Les shampooings anti-pelliculaires deviennent-ils moins efficaces avec le temps ?

Les pellicules résultent d’un déséquilibre du renouvellement cellulaire au niveau du cuir chevelu. Normalement, les kératinocytes mettent environ un mois à se différencier puis à se détacher sous forme de cornéocytes invisibles. Chez les personnes sujettes aux pellicules, ce cycle est accéléré à 7-10 jours, entraînant l’accumulation de cellules mal cohésives visibles à l’œil nu. Ce phénomène est lié à la prolifération d'un champignon lipophile du genre Malassezia, qui dégrade les triglycérides du sébum en acides gras irritants, notamment l’acide oléique. Ces derniers perturbent la barrière cutanée, augmentent la perte insensible en eau et déclenchent une inflammation légère, ce qui accentue le prurit et favorise la formation des squames.

Les shampooings anti-pelliculaires agissent en premier lieu sur le déséquilibre microbien et inflammatoire. Les actifs antifongiques en sont la pierre angulaire et ciblent directement Malassezia. Le kétoconazole, un dérivé imidazolé, est l’un des plus étudiés : il inhibe la synthèse de l’ergostérol, un composant de la membrane des levures, entraînant leur affaiblissement. Le sulfure de sélénium, quant à lui, combine une action antifongique et un effet cytostatique, ralentissant la prolifération des kératinocytes du cuir chevelu. Le climbazole et le pyrithione de zinc sont aussi utilisés pour limiter la croissance fongique et apaiser l’inflammation locale. À ces classiques s’ajoutent deux autres molécules également utilisées en cosmétique : le ciclopirox olamine, qui agit en chélatant les ions métalliques nécessaires aux enzymes de Malassezia et possède également une action anti-inflammatoire, et la piroctone olamine, qui inhibe le métabolisme énergétique des levures en bloquant l’utilisation du fer.

Outre leur action antifongique, certains shampooings anti-pelliculaires intègrent des agents kératolytiques. L’acide salicylique, par exemple, fragmente les jonctions cornéocytaires et facilite le détachement des squames. Le goudron de houille, plus rarement utilisé aujourd’hui pour des raisons de tolérance et d’odeur, agit en ralentissant la prolifération épidermique. Enfin, certains agents comme l’acide lactique ou l’urée contribuent à restaurer l’hydratation de la couche cornée, améliorant le confort du cuir chevelu.

L’efficacité des shampooings anti-pelliculaires repose sur une combinaison d’actions : inhibition de la levure Malassezia, réduction de l’inflammation, normalisation du cycle de kératinisation et soutien de la fonction barrière cutanée.

L’impression que certains utilisateurs ont de voir leur shampooing moins efficace au fil du temps ne trouve pas de fondement scientifique. Elle peut s’expliquer par plusieurs facteurs : un usage irrégulier, des modifications physiologiques du cuir chevelu (sébum, microbiote, état inflammatoire), ou encore la nature chronique et récidivante des pellicules elles-mêmes. Ces fluctuations naturelles peuvent donner l’impression d’une perte d’efficacité, alors que les actifs conservent leur action antifongique. Ainsi, aucune donnée ne suggère que le cuir chevelu développe une résistance aux ingrédients actifs, contrairement à ce qui peut être observé avec des antibiotiques sur les bactéries. La clé reste donc la constance dans l’utilisation des shampooings anti-pelliculaires.