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Boire du café a-t-il des conséquences sur la peau ?

Le marc de café sert souvent de base pour les gommages et les masques destinés au visage. Il est apprécié pour sa richesse en caféine, ayant des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, mais qu’en est-il de la consommation du café ? Y a-t-il des bienfaits, des risques pour la peau ? Éléments de réponse dans cet article.

Bienfait n°1 : Boire du café diminuerait le risque de rosacée ?

On dit souvent que consommer du café peut provoquer des poussées de rosacée. Néanmoins, ce ne serait pas tout à fait le cas : le café aurait plutôt des avantages contre la rosacée. Selon une étude réalisée par Wen-Qing LI, il a été démontré que la consommation de boissons caféinées était liée à une réduction du risque de rosacée en fonction de la dose. Le risque total de rosacée a baissé de 132 pour 100 000 personnes-années pour les consommations de caféine les plus élevées par rapport aux consommations de caféine les plus faibles, et de 131 pour 100 000 personnes-années pour la consommation de café cafeiné de quatre portions par jour ou plus par rapport à moins d'une portion par mois.

L'une des explications est l'effet de la caféine, le composé principal du café, sur la contractilité vasculaire. On a observé une vasodilatation dans la pathogenèse de la rosacée et la caféine est connue pour provoquer une vasoconstriction en agissant sur le système rénine-angiotensine-aldostérone. La prise de caféine pourrait alors réduire la vasodilatation et, par conséquent, réduire les symptômes de la rosacée. De plus, il a été prouvé que la caféine renferme des antioxydants et a des effets immunosuppresseurs, ce qui peut entraîner une réduction de l'inflammation dans la rosacée. Finalement, il a été démontré que des éléments hormonaux jouent un rôle dans le développement de la rosacée et que la caféine peut influencer les niveaux d'hormones, telles que l'adrénaline, la noradrénaline et le cortisol.

Des analyses complémentaires ont montré que l'augmentation de la consommation de caféine provenant d'aliments autres que le café (thé, soda et chocolat) n'était pas significativement associée à une diminution du risque de rosacée. De plus, le café décaféiné n'a pas montré d'association positive avec le risque de rosacée, ce qui suggère que des ingrédients autres que la caféine peuvent agir. L'un des ingrédients potentiels est le polyphénol présent dans le café. Les polyphénols ont des effets antioxydants, anti-inflammatoires et vasculaires, et ils se sont révélés bénéfiques dans le traitement de la rosacée, en particulier pour l'érythème facial, les papules et les pustules.

Cependant, les études sur le sujet sont peu nombreuses.

Bienfait n°2 : Boire du café inhibe les symptômes de la dermatite ?

Dans une étude menée par Eisuke F. SATO, les chercheurs ont voulu vérifier l'impact de l'administration orale de polyphénols issus du café (acide caféique et acide chlorogénique) à des souris sur la dermatite cutanée induite par les rayons UVB. Après l'administration orale d'acide caféique à 100 mg/jour, ou d'acide chlorogénique à 100 mg/jour pendant huit jours, seul l'acide caféique s'est avéré inhiber la dermatite. Plus précisément, on a constaté une réduction significative des marqueurs de l'inflammation tels que le degré d'érythème et d'œdème de la peau.

L'irradiation UVB est connue pour activer plusieurs voies de signalisation, notamment la voie des << mitogen-activated protein kinases >> (MAPK), qui a été impliquée dans l'inflammation cutanée et la carcinogenèse induites par les UVB. Les MAPK, qui appartiennent à une famille de protéines kinases à sérine/thréonine, sont activées par les UVB. Elles jouent un rôle important dans les fonctions cellulaires, telles que la prolifération, la différenciation et l'inflammation. La voie par laquelle l'acide caféique inhibe la dermatite est donc possiblement liée à cette voie, en diminuant les niveaux des MAPK.

Bienfait n°3 : Boire du café réduit l'hyperpigmentation ?

