Eczéma : le ciclopirox olamine peut-il lutter contre cette dermatose ?

L’eczéma est une maladie inflammatoire chronique de la peau marquée par des rougeurs, une sécheresse cutanée et des démangeaisons parfois intenses. Si elle est classiquement associée à une altération de la barrière cutanée, à une hyperréactivité immunitaire et à des facteurs environnementaux, plusieurs travaux récents mettent en évidence le rôle central du microbiote cutané dans sa physiopathologie. La prolifération de certains micro-organismes, comme Staphylococcus aureus, qui sécrète des antigènes capables d'activer les lymphocytes T, pourrait en effet exacerber ou entretenir l’inflammation cutanée. D’autres micro-organismes lipophiles, comme les levures du genre Malassezia, naturellement présentes dans les zones séborrhéiques, sont également suspectés d'induire des réponses immunitaires de type IgE et lymphocytaire T.

L’eczéma ne résulte pas uniquement d’une altération de la barrière cutanée : un déséquilibre du microbiote peut aussi y contribuer, ce qui justifie l’intérêt porté à certaines molécules antifongiques et antibactériennes, comme le ciclopirox olamine.

Souvent retrouvé dans les shampooings anti-pelliculaires ou dans les crèmes contre les mycoses, le ciclopirox olamine est un actif possédant des propriétés antifongiques, antibactériennes, mais aussi anti-inflammatoires. Son mode d'action repose sur la chélation des cations métalliques, notamment du fer et de l’aluminium, des métaux indispensables à l’activité enzymatique des micro-organismes. Par ailleurs, des études ont montré que le ciclopirox olamine pouvait inhiber l'activation de certaines enzymes pro-inflammatoires, telles que la cyclooxygénase et la 5-lipoxygénase, ce qui prévient la libération de cytokines pro-inflammatoires, comme l’IL-1β, l’IL-6 ou le TNF-α.

Le ciclopirox olamine pourrait donc être particulièrement pertinent contre l'eczéma. Une étude menée en double aveugle avec 50 personnes souffrant d'eczéma a évalué l'efficacité d'une crème à 1% de ciclopirox olamine, en la comparant à la même formule sans principe actif. Les participants ont appliqué quotidiennement l'un ou l'autre des soins pendant 28 jours. Leur efficacité a été évaluée à l’aide de l’indice EASI, évaluant l'étendue de l'eczéma, et un score de prurit a été attribué. Les résultats montrent une amélioration plus marquée de l’eczéma dans le groupe traité au ciclopirox olamine, notamment entre les jours 21 et 28, avec une différence statistiquement significative par rapport au groupe placebo. Toutefois, cette amélioration semble transitoire : après arrêt du traitement, une dégradation des scores IGA a été observée, suggérant une possible reprise de l’inflammation à l’arrêt de l’application antifongique. De plus, aucune différence significative n'a été observée pour le prurit.