Les mythes sur le rétinol.

5 idées reçues sur le rétinol.

Dérivé stable de la vitamine A, le rétinol est considéré comme l'un des composés les plus efficaces pour lutter contre les signes de l'âge et le relâchement cutané. Malgré sa popularité, il fait souvent l'objet de confusions. Nous revenons avec vous sur 5 idées reçues à son sujet.

Idée reçue n°1 : Si un produit avec du rétinol irrite la peau, c'est qu'il est efficace.

Oui et non.

Le rétinol est un principe actif ayant un pouvoir sensibilisant, pouvant provoquer sécheresse cutanée, picotements, tiraillements, inconfort, desquamation, rougeurs... C'est pourquoi il est généralement déconseillé aux peaux sensibles et réactives. Une irritation après l'application d'un cosmétique ne doit pas être interprétée comme un signe d'efficacité. Au contraire, elle indique que le produit n'est pas adapté aux besoins de la peau et ne lui convient pas.

Cela étant dit, il est important de préciser que le rétinol demande à la peau un temps d'adaptation ; si de légères rougeurs supportables apparaissent, cela ne nécessite pas forcément de stopper son utilisation mais seulement d'espacer les applications à un soir sur deux, voire un soir sur trois. De plus, il est aussi possible de commencer à une faible dose, comme 0,01% ou 0,05%, puis d'augmenter progressivement la concentration de rétinol. Pour rappel, l'utilisation de cet actif dans les produits cosmétiques non rincés est limitée à 0,3% par le Règlement Européen No 1223/2009.

Comme pour tout cosmétique, avant d'intégrer un nouveau produit à base de rétinol dans votre routine, nous vous conseillons de faire un test cutané pour vous assurer que votre peau le tolère bien.

Idée reçue n°2 : Le rétinol, c'est uniquement pour la peau.

Non.

Il est vrai que le rétinol est surtout connu pour ses bienfaits pour la peau. Cependant, on retrouve également cet actif dans certains shampooings ou sérums capillaires où il aide principalement à prévenir l'accumulation de cellules mortes à la surface du cuir chevelu. En effet, bien que le rétinol ne soit pas considéré comme un exfoliant à proprement parler, il accélère le renouvellement cellulaire et aide à normaliser la desquamation, ce qui contribue à l'élimination rapide des cellules de l'épiderme. Cette propriété capillaire du rétinol est notamment intéressante pour les personnes sujettes aux pellicules, ces dernières étant le résultat d'amas de cellules de l'épiderme agglutinées entre elles.

Par ailleurs, certaines études suggèrent que le rétinol pourrait favoriser la pousse des cheveux, en association avec le minoxidil, un médicament parfois prescrit en cas d'alopécie androgénétique. Des travaux in vitro sur des follicules pileux humains se sont intéressés à cette combinaison en 2007. Les chercheurs ont pour cela incubé des follicules pileux humains avec différentes concentrations de minoxidil, associé ou non à du rétinol, pendant 12 jours. La croissance des cheveux a ensuite été suivie. Une pousse significativement plus importante a été observée au niveau des follicules pileux incubés avec 1 µM de minoxidil et 17 nM par rapport à ceux du milieu de culture avec seulement 1 µM de minoxidil, comme le montre le graphique ci-dessous. Il est ainsi possible que le rétinol puisse renforcer l'action du minoxidil sur les cheveux, même si davantage d'investigations sont encore nécessaires. Par ailleurs, seule la combinaison minoxidil et rétinol a été étudiée. Il n'est pas certain que le rétinol seul ait la même action.

Effet du minoxidil seul ou en association avec du rétinol sur la croissance de cheveux (culture de follicules pileux in vitro).
Effet du minoxidil seul ou en association avec du rétinol sur la croissance de cheveux (culture de follicules pileux in vitro).
Source : KIM K. H. & al. The Additive Effects of Minoxidil and Retinol on Human Hair Growth in Vitro. Biological and Pharmaceutical Bulletin (2007).

Idée reçue n°3 : Le rétinol est réservé aux peaux matures.

Non.

