Compte tenu de la possibilité d'effets secondaires lors d'une exposition à long terme aux différents traitements systémiques du psoriasis, la balnéothérapie au soufre pourrait représenter une alternative utile pour le traitement des lésions psoriasiques légères à modérées. En effet, les remèdes à base de soufre sont utilisés depuis des siècles pour traiter diverses affections dermatologiques comme le psoriasis.
Un petit essai clinique a révélé que 10 patients sur 10 atteints de plaques psoriasiques présentaient une amélioration significative de l'élasticité des composants de la peau (fibres élastiques, etc.) et une restauration de son niveau d'hydratation, après un bain à une température d'environ 34˚C - 35˚C à l'eau thermale contenant un taux élevée de soufre (173 mg/L) d'une durée de 20 minutes pendant 12 jours, en comparaison avec la peau de témoins ne présentant aucune lésion cutanée évidente. Ils ont ainsi rapporté une atténuation des symptômes du psoriasis, soit une réduction de l'amincissement des plaques psoriasiques et une diminution de l'intensité des rougeurs.
Par quels mécanismes ?
L'action du soufre sur la peau serait notamment due à son interaction avec la cystéine et ses catabolites contenus dans les kératinocytes. Le soufre qui pénètre dans la peau est oxydé en sulfure d'hydrogène et provoque diverses réponses physiologiques.
Anti-inflammatoire : L'eau sulfureuse a montré sa capacité à inhiber la prolifération des lymphocytes T, ainsi que la production et/ou la libération de cytokines pro-inflammatoires (IL-2, IFN-γ), désactivant alors les principaux acteurs de la réponse inflammatoire dans les kératinocytes. Elle peut également inhiber l'expression de médiateurs du système immunitaire induite par TNF-α (sélectine E et ICAM-1).
Anti-prolifératif : Il a été démontré que l'application exogène de sulfure d'hydrogène (H2S) réduisait la prolifération des kératinocytes humains par diminution de l'expression du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF), via une cascade de réactions intracellulaires.
Dans une étude de 2023, des chercheurs ont voulu évaluer l'effet de l'hydrothérapie sur le microbiome de la peau chez 16 patients atteints de psoriasis en plaques. La composition des communautés microbiennes était similaire sur les plaques psoriasiques et la peau saine non-affectée, avant et après la balnéothérapie. L'étude révèle que des séances de balnéothérapie sur une période de 3 semaines (teneur en soufre de 3,2 mg/L ; température du bain à 36°C ; pH neutre ; cinq fois par semaine) a permis d'augmenter de manière significative le niveau du genre Leptolyngbya (potentiels antioxydants, anti-inflammatoires, anti-prolifératifs), et de diminuer la quantité du genre Flavobacterium genus (renforcer la croissance des Cyanobactéries, tels que Leptolyngbya), que ce soit sur les peaux non-lésées que sur les peaux atteintes de psoriasis.
Des limites aux études ?
Bien que la tendance obtenue a confirmé les effets de la balnéothérapie sur le psoriasis, ces études contiennent notamment des limites. La taille d'échantillon dans les études n'est pas suffisante pour une analyse statistique détaillée. En outre, les caractéristiques des eaux de source minérale diffèrent d'une étude à une autre avec des teneurs en soufre différentes et la présence d'autres minéraux ( magnésium, calcium, fer, carbonate d'hydrogène, etc.). Il n'est alors pas évident de statuer sur les effets du soufre sur le psoriasis.
Toutefois, la thérapie par bain avec de l'eau riche en soufre semble avoir fait ses preuves en tant que stratégie thérapeutique prometteur pour améliorer cliniquement le psoriasis en plaque, sans parler que les effets indésirables graves consécutifs à ce type de thérapie sont rares. Par contre, les effets et l'efficacité de la thérapie thermale au soufre sur le psoriasis ne sont que partiellement compris. D'autres études sont nécessaires.