Lorsque l’acné devient sévère, nodulaire ou qu’elle résiste aux traitements topiques, malgré une bonne observance, les rétinoïdes oraux, plus spécifiquement l’isotrétinoïne, représentent l’option la plus efficace actuellement disponible. Leur efficacité repose sur leur capacité à agir sur l’ensemble des mécanismes liés à l’acné. En plus de normaliser le renouvellement cellulaire et d'avoir une action anti-inflammatoire, l'isotrétinoïne a un effet sébostatique qu'on ne retrouve pas dans les rétinoïdes topiques. En effet, cette molécule inhibe l'activité des glandes sébacées, réduisant ainsi la production de sébum. Par ailleurs, certaines études ont montré qu'elle était capable de les atrophier, une propriété particulièrement intéressante pour prévenir la rechute de l'acné chez les peaux grasses.
L’isotrétinoïne exerce également un effet antibactérien indirect en modifiant l’environnement folliculaire. En effet, en inhibant la prolifération des sébocytes et en induisant leur dédifférenciation en kératinocytes, elle réduit significativement la production de sébum, qui constitue le principal substrat nutritif de C. acnes. Cette diminution de sébum limite la colonisation du canal pilaire par la bactérie, sans toutefois que la molécule possède une action bactéricide ou bactériostatique. De plus, contrairement aux antibiotiques oraux fréquemment utilisés dans l’acné, l’isotrétinoïne n'entraîne pas de résistance bactérienne.
Une revue systématique a analysé les données issues de 11 essais cliniques randomisés portant sur l’efficacité de l’isotrétinoïne dans le traitement de l’acné, regroupant au total 760 patients. Les participants présentaient le plus souvent une acné modérée à sévère. Dans l’ensemble des études, l’isotrétinoïne s’est montrée plus efficace que les traitements de contrôle (placebo, antibiotiques oraux ou autres), avec une réduction significative et cliniquement pertinente du nombre de lésions acnéiques. Toutefois, ce bénéfice s’accompagne d’un risque accru d’effets indésirables : leur fréquence était deux fois plus élevée dans les groupes sous isotrétinoïne (751 événements) que dans les groupes contrôle (388 événements). La majorité des effets rapportés étaient cutanés et liés à la sécheresse (xérose, chéilite), mais certains cas plus graves ont entraîné des arrêts de traitement, notamment suite à une élévation des enzymes hépatiques.
L'isotrétinoïne est prescrite à des doses comprises entre 0,5 et 1 mg/kg/jour, avec un objectif cumulatif situé autour de 120 à 150 mg/kg, atteignable après plusieurs mois de traitement. Pour limiter la purge et les effets secondaires associés à l'isotrétinoïne, il est possible de commencer par un faible dosage (0,2 mg/kg/jour) et de l'augmenter progressivement. Atteindre la dose cumulative permet de maximiser les chances de rémission à long terme. Une dose cumulée insuffisante est d’ailleurs associée à un risque accru de rechute après l'arrêt du traitement. Dans ce cas, une nouvelle cure peut être envisagée.
Si l'isotrétinoïne est aujourd'hui la solution la plus efficace pour lutter contre l'acné, elle est loin d'être exempte d'effets indésirables, comme mentionné plus haut. Le plus fréquent est la xérose, au niveau de la peau et des muqueuses : lèvres sèches, sécheresse oculaire, nasale ou cutanée sont quasiment systématiques. Des douleurs articulaires et musculaires surviennent également assez fréquemment, de même qu'une augmentation des taux de cholestérol et de transaminases, des enzymes hépatiques, c'est-à-dire présentes dans le foie. Des bilans sanguins sont ainsi prescrits tous les trois mois pour surveiller ces paramètres. Cela dit, l'un des risques les plus importants de l'isotrétinoïne est son haut potentiel tératogène : une grossesse sous isotrétinoïne expose à un risque malformatif majeur (jusqu’à 35% d'après une étude de FELDMAN), ce qui impose une contraception rigoureuse pendant toute la durée du traitement et un mois après l’arrêt, de même qu'une prise de sang mensuelle pour vérifier l'absence de grossesse.
L’isotrétinoïne est aujourd'hui la seule molécule à offrir un potentiel de guérison prolongée de l’acné.