Qu'il s'agisse d'une occasion spéciale ou d'un simple plaisir quotidien, se vernir les ongles est un geste ancré dans les habitudes de nombreuses personnes. Pourtant, derrière ce geste anodin, se cachent plusieurs interrogations sur les risques que cela comporte pour la santé. En effet, entre l'inhalation de valeurs potentiellement toxiques, l'absorption cutanée de substances chimiques et les effets sur la structure des ongles, plusieurs questions méritent d'être abordées. Le premier problème posé par les vernis à ongles est leur fort potentiel allergique. En effet, il n'est pas rare pour les vernis à ongles de provoquer des rougeurs et des démangeaisons autour des ongles, voire sur d'autres parties du corps suite à un transfert accidentel, notamment chez les personnes ayant une peau atopique. Ces allergies sont particulièrement fréquentes avec les vernis semi-permanents.
De plus, si l'application de vernis à ongles embellit les ongles, elle peut aussi paradoxalement les fragiliser sur le long terme. Plusieurs facteurs contribuent à cet effet, notamment l'exposition chronique aux résines et aux plastifiants retrouvés dans les vernis, qui peuvent altérer la structure de la kératine des ongles. Les solvants, essentiels dans la formule d’un vernis à ongles pour assurer un séchage rapide, peuvent également altérer les lipides naturels de l’ongle en s’évaporant, ce qui le rend plus sec et cassant. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il est conseillé de ne pas enchaîner les manucures et de faire des pauses.
Toutefois, le vrai danger posé par les vernis à ongles est l'inhalation de ses vapeurs. Dès l’ouverture d'un flacon, une odeur forte s’échappe, signe de la présence de composés organiques volatils. Il s'agit des solvants des vernis à ongles. Or, s'ils permettent aux vernis de sécher rapidement, en s'évaporant dans l'air, ils sont inhalés involontairement. Une exposition ponctuelle n'est pas forcément dangereuse, mais une inhalation répétée et prolongée peut être problématique. En effet, dans des environnements mal ventilés, les solvants volatils des vernis à ongles peuvent, entre autres, provoquer des irritations des voies respiratoires, des maux de tête et des vertiges, notamment en cas d’utilisation fréquente. Ces effets sont encore plus marqués pour les professionnels de l’esthétique, qui sont exposés quotidiennement aux émanations des vernis et des dissolvants, augmentant le risque de troubles respiratoires chroniques.
Une étude a évalué l'exposition des travailleurs des salons de manucure aux composés organiques volatils en utilisant cinq types de vernis à ongles parmi les plus populaires aux États-Unis. Le scénario simulé consistait à appliquer du vernis sur 32 ongles toutes les 15 minutes pendant une journée de travail de 8 heures, dans une chambre d'essai avec un débit d'air contrôlé. Les résultats ont révélé que les concentrations d'acétate de butyle (161-330 ppm) et d'acétate d'éthyle (440 ppm) dépassaient les seuils de sécurité (respectivement de150 ppm et 400 ppm). De plus, le formaldéhyde était présent à des concentrations variant de 0,12 à 0,22 ppm, au-dessus de la limite de 0,10 ppm. Cela souligne les risques d'exposition élevés à ces solvants volatils potentiellement dangereux dans les salons de manucure et montre la nécessité d'augmenter la ventilation et de sensibiliser les travailleurs aux dangers liés à ces produits.
L'utilisation ponctuelle de vernis à ongles dans un cadre domestique n'est pas dangereuse en soi mais une exposition prolongée dans un contexte professionnel soulève davantage de préoccupations.