Le dioxyde de silicium (silice) est un ingrédient minéral largement utilisé en cosmétique pour ses propriétés absorbantes, texturisantes et exfoliantes. Sa sécurité dépend toutefois de sa forme, de sa taille particulaire et de sa voie d’exposition, justifiant une évaluation rigoureuse des risques. Découvrez-en plus sur ces risques.

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- Existe-t-il des dangers liés à l'utilisation cosmétique de la silice ?
Existe-t-il des dangers liés à l'utilisation cosmétique de la silice ?
- Une distinction essentielle : silice amorphe vs silice cristalline
- Les nanoparticules de silice : un danger en cosmétique ?
- Inhalation de particules fines : risque principal identifié pour la silice
- Silice : tolérance cutanée et profil dermatologique
- Impact environnemental : la silice, une alternative durable
- Source
Une distinction essentielle : silice amorphe vs silice cristalline.
Le dioxyde de silicium, également appelé silice (silica), est un ingrédient d’origine minérale couramment utilisé dans les produits cosmétiques. Il intervient principalement comme agent absorbant, matifiant, texturisant ou exfoliant. Si sa présence est largement répandue dans les soins cutanés et les produits de maquillage, des interrogations subsistent quant à sa sécurité, notamment selon sa forme physico-chimique, sa taille particulaire et sa voie d’exposition.
La silice existe sous deux formes principales : amorphe et cristalline. La silice amorphe, utilisée en cosmétique, peut être naturelle ou synthétique. Elle est caractérisée par une faible solubilité dans l’eau, une inertie chimique et une absence de structure cristalline ordonnée. Les évaluations toxicologiques, notamment celles du Cosmetic Ingredient Review (CIR) et du Scientific Committee on Consumer Safety (SCCS), concluent à son innocuité par voie cutanée, sous réserve du respect des conditions usuelles d’utilisation.
En revanche, la silice cristalline, classée cancérogène de groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), est toxique par inhalation chronique, notamment en milieu professionnel.
Cette forme n’est pas utilisée ni autorisée dans les produits cosmétiques en raison de ce risque avéré.
Les nanoparticules de silice : un danger en cosmétique ?
L’introduction de nanoparticules de silice dans certaines formulations cosmétiques (particules <100 nm) a suscité une vigilance accrue des autorités réglementaires. Le SCCS recommande une évaluation au cas par cas, portant sur la structure, la surface, la solubilité et la biodisponibilité. Les données disponibles suggèrent que la pénétration cutanée de la silice nanométrique est très faible à nulle sur peau intacte. Toutefois, en cas de barrière cutanée altérée, la perméabilité pourrait théoriquement augmenter. La réglementation européenne impose que les nanoparticules de silice soient surface-modifiées, non solubles et non présentes dans des produits destinés à être inhalés, tels que les sprays ou aérosols. À ce jour, aucun effet toxique systémique n’a été démontré in vivo dans les conditions normales d’usage cosmétique.
Inhalation de particules fines : risque principal identifié pour la silice.
Le risque principal associé à la silice cosmétique concerne l’inhalation de particules, en particulier dans les poudres libres (fonds de teint, poudres de finition) ou les produits en spray. Même amorphe, la silice en suspension peut provoquer des irritations des voies respiratoires supérieures en cas d’exposition prolongée ou répétée. Ce risque est renforcé si la taille des particules est inférieure à 10 µm, leur permettant d’atteindre les alvéoles pulmonaires.
L’inhalation de particules fines de silice, présentes dans certains produits cosmétiques sous forme amorphe ou cristalline, peut entraîner des réactions inflammatoires pulmonaires et des risques pour la santé. Des études montrent que la toxicité de la silice dépend de la structure de surface des particules. Parmi ces éléments de surface, les groupements silanol "quasi-libres" jouent un rôle important. Ces petits groupes chimiques (≡Si–OH) sont suffisamment accessibles pour interagir fortement avec les membranes des cellules humaines, comme celles des poumons. Ces interactions peuvent endommager les cellules et déclencher une réponse inflammatoire du système immunitaire. Si cette inflammation persiste à cause d’expositions répétées ou prolongées (par exemple, chez des ouvriers exposés à la poussière de silice cristalline), cela peut provoquer des maladies chroniques comme la silicose ainsi que des maladies auto-immunes.
Silice : tolérance cutanée et profil dermatologique.
La tolérance cutanée de la silice amorphe est généralement correcte. Les études in vitro et in vivo confirment l’absence d’irritation, de sensibilisation ou de toxicité cutanée. Son mécanisme d’action repose uniquement sur des propriétés physiques, telles que l’absorption du sébum, la modification de la texture des formules et la diffusion optique de la lumière. Des sensations de dessèchement ou d’inconfort transitoire peuvent toutefois survenir sur les peaux sèches ou sensibles, en raison de son pouvoir absorbant. Lorsqu’elle est utilisée sous forme granulaire (non sphérique), la silice peut également jouer un rôle d’agent exfoliant mécanique. Dans ce cas, le choix de la granulométrie est déterminant pour éviter une abrasion excessive.
Impact environnemental : la silice, une alternative durable.
Sur le plan environnemental, la silice présente un profil favorable. Contrairement aux microplastiques autrefois utilisés comme exfoliants (polyéthylène, nylon), la silice est minérale, non persistante dans les milieux aquatiques, et non bioaccumulative. Elle constitue ainsi une alternative durable dans les produits rincés et les formulations éco-responsables.
Sur le plan environnemental, la silice est une option plus respectueuse. Contrairement aux microplastiques comme le polyéthylène ou le nylon, autrefois utilisés dans les gommages, la silice est d’origine minérale, ce qui signifie qu’elle provient notamment du sable ou du quartz. Elle ne reste pas longtemps dans l’eau, ne pollue pas durablement les rivières ou les océans, et ne s’accumule pas dans les organismes vivants. C’est pourquoi elle est considérée comme une alternative plus écologique, notamment dans les produits qui se rincent ou dans les soins conçus pour limiter leur impact sur l’environnement.
En résumé.
Les formes amorphes, sphériques ou poreuses, sont autorisées en cosmétique par la réglementation européenne.
Appliquée sur la peau, la silice n’est pas inhalée et ne présente pas de danger identifié.
La silice cristalline inhalée peut provoquer la silicose ou des cancers après exposition prolongée.
Les nanoparticules de silice en sprays ou aérosols peuvent poser des risques en cas d’inhalation.
Source
SANDERSON W. T. & al. Occupational silica exposure and risk of various diseases: an analysis using death certificates from 27 states of the United States. Occupational and Environmental medicine (2003).
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MOKRA D. & al. New Insights into Pathomechanisms and Treatment Possibilities for Lung Silicosis. International Journal of Molecular Sciences (2021).
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NOLDE J. & al. Investigation on the skin penetration of synthetic amorphous silica (SAS) used in cosmetic products. Toxicology Letters (2024).
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