Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par l'apparition de taches dépigmentées sur la peau, résultant d'une perte de mélanocytes. Mais ce trouble présente-t-il un danger pour la santé ? Découvrez les réponses dans cet article.

Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par l'apparition de taches dépigmentées sur la peau, résultant d'une perte de mélanocytes. Mais ce trouble présente-t-il un danger pour la santé ? Découvrez les réponses dans cet article.
Pour mieux appréhender cette maladie et sa dépigmentation, il est essentiel de comprendre les mécanismes à l'origine de ce dysfonctionnement. Le vitiligo résulte de la perte des mélanocytes, des cellules situées à la jonction dermo-épidermique, dont la fonction principale est de synthétiser la mélanine. Ce pigment est responsable de la pigmentation de la peau et de sa protection contre les rayons UV. Une fois produite, la mélanine est transférée via les prolongements dendritiques des mélanocytes dans les kératinocytes, qui interviennent également dans la réponse inflammatoire cutanée.
Deux mécanismes principaux expliquent la disparition des mélanocytes dans le cadre du vitiligo. Le premier est lié à leur destruction par les lymphocytes T cytotoxiques CD8+, entraînant leur mort par apoptose. Le second repose sur un défaut d’adhésion des mélanocytes à la lame basale, provoquant leur détachement et leur élimination.
Bien que ces mécanismes génèrent des préoccupations esthétiques importantes, le vitiligo ne présente ni risques de complications directes, comme des infections, ni douleurs physiques.
Touchant entre 0,5% et 2% de la population mondiale, le vitiligo n'est pas une maladie dangereuse pour la santé physique, mais il est souvent lié à des comorbidités. En effet, si cette maladie auto-immune n'affecte pas directement les organes ni ne met en jeu le pronostic vital, elle est souvent associée à d'autres pathologies auto-immunes, telles que la thyroïdite d'Hashimoto ou le diabète de type 1.
des patients atteints de vitiligo souffrent aussi d'une maladie thyroïdienne.
Une étude réalisée à partir de la base de données de l'assurance maladie nationale de Taïwan a révélé une corrélation significative entre le vitiligo et diverses maladies. L'analyse a porté sur 14 883 patients atteints de vitiligo et 59 532 individus ne présentant pas cette condition. Les résultats montrent que les personnes atteintes de vitiligo présentent une prévalence plus élevée de comorbidités. En particulier, 14,3% des patients atteints de vitiligo souffraient d’au moins une autre maladie auto-immune, contre seulement 6% dans le groupe témoin.
Par ailleurs, il a été démontré que le manque de mélanine dans la peau lésionnelle des patients atteints de vitiligo augmente les dommages causés par la lumière. Les personnes atteintes de vitiligo doivent donc être particulièrement prudentes lors de l'exposition au soleil, bien que celle-ci ne soit pas à bannir totalement. Une exposition progressive et modérée, couplée à l'application préalable d'une crème solaire, est possible et peut même être bénéfique pour le moral.
Enfin, si le vitiligo n'est pas dangereux en soi, son impact psychologique et social peut être considérable. Les taches sont souvent visibles sur des zones telles que le visage, les mains ou des parties visibles du corps. Cela entraîne chez certains patients une perte de confiance en soi, de l'anxiété ou des troubles dépressifs. Dans une revue publiée dans le British Journal of Dermatology regroupant plusieurs études traitant de l'état psychologique des patients atteints de vitiligo, il a été relevé que la dépression (dans 25 études), suivie de l'anxiété (dans 13 études) et d'autres maladies comme la phobie sociale sont des troubles psychologiques qui surviennent fréquemment chez les patients atteints de vitiligo.
| Trouble psychologique | Prévalence |
|---|---|
| Dépression | 23% |
| Anxiété | 53% |
| Trouble dépressif persistant (dysthymie) | 8,7% |
| Phobie sociale | 8% |
| Toxicomanie | 10% |
C'est pourquoi il est essentiel de permettre une prise en charge et un soutien psychologique aux personnes atteintes de vitiligo qui en ressentent le besoin.
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