éviter leur apparition. Évitez de toucher vos boutons et n'attendez pas pour consulter un dermatologue si vous souffrez d'acné. Plus l'acné est sévère et la mise en route du traitement tardive, plus les risques de cicatrices sont importants.

• JEMEC B. & al. Acne: treatment of scars. Clinics in Dermatology (2004).

• MITTAL A. & al. Therapeutic response of 70% trichloroacetic acid CROSS in atrophic acne scars. Dermatologic Surgery (2015).

• MEDHAT W. & al. Microneedling therapy for atrophic acne scars an objective evaluation. Journal of Clinical and Aesthetic Dermatology (2015).

• PLATSIDAKI E. & al. Chemical peels in active acne and acne scars. Clinics in Dermatology (2017).

• CARDONA A. & al. Laser treatment for facial acne scars: a review. Journal of Cosmetic & Laser Therapy (2018).

• DENG Y. & al. Ablative fractional CO2 laser for facial atrophic acne scars. Facial Plastic Surgery (2018).

• SHANMUGAM G. & al. Disintegration of collagen fibrils by glucono-delta-lactone: an implied lead for disintegration of fibrosis. International Journal of Biological Macromolecules (2018).

• SIVAMANI R. K. & al. Acne scars: how do we grade them? American Journal of Clinical Dermatology (2018).

• LEE J. & al. Acne scarring management: systematic review and evaluation of the evidence. American Journal of Clinical Dermatology (2018).

• TARAR M. N. & al. Efficacy of micro-needling on post acne scars. Journal of Ayub Medical College Abbottabad (2019).

• JACOB C. & al. A review and update of treatment options using the acne scar classification system. Dermatologic Surgery (2019).

• NOWICKA D. & al. Methods for the improvement of acne scars used in dermatology and cosmetology: a review. Journal of Clinical Medicine (2022).