La conception d'une protection solaire nécessite l’utilisation de filtres UV, comme le méthylène bis-benzotriazolyl tétraméthylbutylphénol. Pourtant, chez Typology, nous ne l'utilisons pas et lui préférons d'autres filtres solaires. Pourquoi est-il exclu de nos formulations ? Découvrez-le en poursuivant votre lecture.

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Pourquoi Typology n'utilise pas de méthylène bis-benzotriazolyl tétraméthylbutylphénol (MBBT) ?
Le méthylène bis-benzotriazolyl tétraméthylbutylphénol, un filtre UV controversé.
Le méthylène bis-benzotriazolyl tétraméthylbutylphénol, plus couramment appelé MBBT, est un filtre UV organique retrouvé dans bon nombre de produits solaires, mais qui est absent des soins Typology. Il a la particularité de présenter un large spectre d'absorption aux UV (290 à 400 nm). De plus, grâce à sa structure chimique, comprenant deux groupes benzotriazole reliés par un pont méthylène, il possède une excellente photostabilité, c'est-à-dire que la molécule résiste à la dégradation lorsqu'elle est exposée au soleil. Sur le plan réglementaire, l'utilisation du MBBT est autorisée jusqu'à 10% dans l'Union Européenne et ce filtre UV figure sur l'Annexe IV du Règlement (CE) n°1223/2009. Il n'est en revanche pas autorisé aux États-Unis, où la validation réglementaire des filtres UV est compliquée en raison du statut particulier des produits solaires, considérés comme des médicaments.
Dans les produits solaires, le MBBT peut être retrouvé sous deux formes : nanoparticulaire et non nanoparticulaire. La forme nano permet une meilleure dispersion et transparence sur la peau, évitant tout effet blanc, mais les deux formes sont aussi efficaces en termes de protection UV. Elles suscitent toutes les deux des interrogations concernant les risques qu'elles posent pour la peau et la santé des utilisateurs, ainsi que pour l'environnement.

Le MBBT est une substance peu absorbée mais très persistante.
Selon les évaluations du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC), le MBBT présente une absorption cutanée très faible. Une étude in vitro a montré que seulement 0,02% de la molécule appliquée sous sa forme nano traversait la peau humaine intacte, et environ 0,07% sur peau abîmée. Cela signifie que le risque systémique lié à une exposition cutanée reste limité. Ces résultats sont rassurants, d’autant que les nanoparticules suscitent des inquiétudes en raison de leur petite taille, qui pourrait leur permettre de franchir la barrière cutanée.
Par principe de précaution, nous n'utilisons pas de nanoparticules chez Typology.
Cependant, le MBBT est extrêmement hydrophobe, avec un log P estimé à 12,7, et possède une très faible solubilité dans l’eau, inférieure à 5 ng/L. Ces propriétés expliquent sa forte persistance dans l’environnement. En effet, lorsqu’il est rincé dans l’eau, par exemple à la plage, le MBBT tend à s'accumuler dans les sédiments et les organismes aquatiques, posant alors des risques potentiels pour les écosystèmes marins. Des traces ont été retrouvées dans les coquillages, les poissons et les crustacés, ce qui laisse présager un potentiel de bioaccumulation. Par ailleurs, le MBBT n'est pas biodégradable, autre caractéristique néfaste s'il se retrouve dans l'environnement.
La forme nano du MBBT soulève encore des inquiétudes.
Comme mentionné plus haut, le MBBT est souvent utilisé sous forme nanométrique. Toutefois, contrairement à la forme non-nano, selon le CSSC, les données sur sa génotoxicité restent insuffisantes. Pour rappel, la génotoxicité d'une substance désigne sa capacité à endommager l'ADN d'un organisme vivant. Le caractère génotoxique d'un composé est généralement une bonne indication de son potentiel cancérigène. Pour le moment, le comité n’a pas pu statuer fermement sur l’innocuité de la forme nano du MBBT en raison du manque de données actuellement disponibles. Des tests in vitro sur des lignées cellulaires animales n'ont pas mis en évidence d'effet génotoxique clair, mais les résultats n'ont pas été suffisamment concluants pour que le CSSC déclare une absence de danger.
Des tests d'inhalation ont également été effectués par le CSSC et ont montré une absence de toxicité aiguë pulmonaire à 0,488 mg/L avec des particules respirables de 1,4 µm. Malgré cela, le comité recommande de ne pas utiliser la forme nano dans des formulations en spray ou poudre libre, en raison du manque de recul sur la toxicité chronique par voie respiratoire. Cette prudence est d’autant plus justifiée que des particules de taille nanométrique peuvent théoriquement atteindre les alvéoles pulmonaires, ce qui ouvrirait la voie à un passage vers la circulation et des effets potentiellement délétères sur les tissus.
Le MBBT est suspecté d'être irritant pour la peau.
Plusieurs études menées sur des animaux ont exploré la toxicité aiguë, subchronique et les effets locaux du MBBT. Appliqué quotidiennement sur des rats pendant plusieurs semaines à des doses élevées (jusqu’à 2 000 mg/kg/jour), le MBBT n’a pas provoqué d’effets indésirables systémiques ou organiques notables. Toutefois, d'un point de vue de la tolérance locale, le flou demeure. En effet, des tests ont été faits sur des souris sur lesquelles du MBBT à 20% a été appliqué. Quelques cas isolés d'allergie cutanée ont été rapportés, de même que la formation de croûtes. Bien que la concentration utilisée soit deux fois supérieure à celle autorisée dans les soins cosmétiques, le CSSC a conclu qu'il serait "utile de surveiller les effets d’irritation possibles via les programmes de cosmétovigilance".
C'est pourquoi nous n'utilisons pas de MBBT dans nos produits solaires. Malgré son efficacité en matière de protection UV, ses incertitudes toxicologiques, son impact environnemental et son potentiel irritant local nous ont conduits à lui préférer des filtres solaires mieux documentés.
Sources
Règlement (CE) n°1223/2009 du Parlement Européen et du Conseil.
Scientific Committee on Consumer Safety (SCCS). Opinion on 2,2’-Methylene-bis-(6-(2H-benzotriazol-2-yl)-4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol). COLIPA n° 579 (2013).
Scientific Committee on Consumer Safety (SCCS). Opinion on 2,2'-Methylene-bis-(6-(2H-benzotriazol-2-yl)-4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol) (nano form). Submission III COLIPA n° 579 (2015).
SIRITHANABADEEKUL P. & al. Ultraviolet filters in sunscreen products labeled for use in children and for sensitive skin. Pediatric Dermatology (2020).
ALMEIDA I. F. & al. UV Filters: Challenges and Prospects. Pharmaceuticals (2022).
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