L'acné est une maladie inflammatoire chronique des follicules pilo-sébacés, qui se caractérise par l'apparition de boutons inflammatoires (papules, pustules, kystes) et/ou de comédons (points noirs, points blancs), pouvant être localisés sur n'importe quelle partie du corps (torse, dos, visage, etc.).
Ces lésions cutanées sont dues à une production excessive de sébum (hyperséborrhée) ou une modification de sa qualité (dysseborrhée), une hyperkératinisation, et la multiplication anormale de Cutibacterium acnes qui est habituellement bien toléré.
Aujourd'hui, divers conseils et astuces sont fréquemment relayés sur les forums et les réseaux sociaux sur comment prévenir ou lutter contre les lésions acnéiques. Boire beaucoup d'eau en fait partie. Mais ce comportement a-t-il réellement un effet sur l'acné ?
L'apport en eau par voie interne augmente l'hydratation cutanée.
Une étude menée sur 30 jours auprès de 49 femmes a montré qu'un apport alimentaire supplémentaire en eau (2 litres par jour) semble augmenter l'hydratation de la peau et réduire la sécheresse cutanée. Toutefois, les preuves étayant cette observation sont faibles et la pertinence clinique n'est pas encore claire.
Or, il a été observé qu'une peau sèche peut entraîner une surproduction de sébum. Lorsque la teneur cutanée en eau est réduite, la peau doit "compenser" ce manque d'hydratation externe en augmentant la sécrétion de sébum afin de reconstituer la barrière protectrice naturelle de la peau.
Cependant, l'augmentation de l'excrétion de sébum est un événement causal associé au développement de l'acné. En plus, si le sébum interfère avec le processus de kératinisation folliculaire, les pores peuvent se "boucher", ce qui contribue à la formation de boutons.
La consommation d'eau favoriserait la détoxification.
Le corps dispose d'un système de détoxification naturel efficace, et l'eau est un élément essentiel au bon fonctionnement de ce système. En, plus, il a été montré que boire de l'eau pouvait modifier le microbiote de la peau.
Les glandes sudoripares, et principalement les glandes exocrines, responsables de la transpiration, sont présentes sur pratiquement toutes les surfaces cutanées et baignent continuellement la surface de la peau avec leurs sécrétions, qui sont principalement composées d'eau et de sel.
Le rôle principal de la sueur exocrine est la thermorégulation par la libération de la chaleur latente due à l'évaporation de l'eau. Cependant, les glandes exocrines ont également pour fonction d'excréter l'eau et les électrolytes, et d'acidifier la peau, ce qui empêche la colonisation et la croissance des micro-organismes, et l'élimination des toxines.
Pour que ce mécanisme fonctionne correctement, un apport alimentaire suffisant en eau est indispensable. Une élimination correcte des toxines pourrait empêcher les pores de s'obstruer, ce qui pourrait aider à prévenir les éruptions cutanées. Cependant, la recherche sur le sujet est limitée.
Boire de l'eau pourrait avoir un impact sur le système immunitaire.
Une étude a mis en évidence une diminution significative de la fonction immunitaire, à travers une réduction des niveaux de neutrophiles, de macrophages, de cellules tueuses naturelles ("Natural Killers"), et d'autres cellules immunitaires après un effort de type marathon.
Un tel effort est généralement associé à une perte d'eau intense par transpiration. On suppose alors que l'état d'hydratation d'une personne affecte le système immunitaire, et qu'un manque d'apport en eau a un impact négatif sur l'immunité.
Il faut savoir que l'état d'hydratation n'est pas le seul facteur contribuant à ce phénomène. L'équilibre énergétique, le stress thermique et les hormones de stress y contribuent de manière significative également.
Nous supposons que les bactéries associées à l'acné, comme Cutibacterium acnes, seraient donc attaquées par notre système immunitaire renforcé, ce qui diminuerait le risque de développer de l'acné. Toutefois, des recherches supplémentaires sont cependant nécessaires afin de confirmer l'action directe de l'eau de boisson sur la protection contre les bactéries responsables de l'acné.
La consommation d'eau pourrait réguler le taux de glycémie.
Une étude a observé qu'un faible apport en eau pourrait être associé à un risque plus élevé d'hyperglycémie, suggérant qu'un apport plus élevé pouvait prévenir la survenue d'hyperglycémie. En parallèle, SMITH R. N. et son équipe ont montré dans une étude que 12 semaines de régime alimentaire à faible indice glycémique a permis de réduire le nombre de lésions acnéiques de manière significative par rapport à un régime avec un indice glycémique normal à fort (important apport en carbohydrates).
La recherche suppose donc que la consommation fréquente d'hydrates de carbone à indice glycémique élevé peut également nous exposer à une hyper-insulinémie aiguë, c'est-à-dire à un taux d'insuline sanguin supérieur à la normale. Cependant, cette dernière est impliquée dans la physiopathologie de l'acné, en raison de son association avec une augmentation de la biodisponibilité des androgènes, hormones impliquées dans la stimulation de la sécrétion de sébum, et des concentrations libres d'IGF-1, qui augmentent la production de cellules cutanées pouvant alors entraîner une obstruction des pores à travers une hyperkératinisation et donc l'apparition des boutons d'acné.