Pourquoi avons-nous plus de grains de beauté avec l’âge ?

Également connus sous le nom de nævus, les grains de beauté sont des taches de couleur foncée et de forme arrondie ou ovale qui apparaissent sur la peau. Ils peuvent être plats ou bombés et sont totalement indolores et bénins. Néanmoins, ils doivent être surveillés pour s'assurer qu'ils ne se transforment pas en mélanome, une forme dangereuse de cancer cutané. Les grains de beauté se forment suite à une accumulation de mélanocytes dans l'épiderme. Pour rappel, les mélanocytes sont les cellules productrices de mélanine, le pigment qui colore la peau. Les nævi apparaissent généralement sur les zones fréquemment exposées au soleil, comme le visage, les bras et les jambes. La taille, la couleur et le nombre des grains de beauté varient selon les individus.

Le nombre de grains de beauté sur la peau peut être considéré comme un indicateur du vieillissement corporel.

Il est rare de naître avec des grains de beauté. Dans cette situation particulière, on parle de nævus congénital. La plupart des grains de beauté se forment au cours de l'enfance et de l'adolescence, majoritairement en réponse aux expositions aux rayons UV du soleil. Cela s'explique par le fait que la peau des jeunes enfants est naturellement plus sensible et plus réactive aux stimuli environnementaux, comme les rayons UV. Ces derniers favorisent la prolifération des mélanocytes et leur regroupement en amas dans l’épiderme, donnant naissance aux grains de beauté.

Outre l'exposition solaire, les variations hormonales contribuent aussi à l'émergence des nævi. L’adolescence est une période marquée par des bouleversements hormonaux, notamment une augmentation des taux de certaines hormones, comme les androgènes, qui influencent la prolifération des cellules de la peau. Ces modifications hormonales peuvent stimuler l’apparition de nouveaux grains de beauté ou entraîner des changements dans ceux déjà présents. De la même manière, la grossesse constitue une période propice à l’apparition des grains de beauté. Sous l’effet des fluctuations hormonales, notamment de l’augmentation des œstrogènes et de la progestérone, les mélanocytes deviennent plus actifs, ce qui augmente la probabilité de voir apparaître des grains de beauté. Ce phénomène est similaire à l'hyperpigmentation parfois observée sur le corps des femmes enceintes, appelée masque de grossesse.

Il est rare de voir de nouveaux grains de beauté apparaître à l’âge adulte. La plupart des nævi ont tendance à se stabiliser après 30 ans. Si vous remarquez l'apparition de nouveaux grains de beauté après cet âge, mieux vaut consulter un dermatologue afin de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un mélanome.

En vieillissant, il est courant de remarquer l’apparition de nouvelles taches sur la peau, souvent perçues comme des grains de beauté. Cependant, ce que beaucoup de personnes considèrent comme de nouveaux nævi sont en réalité des kératoses séborrhéiques, des excroissances bénignes qui apparaissent fréquemment à partir de la quarantaine. Elles sont souvent en relief et semblent être posées sur la peau, un peu comme une croûte. Leur taille moyenne est de 0,5 à 1 cm, mais elles peuvent parfois être plus grandes. Les kératoses séborrhéiques sont indolores, même si elles peuvent parfois gêner si elles sont situées dans des zones de frottement ou susceptibles d'être accrochées à des vêtements ou à des bijoux.

En dépit de leur apparence parfois inesthétique, les kératoses séborrhéiques sont des lésions bénignes qui n'évoluent pas en cancer cutané, contrairement à certains grains de beauté. Leur mécanisme d’apparition est encore en cours d’étude, mais il semble que le vieillissement extrinsèque de la peau, notamment dû à une exposition prolongée au soleil, soit un facteur majeur. En vieillissant, la peau subit des mutations dans certaines molécules de signalisation, notamment celles du récepteur 3 du facteur de croissance des fibroblastes, intervenant dans la régulation de la croissance cellulaire. Ces mutations sont fréquemment retrouvées dans les kératoses séborrhéiques. Toutefois, ces changements ne sont pas associés à un potentiel malin.

• HOLMAN J. & al. Etiology of Common Acquired Melanocytic Nevi: Constitutional Variables, Sun Exposure, and Diet. Journal of the National Cancer Institute (1986).

• SATYAMOORTHY K. & al. Lessons from melanocyte development for understanding the biological events in naevus and melanoma formation. Melanoma Research (2000).

• ZEROUALI A. & al. Modifications physiologiques de la peau au cours de la grossesse. La Presse Médicale (2011).

• HATZISTERGOS K. E. & al. How, and from which cell sources, do nevi really develop? Experimental Dermatology (2014).

• WOLLINA U. Recent advances in managing and understanding seborrheic keratosis. F1000 Research (2019).