Ces mauvaises habitudes qui abîment vos cheveux.

Laver ses cheveux régulièrement est essentiel pour maintenir un cuir chevelu et des longueurs en bonne santé. Toutefois, la fréquence de lavage idéale est difficile à déterminer et fait l'objet de plusieurs controverses. Nettoyer trop souvent ses cheveux peut altérer le film hydrolipidique qui recouvre le cuir chevelu et enrobe les fibres, les rendant alors sèches et cassantes. Néanmoins, à l'inverse, trop espacer les shampooings entraîne une accumulation de sébum, de cellules mortes et de poussière, ce qui peut obstruer les follicules pileux, perturber l'équilibre du cuir chevelu et provoquer une gêne esthétique.

Une étude menée par SHIN et son équipe en 2021 sur 1 500 individus a évalué les effets d’un espacement prolongé des shampooings sur la santé du cuir chevelu. Les chercheurs ont observé une augmentation significative du taux de Malassezia 72 heures après le dernier lavage, parallèlement à une intensification des démangeaisons, des rougeurs et de la desquamation. Ce champignon utilise le sébum comme substrat et le convertit en acides gras pro-inflammatoires. Ces derniers déclenchent la libération de cytokines inflammatoires, participant à l’apparition de dermite séborrhéique ou de pellicules. En réinstaurant un lavage quotidien à l’aide de shampooings doux, les chercheurs ont constaté une réduction nette de la charge en Malassezia et une amélioration de la santé du cuir chevelu, et ce, sans que les fibres capillaires soient altérées. Cela remet en question l’idée selon laquelle le lavage quotidien des cheveux serait systématiquement nocif, dès lors que le produit utilisé respecte le film hydrolipidique.

Il n'existe pas de fréquence de lavage universelle idéale : elle dépend du type de cheveux (secs, gras, fins, frisés...) et du mode de vie (pollution, activité physique...). Pour les cheveux très secs ou frisés, il peut être pertinent d'espacer les lavages, tandis que les cuirs chevelus gras ou sujets aux pellicules bénéficieront d'un nettoyage plus fréquent.

Par manque de temps ou d'envie, nombreuses sont les personnes qui laissent leurs cheveux sécher à l'air libre. Toutefois, ce geste qui semble anodin peut en réalité abîmer les fibres capillaires. En effet, lorsqu'ils sont mouillés, les cheveux sont plus fragiles car la cuticule, la couche protectrice externe, se soulève légèrement sous l’effet de l’humidité, ce qui expose les couches internes, notamment le cortex constitué de kératine. De plus, l'eau qui s'infiltre perturbe les liaisons hydrogène entre les chaînes de kératine, ce qui rend la fibre mécaniquement plus instable. En cas de séchage à l'air libre, les cheveux restent mouillés plus longtemps. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il est déconseillé de sortir avec les cheveux mouillés.

Pour préserver votre chevelure, nous vous recommandons de la sécher immédiatement après votre douche. Pour ce faire, l'idéal est d'absorber l'excès d'eau avec une serviette douce, sans frotter, puis de sécher vos cheveux à l’aide d’un sèche-cheveux en mouvement continu à environ 15 cm de distance et à une température modérée d’environ 47°C.

L'utilisation quotidienne d’appareils chauffants, comme les lisseurs ou les fers à boucler, altère progressivement la structure de la fibre capillaire. À haute température, souvent autour de 200°C, la chaleur perturbe les liaisons hydrogène au sein du cortex, modifiant temporairement la forme du cheveu, mais au prix d’un stress thermique considérable. La fibre capillaire subit une perte de protéines et la cuticule se fragilise, rendant les cheveux plus poreux et cassants sur le long terme. Une étude menée sur l’éthyl glucuronide (EtG), un biomarqueur capillaire, a mis en évidence l’impact du lissage thermique sur la composition chimique du cheveu. Sur 41 échantillons de cheveux traités à 200 °C pendant une minute, des variations significatives des taux d’EtG ont été observées : une diminution dans 20 cas (jusqu’à 79%) et une augmentation dans 21 autres (jusqu’à 51%), possiblement liée à une dénaturation de la matrice capillaire.

Pour limiter les dommages, il est conseillé d'utiliser les lisseurs et les fers à boucler avec modération et d'appliquer systématiquement un protecteur thermique avant lissage ou bouclage.

Il peut être tentant de laisser pousser ses cheveux sans jamais les couper, dans l’espoir de gagner en longueur plus rapidement. Pourtant, négliger les pointes constitue une erreur fréquente qui nuit à la qualité de la chevelure. En effet, les extrémités des cheveux sont les zones les plus anciennes et les plus exposées aux agressions mécaniques, chimiques et environnementales. À force, elles deviennent plus fines, poreuses et sujettes à la casse. Lorsque les pointes sont abîmées, elles peuvent se fendre en créant des fourches. Cela débute à l’extrémité du cheveu et remonte progressivement si rien n’est fait, fragilisant la fibre capillaire sur plusieurs centimètres. De plus, contrairement à certaines idées reçues, aucun soin cosmétique ne peut réparer une fourche : seule une coupe permet d’éliminer la partie endommagée et d’empêcher sa propagation.

Il est donc recommandé de couper les pointes de ses cheveux régulièrement, environ tous les 2 à 3 mois, même si l’on souhaite conserver une certaine longueur.

Tout comme la peau, les cheveux sont sensibles aux rayons UV du soleil. Une exposition solaire prolongée sans protection peut altérer la structure et l’apparence des cheveux. Cette photodégradation est due à plusieurs mécanismes moléculaires, notamment à l'oxydation de la cystine, l'un des acides aminés constitutifs de la kératine. Sous l'effet des UV, la cystine peut se transformer en acide cystéique, ce qui déstabilise les ponts disulfures, responsables de la cohésion de la fibre capillaire. De plus, les UV peuvent fragiliser la cuticule et provoquer le soulèvement des écailles, ce qui rend la fibre plus vulnérable aux agressions mécaniques. Les cheveux colorés ou décolorés sont les plus sensibles à l'oxydation photo-induite.

Pour éviter que le soleil n'abîme vos cheveux, nous vous conseillons de les protéger en été en portant un chapeau à bords larges, une casquette ou un foulard. Certains sprays capillaires formulés avec des filtres UV peuvent aussi être appliqués en complément sur les longueurs.

Pratique pour changer de tête, la décoloration est pourtant l’une des techniques les plus agressives pour les cheveux. Les décolorations capillaires reposent sur l'oxydation des granules de mélanine, les pigments responsables de la couleur naturelle des cheveux, localisés dans le cortex. Cette oxydation est rendue possible par des agents très alcalins, comme le peroxyde d’hydrogène ou le persulfate d’ammonium, capables de pénétrer au cœur de la fibre capillaire. Ces molécules dissolvent les ponts disulfures, ce qui fragilise l'organisation interne des fibres capillaires. Par ailleurs, les décolorations répétées altèrent la teneur en lipides des cheveux, en particulier les acides gras présents dans la cuticule, comme l’acide 18-méthyléicosanoïque. Cette perte lipidique augmente la perméabilité de la fibre et la fragilise.

Pour limiter les risques, la décoloration devrait rester occasionnelle et être systématiquement suivie de l'application de soins nourrissants.