L’amiloxate, ou isoamyl-p-méthoxycinnamate, est une molécule organique assez souvent présente dans la composition des produits solaires. Néanmoins, ce filtre UV fait actuellement polémique car il aurait des effets néfastes sur la santé humaine et sur l'environnement. Faisons le point ensemble.

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- Pourquoi Typology n'utilise pas d'isoamyl-p-méthoxycinnamate (amiloxate) ?
Pourquoi Typology n'utilise pas d'isoamyl-p-méthoxycinnamate (amiloxate) ?
- L’essentiel à savoir sur l’isoamyl-p-méthoxycinnamate
- Amiloxate : pourquoi est-il controversé ?
- Sources
L’essentiel à savoir sur l’isoamyl-p-méthoxycinnamate.
Utilisé depuis plusieurs décennies dans les produits solaires, l’isoamyl-p-méthoxycinnamate, plus connu sous le nom d’amiloxate, est un filtre UV organique. Ce dernier est plus précisément un filtre UVB, c’est-à-dire qu’il absorbe les rayons dont la longueur d’onde est comprise entre 280 et 320 nm, notamment responsables des coups de soleil. Outre les écrans solaires, il entre dans la composition de nombreux produits cosmétiques, où il permet non seulement de protéger la peau ou les cheveux des rayons UV, mais où il agit aussi comme stabilisateur de formule, en limitant la photodégradation des ingrédients, notamment caractérisée par une décoloration et/ou une altération de texture ou d’odeur.

L’amiloxate est un ester issu de la réaction entre l’acide méthoxycinnamique et le 2-éthylhexanol, dont la formule brute est C18H26O3. Sa structure comporte une chaîne alkyle ramifiée et un noyau aromatique substitué par un groupement méthoxy (-OCH₃), ce qui confère à la molécule des propriétés d’absorption sélective des rayonnements UV. L'isoamyl-p-méthoxycinnamate est souvent associé à d'autres filtres, comme l’oxyde de titane ou l’oxybenzone, pour élargir son spectre de protection. En Europe, la concentration maximale d'amiloxate autorisée dans les produits solaires est réglementée à 10%, conformément à l’annexe VI du Règlement (CE) n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques. Dans d’autres régions du monde, comme les États-Unis ou l’Asie, cette réglementation varie.
Dans l'Union Européenne, en Australie, en Chine, en Inde et en Afrique du Sud, l'amiloxate peut être utilisé à une concentration maximale de 10%, tandis que ce filtre n'est pas autorisé aux États-Unis, au Canada et au Japon.
Amiloxate : pourquoi est-il controversé ?
L'amiloxate est reconnu pour sa capacité à protéger les cheveux et la peau des rayons nocifs du soleil. Toutefois, il est décrié à cause des arguments ci-après :
Quel est l'impact de l'isoamyl-p-méthoxycinnamate sur la santé ?
Plusieurs études in vitro ont mis en évidence la cytotoxicité potentielle de l’isoamyl-p-méthoxycinnamate. Dans des modèles cellulaires hépatiques humains (SMMC-7721), l’exposition à l'amiloxate entraîne une diminution significative du taux de survie cellulaire ainsi qu’une inhibition de la prolifération. Ce déclin s’accompagne d’une augmentation marquée des espèces réactives de l’oxygène, d’un affaiblissement du potentiel membranaire mitochondrial et d’une activation des voies de l’apoptose mitochondriale impliquant les protéines Bax, Bcl-2 et Caspase-3. L'isoamyl-p-méthoxycinnamate perturbe aussi l'équilibre redox intracellulaire en inhibant certaines enzymes antioxydantes, telles que la catalase, la glutathion peroxydase et la superoxyde dismutase, tout en augmentant des marqueurs de stress oxydatif, comme le malondialdéhyde et la lactate déshydrogénase.
De plus, des études menées sur des modèles animaux et cellulaires indiquent que l'isoamyl-p-méthoxycinnamate pourrait perturber le système endocrinien. Ce filtre a en effet montré une activité anti-œstrogénique et anti-androgénique dans des tests in vitro utilisant des levures exprimant les récepteurs humains des œstrogènes (ERα) et des androgènes. Par ailleurs, des études effectuées chez des rats avec de l'octinoxate, un filtre solaire possédant une structure similaire à celle de l'amiloxate, ont montré qu'il pouvait interférer avec l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien. Bien que les données relatives à l'isoamyl-p-méthoxycinnamate soient moins nombreuses, sa structure similaire à celle de l'octinoxate amplifie les préoccupations.
Enfin, l’isoamyl-p-méthoxycinnamate est reconnu comme un photoallergène potentiel. Bien que les cas soient rares, plusieurs études ayant effectué des photopatch-tests ont rapporté des réactions allergiques ou photoallergiques liées à l'amiloxate. Dans une étude regroupant 111 patients ayant présenté une réaction positive, deux cas de photoallergie à ce filtre solaire ont été recensés, soit un taux de réaction de 1,8%. Bien que faible, ce taux montre un risque photoallergique non négligeable de l'isoamyl-p-méthoxycinnamate.
Quel est l'impact de l'isoamyl-p-méthoxycinnamate sur l'environnement ?
Les filtres UV chimiques, dont l’isoamyl-p-méthoxycinnamate, ne restent pas confinés à la surface de la peau. Une fois rincés, notamment lors de la baignade ou de la douche, ils se dispersent dans les milieux aquatiques. Plusieurs études et initiatives politiques alertent aujourd’hui sur les effets écologiques de cette contamination, notamment en milieu marin. L’un des impacts les plus préoccupants concerne les récifs coralliens. Des observations ont mis en évidence un blanchiment des coraux au contact de certains filtres UV, y compris l’isoamyl-p-méthoxycinnamate. Ce phénomène, qui traduit un stress cellulaire extrême pour les coraux, compromet leur survie et fragilise l’ensemble de l’écosystème maritime. En réponse à cette menace, l’État d’Hawaï a initié un projet de loi visant à restreindre l’usage de produits solaires contenant des filtres UV jugés nocifs pour les océans, parmi lesquels figurent l’oxybenzone et l’amiloxate.
Le gouvernement des Palaos a également pris position. Dès 2018, il a promulgué une loi interdisant l’usage et la vente de soins solaires intégrant dix substances chimiques, dont l’isoamyl-p-méthoxycinnamate. Cette réglementation s’accompagne de sanctions financières : en cas d'infraction, les détaillants s’exposent à une amende de 1 000 dollars US, traduisant la volonté ferme de mieux préserver les milieux aquatiques. Face à ces signaux d’alerte, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) adopte une position plus nuancée. Si elle ne tranche pas formellement en faveur ou en défaveur de l’utilisation de l’isoamyl-p-méthoxycinnamate, elle demeure attentive aux données émergentes.
Sources
MCFADDEN J. P. & al. Photoallergic contact dermatitis is uncommon. British Journal of Dermatology (2001).
Règlement (CE) n°1223/2009 du Parlement Européen et du Conseil.
COIFFARD L. & al. UV Filters, Ingredients with a Recognized Anti-Inflammatory Effect. PLOS One (2012).
PEKALA E. & al. Cinnamic acid derivatives in cosmetics: current use and future prospects. International Journal of Cosmetic Science (2018).
WU Y. & al. Human health risk assessment of cinnamate UV absorbers: In vitro and in silico investigations. Environment International (2023).
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