Sans que cela soit forcément visible, la dégénérescence cellulaire commence aux alentours de vingt ans. C'est donc le bon moment pour commencer à intégrer des actifs permettant de prévenir le vieillissement cutané. En effet, dès la vingtaine, la production de collagène et d'élastine, les protéines du derme qui sous-tendent la peau et assurent sa souplesse et son élasticité, commence à diminuer. Par ailleurs, les glycosaminoglycanes, comme l'acide hyaluronique, voient aussi leur synthèse réduite, rendant la peau plus sujette à la déshydratation, à la perte de volume et à l'apparition de rides et de ridules.

Il est tout à fait possible et pertinent d'intégrer des rétinoïdes dans sa routine de soin dès la vingtaine.

Idée reçue n°4 : Le rétinol est dangereux pendant la grossesse.

Oui.

En 2018, l'Agence Européenne des Médicaments (EMA) a décidé d’harmoniser les contre-indications relatives à la grossesse pour les médicaments contenant un rétinoïde, qu’ils soient administrés par voie orale ou cutanée. 

Avant cette mise à jour, seules les formes orales de rétinoïdes, comme l'isotrétinoïne, plus connue sous le nom du médicament Roaccutane, étaient formellement contre-indiquées en raison de leurs effets tératogènes avérés pouvant entraîner des malformations congénitales sévères. Cependant, suite à une réévaluation du rapport bénéfices/risques concernant les rétinoïdes dans leur ensemble, l'EMA a étendu cette contre-indication aux rétinoïdes topiques. En effet, ces molécules jouent un rôle dans l'embryogenèse et la reproduction.

D'un point de vue mécanistique, les effets tératogènes des rétinoïdes sont causés par des modifications dans la migration et la différenciation des cellules. Plus précisément, l’isotrétinoïne perturbe le mouvement des cellules de la crête neurale, une population de cellules importantes pour le développement du système nerveux, ce qui peut entraîner leur mort cellulaire. Cette perturbation explique la survenue de malformations des structures craniofaciales, cardiaques et thymiques caractéristiques des rétinoïdes. En outre, les rétinoïdes affectent le développement du cerveau, notamment dans la région du rhombomère, impliquée dans la formation de certaines parties du système nerveux central. Cela peut entraîner des anomalies graves, telles qu'une hypoplasie cérébelleuse, c'est-à-dire un développement insuffisant du cervelet, ou une malformation de la moelle épinière. Ces effets peuvent nuire aux fonctions cérébrales et affecter le développement intellectuel et moteur. Bien qu'aucune étude n'ait été réalisée spécifiquement sur le rétinol, le même principe de précaution s'applique concernant ce dérivé de la vitamine A : cet actif ne doit pas être utilisé pendant la grossesse.

Idée reçue n°5 : Le rétinol doit être appliqué le soir.

Oui.

On dit souvent que le rétinol et les rétinoïdes de façon générale sont photosensibilisants. Pourtant, les études scientifiques concernant le potentiel photosensibilisateur des rétinoïdes topiques ne vont pas dans ce sens et ne parviennent pas à montrer que l'application de rétinoïdes rend la peau plus sensible au soleil. À noter qu'on parle là uniquement des rétinoïdes topiques car l'isotrétinoïne est considérée comme photosensibilisante par la Food and Drug Administration (FDA), l'agence américaine chargée de la surveillance des produits alimentaires et des médicaments. Néanmoins, malgré le manque de preuves concernant les risques de photosensibilisation induits par le rétinol et les rétinoïdes topiques, il est vrai qu'il est préférable d'utiliser ces actifs le soir.

En effet, comme tous les rétinoïdes, le rétinol est une molécule comportant de nombreuses doubles liaisons conjuguées dans sa structure chimique. Cette particularité rend ces composés susceptibles de subir des réactions photochimiques, comme une isomérisation, une dimérisation ou encore une oxydation. Ainsi, lors d'une exposition au soleil, le rétinol présent à la surface de la peau peut se transformer en différents intermédiaires réactifs qui peuvent être préjudiciables pour la peau. C'est pourquoi on recommande d'appliquer le rétinol et les rétinoïdes de façon générale en fin de journée et d'utiliser une protection solaire le lendemain matin.

Structure chimique de quelques rétinoïdes.
Structure chimique de quelques rétinoïdes.
Source : PLUTZKY J. & al. Retinoid metabolism and diabetes mellitus. Diabetes and Metabolism Journal (2012).

Sources

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