L'enzacamène fait partie des filtres UV autorisés dans l'Union européenne. Il figure donc sur l'Annexe IV du Règlement (CE) n°1223/2009. L'utilisation du 4-MBC dans les cosmétiques européens est autorisée jusqu'à une concentration maximale de 4%. Toutefois, ce filtre solaire est interdit aux États-Unis, au Japon et au Danemark.
Aujourd'hui, même lorsque sa concentration est inférieure à 4%, le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) ne peut pas conclure sur la sécurité du 4-MBC, car les informations fournies sont insuffisantes pour évaluer pleinement sa génotoxicité potentielle.
L'enzacamène, un composé génotoxique ?
Une étude récente soumise en mars 2022 a évalué le potentiel mutagène du 4-méthylbenzylidène camphre selon les lignes directrices de l’OCDE TG 476, en utilisant des cellules V79 de hamster. Le but était de détecter des mutations génétiques induites dans des cellules de mammifères in vitro. Les cellules ont été exposées pendant quatre heures à différentes concentrations de 4-MBC, avec ou sans activation métabolique. Sans activation métabolique, une cytotoxicité sévère a été observée à partir de 8 µg/mL, ce qui a limité l’analyse à des concentrations inférieures. Avec activation métabolique, la cytotoxicité est survenue à 100 µg/mL. À toutes les doses étudiées, aucune augmentation significative du nombre de colonies mutantes par million de cellules n’a été observée. Seule une légère hausse du taux de mutations dans une culture à 6 µg/mL a été constatée mais cette variation n'était pas significative. Toutefois, cette étude n'a pas été jugée suffisante par le CSSC pour trancher quant au potentiel effet mutagène du 4-MBC, entre autres parce qu'elle ne prenait pas en compte les aberrations chromosomiques.
Quels sont les risques posés par le 4-MBC sur la reproduction et le développement ?
L'enzacamène est également associé à des risques sur la reproduction et le développement. C'est en tout cas ce que suggèrent certaines études de tératogénicité réalisées chez le rat et le lapin. Chez le rat, l’exposition à des doses de 30 et 100 mg/kg de poids corporel par jour a induit un retard d’ossification chez les fœtus, avec une localisation préférentielle au niveau du sternum chez les femelles et des extrémités chez les mâles. Ces effets sont associés à une baisse du poids corporel des mères et des fœtus, laissant supposer une toxicité maternelle globale.
Par ailleurs, une étude de reprotoxicité multigénérationnelle chez le rat, dans laquelle seules les femelles de la génération parentale (F0) ont été exposées au 4-MBC, ne montre pas d’effet notable sur la fertilité ni sur les organes reproducteurs. Cependant, une baisse significative de la FSH est rapportée chez les mâles de la génération F1 à partir d’une dose de 25 mg/kg de poids corporel par jour. Pour rappel, la FSH est une hormone qui a pour fonction de stimuler les ovaires à produire des ovules et les testicules à produire des spermatozoïdes. Les auteurs de l’étude attribuent cette variation à la dynamique hormonale liée à la puberté, plutôt qu’à une atteinte directe de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Néanmoins, cette interprétation reste à prendre avec précaution, l’étude comportant plusieurs limites méthodologiques, telles qu'une absence de traitement des mâles F0, une taille d’échantillon faible et un manque de données quantitatives précises.
L'enzacamène est-il un perturbateur endocrinien ?
Les données disponibles chez l’humain suggèrent que le 4-MBC pourrait perturber l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien, en particulier après une application cutanée. Plusieurs études scientifiques appuient cette inquiétude. L'une d'elles a été menée chez quatre volontaires exposés de manière aiguë à une dose relativement élevée d'enzacamène (300 mg appliqués deux fois sur une surface cutanée de 1 000 cm²). Chez les femmes, cette exposition a entraîné une élévation marquée de la TSH, une hormone qui régule la sécrétion des hormones thyroïdiennes T3 et T4 — allant jusqu’à 369% — ainsi qu'une augmentation des taux de T3 et T4. En revanche, chez les hommes, l’effet a été plus modéré, avec une légère hausse de la T3, tandis que la T4 et la TSH sont restées globalement stables. Bien que cette étude comporte plusieurs incertitudes méthodologiques, les résultats observés semblent cohérents avec ceux obtenus chez les animaux, renforçant l’hypothèse d’un effet du 4-MBC sur le fonctionnement de l’axe thyroïdien.
À l'heure actuelle, le CSSC estime qu'il n'existe pas de preuves suffisantes que le 4-MBC peut agir comme un perturbateur endocrinien mais recommande d'être vigilant.