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Effets tabagisme peau.

Quelles sont les conséquences du tabagisme sur la peau ?

Le tabagisme n’affecte pas que la santé de l’organisme. Il a également des effets indésirables sur la peau et les cheveux. Le tabac fait même partie des causes du vieillissement prématuré de la peau. Découvrez dans cet article les conséquences du tabac sur la peau.

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Conséquence n°1 : Le tabagisme accélère le vieillissement cutané.

Alireza FIROOZ et son équipe ont voulu étudier les traits cutanés chez les individus qui fument et ceux qui ne fument pas. Des tests ont été réalisés sur les participants afin de mesurer l'élasticité, l'épaisseur et la densité de leur épiderme et de leur derme. La profondeur des sillons nasogéniens droits, plis qui vont des ailes du nez aux bords de la bouche, a également été analysée. Les fumeurs présentaient une faible élasticité au niveau du front, une épaisseur du derme plus élevée sur la joue (2361,54 μm par rapport à 2105,95 μm), une densité de l'épiderme plus faible sur le front (101,16 contre 124,13) et une densité plus faible du derme sur le bras (58,7 contre 72,65). Les fumeurs présentaient également un volume et une surface plus élevés des sillons nasogéniens, mais seule la différence de surface était significative. Le tabac peut donc entraîner le vieillissement de la peau.

En effet, les fumeurs présenteraient une diminution des fibres de collagène et d'élastine dans leur derme, ce qui peut expliquer la faible densité du derme chez ces individus. Effectivement, la fumée de tabac entraîne une réduction significative de la biosynthèse du collagène dans les fibroblastes cutanés en culture. Les métalloprotéinases matricielles (MMP) sont également impliquées dans la dégradation des protéines matricielles (collagène, élastine) lors du vieillissement de la peau. Les espèces réactives de l'oxygène (ERO) activent ces MMP. Ils peuvent se trouver dans la fumée du tabac sous forme d'espèces de nitrogène ou être synthétisés en réponse à la fumée de tabac lors d'un processus de stress oxydatif. Par la suite, elles vont stimuler les MMP, ce qui entraînera le vieillissement de la peau.

Conséquence n°2 : Le tabagisme rend le teint terne.

Dans une étude clinique, Douglas MODEL a constaté, en comparant les caractéristiques faciales de fumeurs et de non-fumeurs, que ceux qui fument présentaient un aspect légèrement pigmenté et gris de la peau. En effet, la peau du visage des fumeurs a tendance à prendre une teinte terne et grisâtre, ce qui donne l'impression d'un vieillissement avancé.

Il est important de noter que le monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac est absorbé dans le sang et se lie à l'hémoglobine, ce qui diminue la capacité de transport de l'oxygène dans le sang. Ainsi, les cellules cutanées seront moins oxygénées, et cela peut conduire à une réduction de la production de nouvelles cellules cutanées et à une accumulation de cellules mortes à la surface de la peau.

Conséquence n°3 : Le tabagisme peut provoquer des cancers de la peau.

Dans une étude, Jan N. BOUWES BAVINCK et ses collègues ont étudié l'association possible entre le tabagisme et le cancer de la peau. Pour ce faire, une étude de cas en milieu hospitalier a été réalisée, incluant 161 patients atteints de carcinome épidermoïde, 301 de carcinome basocellulaire nodulaire, 153 de carcinome basocellulaire multifocal superficiel, 125 de mélanome malin, et 386 témoins. Des informations sur les antécédents de tabagisme ont été recueillies lors d'entretiens personnels. Une association entre le tabagisme et le carcinome épidermoïde de la peau a été trouvée (risque relatif : 2,3) avec un risque plus élevé pour les fumeurs actuels (risque relatif : 3,3) que pour les anciens fumeurs (risque relatif : 1,9). Il y avait une relation dose-réponse avec le nombre de cigarettes fumées.

Les effets du tabac sur le développement des cancers cutanés peuvent être expliqués par différents moyens. Tout d'abord, la fumée du tabac peut agir comme un carcinogène de la peau, soit directement sur la peau, soit de manière systémique dans la circulation sanguine. Elle contient différents composés démontrés comme étant carcinogéniques, tels que les nitrosamines, les composés phénoliques et les amines aromatiques. Ces substances peuvent former des adduits d'ADN et donc provoquer des cancers. De plus, des mutations du gène de p53, un suppresseur de tumeur, ont été associées à la fumée du tabac concernant le carcinome épidermoïde cutané, notamment par certains carcinogènes. Cet évènement pourrait donc être responsable du développement de cancers cutanés lorsque l'on fume.

Conséquence n°4 : Le tabagisme altère la fonction de cicatrisation.

Dans une étude menée par Karen H. CALHOUN, les chercheurs ont voulu déterminer si les fumeurs présentent un risque plus élevé de complications après la reconstruction de défauts cutanés du visage. 91 patients présentant des défauts cutanés du visage reconstruits ont été examinés. 38 (42%) étaient des fumeurs actifs, 12 (13%) n'avaient pas fumé pendant au moins un an avant l'opération, et les autres étaient des non-fumeurs. Des complications sont survenues chez 25% des patients (37% chez les fumeurs, 17% chez les ex-fumeurs et 17% chez les non-fumeurs). Des pertes de peau de pleine épaisseur sont survenues chez des fumeurs actifs. Les fumeurs actifs auraient donc un risque plus élevé de complications lors d'une chirurgie reconstructive.

