À quel âge commence le vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie bénigne dépigmentante qui se caractérise par la perte progressive de mélanocytes fonctionnels. Bien que le vitiligo ne soit pas une maladie héréditaire à proprement parler, il existe des prédispositions familiales à le développer. En effet, 20% des personnes touchées par le vitiligo ont au moins un parent au premier degré atteint de cette maladie et 7 à 10 fois plus de chances de le développer.

L’âge d’apparition du vitiligo est variable : s’il est plus fréquemment observé chez l’adulte, il peut également survenir avant 12 ans : on parle alors de "vitiligo de l’enfant". Plus d’une cinquantaine d’études estiment sa prévalence mondiale entre 0,5% et 2,26%, avec des chiffres similaires chez les enfants et adolescents (environ 2,16%), ce qui suggère une apparition relativement fréquente dès le jeune âge. Le vitiligo qui survient chez les enfants ne semble d'ailleurs pas rare, puisque dans 32% à 40% des cas, il apparait avant l'âge de 12 ans, d'après un article publié dans l'American Journal of Clinical Dermatology.

D'après une étude publiée dans le Journal Pediatric Dermatology et réalisée avec 625 enfants au nord de l'Inde, on a constaté que 57,1% était des filles et 42,9% des garçons. Le vitiligo semble donc toucher davantage la population féminine, sans qu'on sache réellement expliquer ce phénomène. Dans cette étude, l'âge moyen de l'apparition du vitiligo était de 6,2 ans bien que l'âge moyen des premières consultations était de 9 ans. En ce qui concerne l'âge minimal auquel le vitiligo a été observé, il s'agissait de 4 ans dans ces travaux.

Le vitiligo a tendance à apparaître dès le plus jeune âge, et un diagnostic précoce permet de mettre en place plus rapidement une stratégie thérapeutique adaptée.

Ces résultats soulignent que le vitiligo apparaît souvent très tôt, parfois dès la petite enfance, mais que le diagnostic est généralement retardé de plusieurs années. Ce délai peut retarder la mise en place d’une stratégie thérapeutique adaptée, alors même qu’une prise en charge précoce pourrait limiter la progression des lésions de vitiligo et améliorer le pronostic. Ils mettent également en évidence une légère prédominance féminine, suggérant que des facteurs hormonaux, génétiques ou socioculturels pourraient jouer un rôle dans l’expression précoce de la maladie.

Si les symptômes du vitiligo sont globalement les mêmes selon qu'il apparaît chez l'adulte ou chez l'enfant, il est intéressant de noter certaines distinctions.

• Les différentes zones de dépigmentation chez l'enfant.

  Chez les jeunes enfants, le vitiligo touche fréquemment la région du périnée et périanale, et plus rarement la muqueuse orale, comparativement à l’adulte. Dans le cas du vitiligo non-segmentaire, qui se développe de façon bilatérale, les lésions apparaissent surtout sur le visage, le tronc, le cou et les membres, tandis que dans le vitiligo segmentaire, elles se situent principalement sur le visage, les mains et les zones de frottement.

  Une autre caractéristique du vitiligo de l'enfant est la présence de nævus en halo, des zones de dépigmentation qui entourent un grain de beauté, bien qu'ils puissent aussi apparaître chez les adultes. À noter toutefois que la présence d'un nævus en halo n'indique pas forcément un vitiligo, celui-ci pouvant aussi se développer sur une peau ne présentant pas ce trouble cutané. Les nævus en halo dans le cas d'un vitiligo s'expliquent ainsi : le système immunitaire reconnaît les mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation de la peau, du naevus comme des cellules étrangères et les attaque, entraînant une dépigmentation de la peau environnante.

• La leucotrichie chez l'enfant atteint de vitiligo.

  Le cuir chevelu peut également être touché avec l'apparition de mèches blanches, voire dans certains cas d'un blanchiment total des cheveux, des cils et des sourcils. Dans l'étude publiée dans le journal Pediatric Dermatology, 12,3% des 625 enfants étaient touchés par une leucotrichie. La leucotrichie est observée chez l’enfant comme chez l’adulte, mais plusieurs études indiquent qu’elle est plus fréquente chez les enfants atteints de vitiligo non segmentaire.

• Le phénomène de Koebner chez les enfants.

  Le phénomène de Koebner correspond à l’apparition de nouvelles lésions sur des zones de traumatismes cutanés chez les personnes atteintes de vitiligo. Dans l’étude réalisée sur 625 enfants, il a été observé chez 71 patients, soit 11,3% des cas. Ce phénomène est également bien décrit chez l’adulte, où il peut être déclenché par des égratignures, des brûlures, des frottements ou encore des tatouages. Toutefois, il semble survenir plus fréquemment ou plus facilement chez l’enfant, probablement en raison d’une activité plus importante de la maladie à cet âge et d’une exposition accrue aux microtraumatismes liés aux jeux ou aux activités physiques. Ainsi, le phénomène de Koebner apparaît comme un facteur déclenchant commun au vitiligo de l’enfant et de l’adulte, mais avec une sensibilité possiblement plus marquée dans la population pédiatrique.

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