Dans l'étude mentionnée précédemment, les chercheurs ont également voulu vérifier l'action de l'administration orale d'acide caféique (100 mg/jour) et d'acide chlorogénique (100 mg/jour) pendant huit jours à des souris sur l'hyperpigmentation cutanée induite par les rayons UVB. Similairement au dernier résultat, seul l'acide caféique a pu inhiber l'hyperpigmentation de la peau.

La pigmentation est une réponse protectrice de la peau contre les dommages causés par les UV, par la production de mélanine dans les mélanocytes. La production de mélanine induite par l'irradiation UV est régulée par l'α-MSH. L'α-MSH se lie au récepteur MC1 sur les mélanocytes, ce qui entraîne une augmentation de l'AMPc, qui stimule l'expression du facteur de transcription associé à la microphtalmie (MITF). MITF active ensuite l'expression d'enzymes comme la tyrosinase, essentielle à la synthèse de la mélanine.

Dans cette étude, l'administration orale d'acide caféique a induit une augmentation des niveaux de β-endorphine. La β-Endorphine est un peptide opioïde qui participerait à l'action inhibitrice de l'activation des mélanocytes induite par les UVB, par diminution de l'accumulation d'AMPc générée par l'α-MSH. Compte tenu de ces résultats, nous pouvons considérer que l'effet inhibiteur de la pigmentation par l'administration orale d'acide caféique pourrait avoir été exercé par une voie β-endorphine.

Cela pourrait expliquer un effet potentiellement anti-pigmentaire de la consommation de café. Néanmoins, des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Bienfait n°4 : Boire du café réduit le risque de carcinome cutané.

Michael KRUGER et ses collègues ont souhaité évaluer la relation entre la consommation quotidienne de café et le carcinome de la peau. Cette étude est une analyse transversale des femmes caucasiennes (n = 93 676). Par rapport aux non-buveuses, les femmes ne buvant que du café caféiné quotidiennement avaient une prévalence de cancer de la peau autre que le mélanome réduite de 10,8 %. La consommation de six tasses ou plus de café caféiné par jour était associée à une réduction de 36 % du cancer de la peau autre que le mélanome. Contrairement au café caféiné, la consommation quotidienne de café décaféiné n'a pas été associée à un changement significatif dans les déclarations de cancer de la peau sans mélanome chez les femmes.

La consommation quotidienne de café caféiné a donc été associée à une diminution, liée à la dose, de la prévalence du cancer de la peau autre que le mélanome chez les femmes.

La caféine est l'un des composés les plus étudiés dans le cadre du pouvoir chimiopréventif du café. La caféine exerce son action antiproliférative et anticancérigène en régulant la croissance, le développement et l'apoptose des cellules tumorales. Il a été démontré que la caféine inhibe la carcinogenèse induite par les UV en supprimant la formation des dimères de thymine, des lésions de l'ADN. Cependant, le potentiel anti-cancérigène du café dans le cancer de la peau n'est pas seulement lié à la caféine. Les polyphénols contenus dans le café sont connus pour inhiber la carcinogenèse car ils ont des propriétés antioxydantes par piegeage des radicaux libres, et anti-inflammatoires. Outre leur activité antioxydante, les polyphénols sont connus pour empêcher la carcinogenèse en inhibant la cyclo-oxygénase-2 (COX-2).

Sources

  • KRUGER M. & al. Daily coffee consumption and prevalence of nonmelanoma skin cancer in Caucasian women. European Journal of Cancer Prevention (2007).

  • SATO E.F. & al. The Preventive Effect of Coffee Compounds on Dermatitis and Epidermal Pigmentation after Ultraviolet Irradiation in Mice. Skin Pharmacology and Physiology (2017).

  • LI W. Q. & al. Association of caffeine intake and caffeinated coffee consumption with risk of incident rosacea in women. JAMA Dermatology (2018).

  • YORULMAZ A. Coffee and Skin: What do We Know About it? Turkiye Klinikleri Dermatoloji (2019).

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