Les composants toxiques de la fumée de cigarette, en particulier la nicotine, le monoxyde de carbone et le cyanure d'hydrogène, interfèrent avec les processus impliqués dans la réparation des plaies. Les effets pathobiologiques des produits du tabac sur la cicatrisation des plaies sont similaires à ceux qui provoquent un vieillissement précoce de la peau. Par exemple, la réduction de la production de collagène et l'altération du renouvellement de la matrice extracellulaire avec des niveaux accrus de MMP sont tous deux signalés comme contribuant à une cicatrisation aberrante des plaies. De plus, le tabagisme peut également retarder la cicatrisation des plaies en raison d'une diminution du flux sanguin, associée à une augmentation de la sécrétion de vasopressine.

Les mécanismes précis ne sont pas encore élucidés.

Conséquence n°5 : Le tabagisme augmente le risque de psoriasis.

Ehrin J. ARMSTRONG et son équipe ont souhaité évaluer la prévalence du tabagisme chez les patients atteints de psoriasis et la contribution du tabagisme sur l'incidence de cette affection cutanée. La méta-analyse des études de prévalence a porté sur un total de 146 934 patients atteints de psoriasis et 529 111 patients non-atteints.

Les analyses ont révélé une association significative entre le psoriasis et le tabagisme actuel. En effet, les personnes ayant des antécédents de tabagisme étaient 139 fois plus susceptibles de développer un psoriasis incident, et les fumeurs actuels étaient presque deux fois plus susceptibles de développer un psoriasis que les non-fumeurs. Il y aurait également un lien avec l'intensité du tabagisme : les personnes qui fument une à 14 cigarettes par jour ont 181 fois plus de risques de développer un psoriasis que les non-fumeurs.

Plusieurs mécanismes sont probablement à l'origine des associations entre le tabagisme et le psoriasis. Le tabagisme induit un stress oxydatif et des dommages causés par les radicaux libres sur la membrane dermique. Il faut savoir que la fumée de cigarette contient environ 1 017 radicaux libres par bouffée. Cette exposition accrue aux radicaux libres est susceptible de déclencher une cascade de conséquences systémiques, y compris le développement du psoriasis. En outre, la nicotine, substance majeure du tabac, induit une sécrétion accrue d'IL-12, une cytokine pro-inflammatoire, par les cellules dendritiques. De nombreuses autres cellules inflammatoires et cytokines, y compris le facteur de nécrose tumorale, l'IFN-γ et l'IL-2 sont produites par des voies activées par la nicotine. Cette situation favorise donc l'inflammation cutanée et l'apparition d'affections telles que le psoriasis.

Conséquence n°6 : Le tabagisme est associé à l'acné.

Mauro PICARDO et ses collègues ont voulu vérifier la présence d'une corrélation entre la fréquence de l'acné non-inflammatoire et le tabagisme à travers une analyse des différences possibles dans la composition du sébum dans un groupe de fumeuses souffrant d'acné par rapport à des fumeuses saines et à des non-fumeuses.

Sur 277 femmes fumeuses, 155 étaient atteintes d'acné (56%), et sur 723 non-fumeuses, 70 étaient atteintes d'acné (9,7%). Ces résultats montrent une forte corrélation entre le tabac et l'acné. De plus, l'analyse a mis en évidence des différences significatives dans la composition du sébum entre les fumeurs et les non-fumeurs. Chez les fumeuses, les niveaux de vitamine E ont été divisés par deux par rapport aux non-fumeurs. La diminution des niveaux de vitamine E était associée à une augmentation du degré de peroxydation oxydative des lipides, qui a été évaluée en tenant compte de la quantité de squalène, un lipide caractéristique du sébum humain et de son peroxyde (P-Sq). Les fumeurs présentaient une diminution du squalène, équivalente à 50% par rapport aux non-fumeurs, et une augmentation de son peroxyde.

Parmi les altérations causées sur la peau par le tabagisme, un rôle important pourrait être joué par les changements de la composition du sébum. Le tabagisme semble provoquer une augmentation du stress oxydatif et réduire les niveaux d'α-tocophérol (vitamine E) dans le plasma, qui est le principal antioxydant transporté par le sébum à la surface de la peau pour maintenir de faibles niveaux de produits peroxydés des lipides sébacés. Parmi les lipides peroxydés, le squalène est particulièrement important car ses peroxydes ont un effet hyperprolifératif sur les kératinocytes, qui vont boucher les pores lorsqu'elles sont en excès, et ces effets sont comédogènes. Ainsi, ces peroxydes produits par les radicaux libres induits lors du stress oxydatif peuvent entraîner la survenue d'acné.

Les conséquences citées sont valables pour le tabagisme actif, mais également pour le tabagisme passif, c'est-à-dire ne pas fumer soi-même mais être en contact avec la fumée du tabac, du fait du dépôt des composés toxiques sur la peau.

Sources

  • MODEL D. Smoker's face : an underrated clinical sign? British Medical Journal (1985).

  • CALHOUN K. H. & al. Smoking increases facial skin flap complications. Annals of Otology, Rhinology & Laryngology (1999).

  • BOUWES BAVINCK J. N. & al. Relation between smoking and skin cancer. Journal of Clinical Oncology (2001).

  • MORITA A. Tobacco smoke causes premature skin aging. Journal of Dermatological Science (2007).

  • PICARDO M. & al. Acne and smoking. Dermato-Endocrinology (2009).

  • COPE G. Smoking and skin ageing: how aesthetic nurses can identify and prevent damage. Journal of Aesthetic Nursing (2013).

  • ARMSTRONG E. J. & al. Psoriasis and smoking: a systematic review and meta-analysis. British Journal of Dermatology (2014).

  • FIROOZ A. & al. Cigarettes smoking and skin: A Comparison study of the biophysical properties of skin in smokers and non-smokers. Tanaffos (2019).

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