Certaines molécules présentes dans notre alimentation ou disponibles sous forme de compléments alimentaires ont montré un léger effet photoprotecteur au cours de travaux de recherche. Néanmoins, l'intensité de cet effet, sa durabilité, et surtout sa pertinence clinique, sont encore débattues. De plus, s'il est conseillé d'avoir une alimentation variée et équilibrée, nous vous recommandons de demander l'avis d'un médecin avant de commencer à vous supplémenter.
Vitamines C et E : une synergie photoprotectrice modérée.
Individuellement, ni la vitamine C (acide ascorbique) ni la vitamine E (α-tocophérol) n’ont démontré d’effet photoprotecteur convaincant in vivo. En revanche, leur association orale induirait une légère élévation de la dose érythémateuse minimale (MED), traduisant une résistance accrue de la peau aux UVB. Trois études contrôlées ont rapporté une augmentation modeste mais significative de la MED, variant de 16,5 à 80 mJ/cm2, attribuée à la capacité de la vitamine C à régénérer la vitamine E oxydée dans les membranes cellulaires. À titre d'exemple, l'une de ces études a été effectuée avec 45 volontaires de phototypes II à IV divisés en trois groupes. Pendant une semaine, le premier a reçu quotidiennement 805 mg d'α-tocophérol, le second, 2 g d'acide ascorbique, et le troisième, 805 mg d'α-tocophérol et 2 g d'acide ascorbique. Les résultats suivants ont été obtenus, montrant une légère augmentation de la MED dans les groupes 1 et 3.
MED avant et après prise pendant une semaine de vitamine C et/ou de vitamine E.
Source : CORTES-FRANCO R. & al. UVB photoprotection with antioxidants: effects of oral therapy with d-alpha-tocopherol and ascorbic acid on the minimal erythema dose. Acta dermato-venereologica (2002).
Caroténoïdes : un rôle antioxydant protecteur.
Les caroténoïdes, tels que le lycopène, la lutéine, la zéaxanthine et les provitamines A comme le β-carotène, sont naturellement présents dans les fruits et les légumes. Ils s'accumulent préférentiellement dans l’épiderme, où ils agissent comme des piégeurs de radicaux libres, protégeant ainsi les structures cellulaires des effets délétères des UV. Le β-carotène est le plus étudié des caroténoïdes. Son effet protecteur a été observé dès les années 1970 chez des patients atteints de protoporphyrie érythropoïétique, une maladie génétique rare se traduisant entre autres par une hypersensibilité de la peau à la lumière. Chez les sujets sains, les résultats sont plus nuancés. Une réduction modeste de la MED a été rapportée par certaines études, mais uniquement après 6 semaines de supplémentation continue à des doses supérieures à 10 mg/jour.
En ce qui concerne le lycopène, un autre caroténoïde, deux études cliniques ont exploré son effet sur l'érythème induit par les UVB. Dans la première, 11 participants ont reçu pendant 10 semaines du concentré de tomate renfermant 16 mg de lycopène. Après cela, une réduction de 40% de l’érythème sur le dos de la main suite à une irradiation à la MED a été constatée. Dans la seconde étude, 36 volontaires ont été randomisés pour recevoir du lycopène synthétique, de l’extrait de tomate ou une boisson au lycopène pendant 12 semaines. Les trois formes ont légèrement augmenté les taux de lycopène cutané et réduit l’érythème de 38 à 48%. Davantage de travaux sont nécessaires mais le lycopène semble être un antioxydant intéressant pour protéger la peau.
Nicotinamide : une vitamine photoprotectrice.
Le nicotinamide, ou niacinamide, est un précurseur du NAD+, un cofacteur indispensable à la réparation de l’ADN et à la réponse immunitaire post-UV. Contrairement à d’autres vitamines, ses effets photoprotecteurs ont été évalués dans plusieurs essais cliniques, avec des résultats prometteurs. Une étude de phase III, randomisée en double aveugle, a inclus près de 400 participants ayant eu au moins deux cancers cutanés non mélanocytaires (carcinome basocellulaire ou spinocellulaire) au cours des cinq dernières années. Ils ont reçu 500 mg de nicotinamide deux fois par jour pendant 12 mois ou un placebo.
À l'issue de l'année, le groupe nicotinamide a présenté une réduction significative de 23% du nombre de nouveaux cancers cutanés non mélanocytaires par rapport au groupe placebo. Le nombre de kératoses actiniques, des lésions précancéreuses, a également diminué de manière significative dès le troisième mois. Cependant, les bénéfices n'ont pas persisté après l'arrêt de la supplémentation.