Le vitiligo, une maladie de la peau caractérisée par la perte de pigmentation sur certaines zones du corps en raison de la destruction des mélanocytes, peut avoir un impact psychologique important. Les personnes atteintes peuvent ressentir de l'anxiété et du stress en raison de l'apparence modifiée de leur peau, qui peut affecter leur estime de soi. Ce stress est souvent exacerbé par la stigmatisation sociale et les difficultés d'acceptation de la maladie.
Une étude à émis l'hypothèse que les patients atteints de vitiligo sont plus sujets au stress que ceux qui ne sont pas atteints. Pour cela, 102 patients ont été analysés avec 54,8% d'hommes et 45,2% de femmes, en sachant que les femmes sont souvent plus sujettes au stress que les hommes. Les patients sont plus inquiets de voir le vitiligo se développer dans les zones les plus visibles de leur peau, c'est pourquoi l'étude a suivi le développement du vitiligo dans différentes parties du corps et notamment sur les zones visibles. Ils ont constaté que les personnes atteintes de vitiligo avaient plus de difficulté à gérer le stress que les personnes témoins. En effet, l’étude mentionne un score PSS moyen (Perceived stress scale), qui permet de mesurer le niveau de stress, plus élevé chez les patients atteints de vitiligo (19,3%), par rapport au groupe témoin (13,8%), ce qui suggère que ces patients ressentent un niveau de stress plus important. Bien que dans cette étude ni l'âge, ni la durée du vitiligo, ni le statut de la maladie n'aient été associés à la perception du stress et que le PSS ne mesure que la perception du stress d'une personne au cours des derniers mois, on pourrait se poser la question sur les différents facteurs qui pourraient expliquer l'apparition de ce stress autrement que par le vitiligo.
Une autre étude a cherché à évaluer l’association entre les niveaux d’hormones liées au stress et le stress psychologique chez les personnes atteintes de vitiligo. Les 46 patients étudiés présentaient fréquemment du stress et de l’anxiété, en partie à cause de la stigmatisation associée à la maladie. L’objectif était donc de déterminer l’impact des hormones du stress sur cette population. Les résultats montrent que les niveaux de cortisol et de déhydroépiandrostérone (DHEAS), une hormone associée à la résistance au stress, ne diffèrent pas significativement entre les patients atteints de vitiligo et les personnes en bonne santé. En effet, la moyenne de DHEAS était de 192,31 chez les patients atteints contre 224,82 chez les personnes non atteintes. De plus, la valeur de probabilité obtenue (P = 0,158) est supérieure au seuil de 0,05 nécessaire pour conclure à une différence significative. Ces résultats ne permettent donc pas de confirmer une différence nette entre les deux groupes.
Cependant, une analyse plus approfondie a montré que, malgré l'absence de différence statistique significative, les personnes en bonne santé présentaient globalement des niveaux de DHEAS plus élevés. Cela suggère que les patients atteints de vitiligo pourraient avoir une capacité réduite à gérer le stress. La DHEAS joue en effet un rôle essentiel dans la modulation des effets du cortisol, l’hormone du stress. Un faible taux de DHEAS limite cette protection naturelle, ce qui pourrait aggraver l’état psychologique des patients. De plus, la DHEAS possède des propriétés antioxydantes, contribuant à réduire le stress oxydatif. Un déficit en DHEAS pourrait ainsi favoriser l’aggravation des lésions dépigmentées observées dans le vitiligo.
Toutefois, en raison du faible nombre de participants et de l'absence de résultats significatifs, d'autres recherches sont nécessaires pour établir un lien clair entre vitiligo et altération de la gestion du stress.