Outre sa structure novatrice en nanofibres, ce patch est principalement intéressant en raison du caractère séquentiel de la libération de ses actifs, attesté lors d'un test mené in vitro.
Les fibres contenant l'acide salicylique ont montré une libération rapide, avec plus de 70% de l'acide salicylique relâché dans la première heure. Cet effet, appelé libération en rafale ou "burst release" en anglais, est dû à la localisation de l'acide salicylique dans la couche externe des fibres, ce qui facilite son contact immédiat avec le milieu extérieur. Cette propriété est particulièrement adaptée pour son rôle kératolytique, visant à éliminer rapidement les cellules mortes à la surface de la peau.
En revanche, l'hydrocortisone a montré une libération progressive et prolongée. Dans la première heure, environ 40% de l'hydrocortisone a été libérée, suivie d'une diffusion continue atteignant 80% après trois jours et 90% au bout d'une semaine. Cette libération retardée s'explique par la disposition de l'hydrocortisone dans une couche interne des fibres, protégée par les couches extérieures. Ces couches agissent comme une barrière de diffusion et permettent une libération progressive de l'hydrocortisone.
La libération séquentielle des actifs permet une prise en charge plus efficace et simplifiée pour le patient, avec une seule application quotidienne du patch.
Par ailleurs, afin de vérifier que les actifs du patch étaient correctement absorbés par la peau, les chercheurs ont effectué des tests de perméation cutanée sur des échantillons de peau porcine dorsale et ont comparé les résultats à ceux obtenus avec des crèmes "classiques" à 3% d'acide salicylique et à 1% d'hydrocortisone. Il a été montré que le patch en fibres permettait une pénétration plus importante de l’hydrocortisone dans l’épiderme et le derme, évaluée à 4,5% pour chaque couche, contre moins de 1,5% pour la crème standard. En ce qui concerne l'acide salicylique, la perméation de cet actif était similaire entre le patch et la pommade. Ce résultat n'est toutefois pas surprenant, l'acide salicylique libéré étant censé rester principalement à la surface de la peau et exercer un rôle kératolytique.
Néanmoins, cette augmentation de la perméation de l’hydrocortisone dans les différentes couches de la peau soulève une question importante : le risque d’effets secondaires systémiques est-il plus élevé par rapport aux crèmes ? Bien que l’hydrocortisone soit un actif courant de l'arsenal thérapeutique contre le psoriasis, une absorption accrue pourrait augmenter la fréquence et l'intensité des effets indésirables, notamment en cas d’utilisation prolongée ou répétée. Il serait ainsi bon que des études complémentaires soient menées afin d'évaluer ces éventuels risques.
Enfin, l'effet anti-inflammatoire de ce patch a été testé in vitro. Pour cela, les nanofibres du patch ont été co-cultivées avec des kératinocytes humains pendant 24 et 48 heures. Les niveaux d'IL-6, une cytokine pro-inflammatoire impliquée dans la pathogenèse du psoriasis, ont été mesurés avant et après, et une diminution significative de cette molécule a été enregistrée au fil du temps. Ces résultats nous permettent de supposer que ce patch pourrait significativement atténuer les inflammations cutanées.
Ce patch en nanofibres pourrait ainsi avoir un réel intérêt dans le traitement du psoriasis.
De plus, au-delà du psoriasis, ce dispositif présente un potentiel d’application pour d’autres dermatoses, telles que l’eczéma. La possibilité de moduler les ingrédients actifs et leur libération ouvre également des perspectives intéressantes dans le domaine de la cicatrisation des plaies, en reproduisant des environnements propices à la régénération cutanée. Néanmoins, bien que les résultats soient prometteurs, plusieurs étapes restent nécessaires avant une mise à disposition pour les patients et des essais cliniques doivent encore être réalisés pour valider l’efficacité et la sécurité du patch sur des groupes de patients atteints de psoriasis.