La natation est un sport qui séduit un nombre croissant d’adeptes, qu’il s’agisse d’une pratique occasionnelle pour le bien-être, d’un entraînement régulier ou d’une discipline exercée à un niveau professionnel. Renforcement musculaire, amélioration de la capacité respiratoire, faible impact sur les articulations... Il est vrai que la natation a de quoi plaire. Cependant, malgré ses avantages, les nageurs font face à un problème cutané fréquent : la xérose. Caractérisée par une peau rugueuse, des tiraillements, voire des desquamations et des fissures, cette dernière résulte d’une altération de la fonction barrière cutanée, liée à une importante perte en eau et une désorganisation des lipides protecteurs de la couche cornée. Bien que la xérose puisse toucher tout un chacun, les nageurs sont particulièrement exposés.
Une altération de la barrière cutanée par l'eau.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, immerger son corps dans l'eau ne permet pas d'hydrater sa peau, bien au contraire. Rappelons que l'épiderme est naturellement protégé par un film hydrolipidique, un mélange mi-aqueux mi-gras, qui permet de limiter l'entrée des pathogènes dans la peau et l'évaporation de l'eau de l'épiderme. Cette fonction est également remplie par les lipides de la couche cornée, la couche la plus superficielle de l'épiderme. Cette dernière est constituée d'un mélange de céramides, d’acides gras et de cholestérol, organisés en bicouches lamellaires. Lorsque la peau est immergée trop longtemps, le film hydrolipidique, ainsi que la structure lipidique de la couche cornée, se dissolvent et se désorganisent progressivement.
Les nageurs qui passent plusieurs heures dans l’eau subissent donc une agression répétée de leur barrière cutanée. À chaque immersion, les lipides protecteurs sont progressivement éliminés, laissant la peau plus vulnérable. Au fil du temps, cette altération peut entraîner une xérose.
Un effet desséchant du chlore.
Pour des raisons sanitaires, l’eau des piscines est traitée avec divers agents chimiques, dont le chlore. Si cette désinfection est essentielle pour éviter la prolifération des bactéries et des champignons, elle n’est pas sans conséquence pour la peau. En effet, le chlore est une molécule oxydante qui agit en décomposant les impuretés organiques présentes dans l’eau. Cependant, il ne se limite pas aux contaminants extérieurs : il interagit également avec les lipides de la peau, contribuant à leur dégradation.
Fréquemment exposée à une eau chlorée, la peau des nageurs voit petit à petit son film hydrolipidique s'appauvrir et ainsi sa barrière s'altérer. Par ailleurs, le chlore a un effet irritant qui peut provoquer des inflammations et accentuer la sensation de sécheresse et la xérose. Cette action est encore plus marquée chez les personnes ayant une peau sensible.
Une évaporation rapide de l'eau après la séance de natation.
Après une séance de natation, la peau se met souvent à tirailler. Ce phénomène est encore plus marqué en piscine couverte, où l’air chaud et sec des systèmes de ventilation accélère la déshydratation. Or, en s'évaporant, l'eau présente à la surface de l'épiderme entraîne avec elle l'eau des couches internes. Cela les fragilise, alors même qu'elles ont déjà été mises à mal par le contact prolongé avec l’eau chlorée.
Pour les personnes qui nagent en extérieur, la xérose est aggravée par d'autres facteurs, à commencer par l'exposition aux rayons UV, génératrice de stress oxydatif. En promouvant la production de radicaux libres dans la peau, les rayons UV désorganisent la couche cornée. En effet, les radicaux libres réagissent avec les lipides selon une réaction de peroxydation lipidique. Celle-ci génère des sous-produits inflammatoires, comme l'anion superoxyde, pouvant endommager les tissus cutanés et l'ADN. En plus des rayons UV, les nageurs en extérieur sont exposés au vent, qui contribue aussi à la xérose en accélérant l'évaporation de l'eau de la peau.