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Quelles sont les causes des pellicules ?

Quelles sont les causes des pellicules ?

Qu’elles soient sèches ou grasses, les pellicules touchent une grande partie de la population, de façon occasionnelle ou persistante. Elles se traduisent par la formation de petites squames visibles sur le cuir chevelu et les cheveux. Mais contrairement aux idées reçues, elles ne sont pas liées à un manque d’hygiène. Plusieurs facteurs biologiques et environnementaux interviennent dans leur apparition. Poursuivez votre lecture pour mieux comprendre les causes des pellicules.

Publié le 26 juillet 2022, mis à jour le 16 octobre 2025, par Sandrine, Rédactrice Scientifique — 11 min de lecture
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Les pellicules apparaissent suite à une accélération du renouvellement cutané associée à une desquamation anormale, c'est-à-dire que les cellules mortes sont produites en quantité trop importante. Les cellules de l'épiderme n'étant pas assez matures, elles restent agglutinées entre elles et se détachent en amas : les pellicules. Ce processus résulte de différentes causes.

Aperçu des relations entre les pellicules, la démographie de l'hôte, les conditions physiologiques et les micro-organismes. La couleur des flèches correspond à la relation : effet positif (rouge), négatif (bleu) ou unique (noir).

Aperçu des relations entre les pellicules, la démographie de l'hôte, les conditions physiologiques et les micro-organismes. La couleur des flèches correspond à la relation : effet positif (rouge), négatif (bleu) ou unique (noir).

Source : ZHANG M. & al. Dandruff is associated with the conjoined interactions between host and microorganisms. Scientific Reports (2015).

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Cause n°1 des pellicules : Un déséquilibre du microbiote.

Comme la peau, le cuir chevelu est un écosystème vivant, peuplé par des milliards de micro-organismes qui cohabitent : bactéries, champignons, mais aussi, dans une moindre mesure, virus et acariens. Cet ensemble forme le microbiote du cuir chevelu, dont l’équilibre est indispensable au maintien d’une peau saine. La perturbation de cet équilibre peut conduire à l'apparition de pellicules dans les cheveux.

Une étude menée par ZHANG et son équipe en 2015 apporte un éclairage intéressant à ce sujet en séquençant l’ADN des micro-organismes présents sur le cuir chevelu de 363 volontaires, présentant ou non des pellicules. Les chercheurs ont montré que deux genres bactériens dominent cet écosystème : Cutibacterium (anciennement nommé Propionibacterium) et Staphylococcus. Normalement, ces deux populations coexistent et se régulent mutuellement. Toutefois, en cas de pellicules, cet équilibre est rompu : Cutibacterium, diminue drastiquement, tandis que Staphylococcus prolifère. De plus, les chercheurs ont montré que la gravité des pellicules était directement corrélée à cette inversion : plus la proportion de Staphylococcus augmente, plus les squames deviennent visibles.

Distribution de la population bactérienne selon la présence ou l'absence de pellicules.

Distribution de la population bactérienne selon la présence ou l'absence de pellicules.

Source : ZHANG M. & al. Dandruff is associated with the conjoined interactions between host and microorganisms. Scientific Reports (2015).

En ce qui concerne les champignons, le genre Malassezia est également impliqué dans l'apparition des pellicules. Cette levure lipophile est naturellement présente chez la majorité des individus. Parmi ses espèces, Malassezia restricta et Malassezia globosa dominent le cuir chevelu. Mais toutes les souches n’ont pas le même impact. Certaines variantes de M. restricta sont fortement associées à la présence de pellicules, tandis que d’autres semblent plutôt neutres, voire protectrices. Cette découverte souligne l’importance des différences intra-espèces, et explique pourquoi certaines personnes peuvent héberger beaucoup de Malassezia sans développer de pellicules dans leurs cheveux.

Distribution de la population fongique selon la présence ou l'absence de pellicules.

Distribution de la population fongique selon la présence ou l'absence de pellicules.

Source : ZHANG M. & al. Dandruff is associated with the conjoined interactions between host and microorganisms. Scientific Reports (2015).

Autre point marquant : les communautés bactériennes et fongiques ne semblent pas agir en synergie, mais plutôt de façon indépendante. Plus précisément, ce ne sont pas forcément les interactions directes entre les bactéries et les champignons qui déclenchent les pellicules, mais plutôt les changements d’équilibre propres à chaque groupe. Pourtant, la dynamique entre Cutibacterium et Staphylococcus pourrait jouer un rôle. En effet, Cutibacterium produit des acides gras libres et des bactériocines capables de limiter la croissance de Staphylococcus. Lorsque cette population protectrice décline, le cuir chevelu devient plus favorable à la prolifération de Staphylococcus, et donc aux pellicules.

Ce n'est donc pas la présence ou l'absence d'un type de micro-organisme qui explique les pellicules, mais un déséquilibre du microbiote du cuir chevelu.

Cause n°2 des pellicules : Un changement dans la production de sébum.

Le sébum est souvent montré du doigt lorsqu’il s’agit des pellicules. Ce film lipidique, sécrété par les glandes sébacées, a pourtant une fonction protectrice essentielle : il lubrifie le cuir chevelu, préserve son hydratation et forme une barrière naturelle contre les agressions extérieures. Mais, comme souvent en biologie, c’est la question de l’équilibre qui importe : trop peu de sébum fragilise la peau, trop de sébum modifie l’écosystème cutané.

