Quels sont les bienfaits pour la peau de la Spirodela polyrhiza ?

Rougeurs, démangeaisons, légères irritations de la peau... Les manifestations d'une inflammation cutanée sont nombreuses. Il existe des raisons de penser que la spirodèle pourrait les atténuer. Plusieurs études ont montré que cet actif est capable d'abaisser les niveaux de cytokines inflammatoires, telles que le facteur de nécrose tumorale alpha, l'interleukine-6 et l'interféron-γ. La Spirodela polyrhiza inhibe également l'infiltration et la dégranulation des mastocytes, réduisant ainsi les réponses allergiques et inflammatoires de la peau. Enfin, cet extrait de la lentille d'eau aide à restaurer certaines protéines de la barrière cutanée, comme la filaggrine, la sirtuine-1 et la claudine-1, qui sont essentielles au maintien d'une peau saine et résistante.

Il existe quelques travaux qui ont montré que la spirodèle pouvait diminuer les symptômes de la dermatite atopique, une maladie de peau inflammatoire se traduisant par des rougeurs, une sécheresse cutanée et un prurit plus ou moins violent. Bien qu'elles aient été menées sur des souris et non chez l'Homme, ce qui réduit leur transposabilité, ces études offrent un premier aperçu intéressant. On peut notamment en citer une effectuée avec 100 souris chez lesquelles un eczéma a été induit par utilisation de 2,4-dinitrochlorobenzène (DNCB). L'application de solutions à des concentrations variées de Spirodela polyrhiza (1 à 100 mg/mL) a permis de diminuer de façon dose-dépendante les taux sériques d'immunoglobulines E, des anticorps associés à l'eczéma. Une baisse de l'infiltration des mastocytes, ainsi que de l'expression de cytokines pro-inflammatoires (IL-4, IL-6, TNF-α), a également été enregistrée.

En modulant la libération de médiateurs pro-inflammatoires, la Spirodela polyrhiza peut aider à atténuer les irritations cutanées.

La spirodèle semble aussi être un actif pertinent pour défendre la peau face aux radicaux libres. Pour rappel, ces derniers sont des composés instables générés naturellement au cours du métabolisme mais aussi suite à une exposition aux rayons UV ou à la pollution. Leur nombre est normalement régulé via des enzymes antioxydantes présentes dans la peau mais il arrive que celles-ci soient dépassées. Les radicaux libres ont alors le champ libre pour oxyder les lipides, les protéines et l'ADN dans les cellules, favorisant ainsi la survenue de certaines maladies chroniques, mais aussi le vieillissement prématuré de la peau.

Les études mettant en évidence les propriétés antioxydantes de la Spirodela polyrhiza sont encore rares. On peut toutefois citer les travaux menés par JANG et son équipe en 2009 sur des kératinocytes humains HaCaT. L'ajout dans le milieu de culture d'un extrait de méthanol de Spirodela polyrhiza à 50 et 400 µg/mL a montré un effet protecteur significatif contre 500 µM de peroxyde d'hydrogène (H2O2). La spirodèle a non seulement permis aux cellules de survivre mais a aussi inhibé de manière significative la libération de l'enzyme lactate déshydrogénase et la fragmentation de l'ADN par le H2O2. Elle a également montré des activités de piégeage des radicaux libres, notamment du DPPH et des radicaux superoxydes. Il serait intéressant que davantage de travaux soient effectués pour mieux comprendre les effets antioxydants de la spirodèle, mais cette étude est encourageante.

Il est connu que les expositions solaires peuvent être dangereuses pour la peau, allant de simples rougeurs à des mélanomes et des carcinomes, en passant par des coups de soleil plus ou moins intenses. L'action du soleil sur la peau ne s'arrête toutefois pas là et peut également se traduire par un relâchement cutané précoce accompagné de taches brunes. On parle alors de photovieillissement. Il existe des raisons de penser que la spirodèle pourrait aider à prévenir ce phénomène. En effet, en plus de ses effets antioxydants, déjà utiles pour temporiser l'apparition des rides, cet actif aurait des effets tenseurs et dépigmentants.

Des chercheurs ont souhaité évaluer in vitro plusieurs paramètres biologiques liés au relâchement cutané et à l'hyperpigmentation. Ils ont ainsi mesuré la capacité de la spirodèle à stimuler la synthèse de pro-collagène, à inhiber l'activité de l'enzyme protéolytique MMP-1, impliquée dans la dégradation du collagène du derme, à réduire la synthèse de la mélanine et à abaisser l'activité de la tyrosinase, une enzyme clé de la mélanogenèse. Les scientifiques se sont intéressés à deux solutions à 25 µg/mL de spirodèle, appelées SE et SEE. SE est un extrait obtenu avec une solution hydroalcoolique (70% d’éthanol). Il contient des composés solubles dans l’eau et dans l’alcool. SE-E correspond à une fraction de SE, extraite spécifiquement à l’aide d’éthyl-acétate, un solvant organique. Cette étape de fractionnement permet d’isoler uniquement les composés semi-polaires, souvent plus actifs biologiquement. Les résultats obtenus par les chercheurs sont présentés dans le tableau ci-dessous et montrent des effets tenseurs et dépigmentants intéressants de la Spirodela polyrhiza.