Peut-on vraiment hydrater ses cheveux ?

Pour rappel, chaque fibre capillaire est composée de 3 couches superposées : la médulla, la couche la plus interne, le cortex, comptant pour près de 80% du cheveu, et la cuticule, la couche protectrice externe. Le cortex est constitué de kératine et contient également les pigments de mélanine, qui donnent leur couleur aux cheveux. C’est aussi la principale zone de stockage de l’eau. La cuticule est quant à elle formée de cellules plates qui se chevauchent comme des tuiles et dont la cohésion est essentielle pour limiter les pertes en eau, mais aussi éviter sa pénétration. Lorsque ces cellules sont désorganisées, souvent suite à une altération du ciment intercellulaire lipidique, les cheveux deviennent plus poreux : ils retiennent moins bien l'eau et l'absorbent plus facilement.

C’est pour cette raison que le verbe "hydrater" est en réalité mal utilisé quand on parle des cheveux. Le but des soins capillaires n’est pas de faire pénétrer de l’eau à l’intérieur de la fibre. Lorsque l’eau s’infiltre dans un cheveu poreux, elle provoque un gonflement de la cuticule, désorganisant encore davantage les écailles qui la composent. Ce phénomène de gonflement et de rétractation, qui se répète au fil des lavages et des séchages, fragilise la fibre, augmente les risques de cassure et favorise l’apparition des fourches. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est déconseillé de laisser ses cheveux sécher à l’air libre, car l’humidité y reste plus longtemps. Le danger que représente l'eau pour les fibres capillaires est illustré par les images ci-dessous, prises avec un microscope à force atomique. Elles montrent bien le soulèvement de la cuticule quand le cheveu est immergé. Sans l’application d’un après-shampooing, ou conditionner par anglicisme, pour la lisser et la refermer, celle-ci demeure relevée et vulnérable aux agressions extérieures.

Il est préférable de parler de "conditionner" ses cheveux que de les "hydrater".

Hydrater, ou plutôt conditionner ses cheveux, consiste à empêcher l'eau d'y entrer et d'en sortir. Pour cela, les écailles de la cuticule doivent être bien lissées. Cela passe notamment par l'application systématique d'un après-shampooing après chaque lavage. En effet, l'utilisation d’un après-shampoing aplatit les écailles de la cuticule sur la tige du cheveu grâce aux tensioactifs cationiques qu'il contient. Ce soins permettent aussi d'augmenter l'adhérence des écailles cuticulaires à la tige du cheveu, ce qui augmente les capacités de réflexion de la lumière du cheveu et réduit la friction entre les fibres capillaires.

Il est également important de maintenir la barrière lipidique de la cuticule.C’est là qu’interviennent les émollients et les agents occlusifs. Les huiles végétales, comme l’huile de coco ou l'huile d'abricot, riches en acides gras, peuvent former un film à la surface des fibres, réduisant ainsi l'évaporation de l'eau. Certaines études ont d'ailleurs montré que l'acide laurique, l'un des principaux composants de l'huile de coco, pouvait pénétrer dans les cheveux et réduire l’effet du gonflement de la cuticule par l’eau ainsi que le stress qu'elle impose aux fibres capillaires.

D'autres travaux se sont intéressés à l'effet de nanoémulsions sur l'hydratation de cheveux texturés donnés par une femme. Certaines fibres capillaires ont subi un processus de décoloration, suivi ou non d'une recoloration. Pour information, une nanoémulsion est un mélange de deux ou plusieurs liquides non miscibles où l'un est finement dispersé dans l'autre, formant des gouttelettes à l'échelle nanométrique. Ce sont plus précisément trois nanoémulsions qui ont été étudiées : une nanoémulsion témoin, une version enrichie avec 7,5% d’huile de coco et une troisième contenant 7,5% d'huile de coco et 0,1% d'extrait de lie de vin. Celles-ci ont été appliquées sur les trois types de cheveux et leur hydratation a ensuite été observée.