Pour rappel, le pH acide de la peau préserve l'intégrité et la cohésion de la couche cornée et protège la peau des infections microbiennes. En effet, lorsque le pH cutanée augmente, les enzymes responsables de la production de céramides, qui ont un pH optimal acide, sont inactivées compromettant la structure et la fonction de la couche cornée. De plus, tandis que les enzymes synthétisant les lipides diminuent, d'autres enzymes augmentent à pH acide : les protéases à sérine. Ces dernières entraînent une diminution des cornéodesmosomes, par dégradation de la desmogléine-1, qui ont pour rôle d'assurer la cohésion des éléments de la couche cornée.
Lorsque le pH de la peau est dérégulée, la peau n'est plus résistante aux agressions externes et ne conserve plus son hydratation.
Ceci est favorable au développement de dermatoses, tels que la dermatite atopique. En effet, il a été démontré que plus le pH est élevée, plus les démangeaisons sont intenses et plus la sécheresse est importante. Outre le fait que dans la dermatite atopique la structure de la couche cornée soit altérée, la colonisation par le Staphylococcus aureus est une caractéristique commune des patients atteints et est considérée comme un facteur pathogénique majeur de la dermatite atopique. Or, l'adhésion de Staphylococcus aureus aux kératinocytes humains augmente avec l'élévation du pH.
La croissance des bactéries protectrices du microbiote cutané est optimale à des niveaux de pH acide, alors que les bactéries pathogènes se développent à des niveaux de pH neutres et basiques (Staphylococcus aureus, Cutibactirium acnes). Ainsi, une dérégulation du pH cutané perturbe le microbiote de la peau et empêche la protection anti-microbienne. Le risque d'infection est donc plus important. De plus, les protéases à sérine, qui sont activées par un pH élevé, engendrent la synthèse de cytokines à l'origine de l'inflammation.
Préserver le pH cutanée est donc essentiel afin de conserver l'intégrité de la couche cornée et le rôle protecteur de la peau.