L’étude de ZHANG citée précédemment a également analysé la relation entre le sébum et les pellicules. Les chercheurs ont constaté que la production sébacée varie avec l’âge : elle est maximale entre 20 et 39 ans, puis tend à diminuer après 40 ans. À première vue, on pourrait ainsi s’attendre à ce que les plus jeunes soient davantage touchés par les pellicules. Or, c’est l’inverse : les adultes plus âgés présentent souvent plus de squames, malgré un sébum moins abondant. Ce paradoxe montre que le sébum seul n’est pas le responsable direct, mais qu’il agit en interaction avec le microbiote et la barrière cutanée.

L'effet qu'aura le sébum dépend avant tout dans sa composition. Riche en triglycérides et en esters de cire, il constitue une véritable source de nutriments pour les micro-organismes lipophiles, notamment les levures du genre Malassezia. Ces dernières possèdent des enzymes lipases capables d’hydrolyser les triglycérides du sébum et de libérer des acides gras libres. Parmi eux, certains acides gras insaturés sont connus pour être irritants : ils altèrent la cohésion des cornéocytes de la couche cornée et augmentent la perméabilité de la barrière cutanée. En conséquence, la peau se fragilise, l’inflammation locale s’installe et la desquamation s'intensifie.

Le sébum influence aussi la population bactérienne du cuir chevelu. Par exemple, Cutibacterium utilise certains lipides comme substrats énergétiques. Sa présence, bénéfique dans des conditions équilibrées, est associée à la production d’acides organiques et de substances antimicrobiennes qui limitent la croissance de bactéries concurrentes comme Staphylococcus. Un déséquilibre dans la composition du sébum peut donc désavantager certaines populations bactériennes au profit d’autres, contribuant indirectement à l’installation des pellicules.

Enfin, au-delà de sa composition, le sébum agit aussi en modulant la perte en eau transépidermique. En effet, un déficit ou une mauvaise qualité de sébum peut accentuer la fuite d’eau à travers l’épiderme, fragilisant encore davantage la barrière cutanée. L’étude montre que les zones du cuir chevelu où la perte en eau transépidermique est élevée sont également celles où les pellicules sont les plus marquées.

Le sébum ne doit pas être vu comme un facteur isolé mais comme un modulateur de l'équilibre du cuir chevelu.

Cause n°3 des pellicules : Une susceptibilité individuelle et génétique.

Si le déséquilibre du microbiote cutané et la quantité et la qualité du sébum constituent des facteurs majeurs, toutes les personnes ne réagissent pas de la même manière face à ces perturbations. L’apparition des pellicules dépend également de caractéristiques propres à l’individu, qu’elles soient physiologiques, génétiques ou liées à des variations locales sur le cuir chevelu.

L’étude de ZHANG montre que l’âge influence l'apparition de pellicules. Les adultes de 40 à 59 ans présentent généralement plus de pellicules que les plus jeunes, malgré une production de sébum plus faible. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs liés au vieillissement cutané : la barrière cutanée devient moins efficace, l’hydratation naturelle diminue, et la composition du microbiote évolue avec le temps. Mis en commun, ces changements rendent le cuir chevelu plus vulnérable à l’inflammation et à la desquamation.

VolontairesScore de pellicules (0-8)Sebum (μg/cm2)
Volontaires entre 20 et 39 ans (n=96)198
Volontaires entre 40 et 59 ans (n=78)270
Relation entre le score de pellicules, l'âge et la production de sébum.
Source : ZHANG M. & al. Dandruff is associated with the conjoined interactions between host and microorganisms. Scientific Reports (2015).

La génétique influence également la réponse cutanée. Certaines variations individuelles dans la composition lipidique du sébum, la production de cytokines ou l’intégrité de la barrière cutanée peuvent rendre certaines personnes plus sensibles aux irritations ou aux déséquilibres du microbiote. Par ailleurs, l’étude de ZHANG souligne que la simple présence de Malassezia n’est pas suffisante pour provoquer des pellicules : ce sont les souches spécifiques et leurs interactions avec le cuir chevelu qui importent. Certaines personnes tolèrent de grandes populations de Malassezia sans symptômes, tandis que d’autres développent une desquamation marquée avec des niveaux similaires.

La susceptibilité individuelle, modulée par la patrimoine génétique, mais aussi l’histoire physiologique et immunitaire de chaque personne, est un facteur à considérer dans le développement des pellicules.

Remarque : Le stress est souvent cité comme un facteur aggravant des pellicules, mais les preuves directes d’un lien restent limitées. Certaines études, notamment auprès d’adolescents, n’ont pas montré d’association directe entre le niveau de stress et l’apparition des pellicules. Néanmoins, il est vrai que le stress peut influencer la santé du cuir chevelu en modulant l'activité des glandes sébacées, un facteur impliqué dans le développement des pellicules. Davantage d'études sont donc nécessaires pour conclure quant à l'influence du stress sur l'apparition des pellicules dans les cheveux.

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