Minocycline : tout savoir sur cet antibiotique utilisé dans le traitement de la rosacée.

La minocycline est un antibiotique à large spectre appartenant à la famille des tétracyclines. Elle est utilisée pour traiter toutes sortes d’infections causées par des bactéries, notamment l'acné et la rosacée papulo-pustuleuse. Il s'agit d'une tétracycline de seconde génération, comme la doxycycline. En ce qui concerne la rosacée papulo-pustuleuse, un traitement à la minocycline permet de réduire le nombre de papules et de pustules, ce qui améliore visiblement l’apparence et la texture de la peau. La minocycline est également associée à une atténuation des rougeurs, contribuant à une meilleure qualité de vie des patients souffrant de rosacée.

D'un point de vue mécanistique, la minocycline est un inhibiteur de la traduction des protéines bactériennes. Cette substance a la capacité à traverser la paroi bactérienne, en passant par des porines ou par diffusion à travers la couche phospholipidique, avant de se fixer sur la sous-unité 30S des ribosomes. La minocycline stoppe ainsi la synthèse protéique. Privées des protéines essentielles à leur croissance, les bactéries cessent de se multiplier. Cette propriété antibactérienne de la minocycline est particulièrement intéressante dans le cas de la rosacée papulo-pustuleuse, une dermatose dont on suppose qu'elle est influencée par la multiplication de certains micro-organismes à la surface de la peau.

La minocycline agit aussi sur les symptômes inflammatoires de la rosacée en inhibant la production de cytokines pro-inflammatoires telles que les interleukines-1 et 6 (IL-1 et IL-6) et le facteur de nécrose tumorale (TNF-α) par les cellules immunitaires. La minocycline peut également empêcher la dégradation du collagène par les enzymes de type collagénase, réduisant ainsi les dommages tissulaires associés à l’inflammation. Enfin, cette substance peut moduler certaines voies de signalisation intracellulaire, comme la voie MAPK et le NF-κB, jouant un rôle dans la régulation de l’expression de gènes impliqués dans les processus de l'inflammation. 

Remarque : La minocycline peut provoquer une photosensibilisation de la peau. Il est donc recommandé d'appliquer quotidiennement une protection solaire tout au long du traitement. Par ailleurs, il est bon de savoir que la minocycline est déconseillée aux femmes enceintes durant les six derniers mois de grossesse et aux enfants de moins de huit ans car elle pourrait entraîner une coloration permanente des dents.

Aujourd'hui, la minocycline est un antibiotique majoritairement utilisé par voie orale pour soulager les symptômes de l'acné ou de la rosacée papulo-pustuleuse. Une étude récente menée avec 80 patients atteints de rosacée papulo-pustuleuse a mis en évidence l'intérêt d'administrer cette substance et a comparé son efficacité à la doxycycline, un autre antibiotique pouvant être prescrit pour lutter contre cette dermatose. Pour cela, les 80 volontaires ont été divisés en 2 groupes égaux de 40 personnes. Les personnes du premier groupe ont reçu 100 mg de minocycline par jour pendant 16 semaines tandis que celles du second groupe ont eu 40 mg de doxycycline.

À l'issue du traitement, une amélioration des symptômes supérieure à 50% a été mesurée chez 40% du groupe "minocycline" et chez 36% des patients du groupe "doxycycline". Par ailleurs, 35% des patients du groupe "minocycline" ont constaté une "excellente amélioration", contre 36% de ceux du groupe "doxycycline". Aucun effet indésirable majeur n'a été rapporté. La minocycline, ayant un ratio bénéfice/risque moins favorable que la doxycycline, pourrait ainsi être une alternative de traitement intéressante pour les personnes souffrant de rosacée papulo-pustuleuse et ne pouvant pas prendre de doxycycline, quelle qu'en soit la raison.

Moins courante, l'application topique de minocycline pourrait aussi présenter un intérêt en cas de rosacée papulo-pustuleuse. C'est en tout cas ce que suggère deux études cliniques identiques menées en parallèle par STUART et son équipe. La première a fait appel à 669 patients atteints de rosacée papulo-pustuleuse et la seconde à 718. Dans chaque étude, les patients ont été séparés en deux groupes : un groupe a reçu une crème à 1,5% de minocycline (437 personnes dans la première étude et 479 dans la seconde) et autre a eu la même crème sans minocycline. Après 12 semaines d'application quotidienne, de très bons résultats ont été obtenus au cours des deux études et ont montré que la minocycline en application topique pouvait être efficace pour lutter contre la rosacée papulo-pustuleuse.

En effet, dans la première étude, les scientifiques ont observé une diminution de 64% des lésions inflammatoires dans le groupe "minocycline". Dans la seconde, la baisse mesurée était de 61%. Ces deux réductions étaient significativement plus importantes que celles des groupes "placebo". Des diminutions significatives de l'érythème, de la visibilité des télangiectasies et des sensations de brûlure des patients ont également été enregistrées. De plus, la crème testée a été très bien tolérée. Ces études cliniques donnent ainsi de l'espoir quant au potentiel de la minocycline en application topique pour traiter la rosacée papulo-pustuleuse.

• RAMAMURTHY N. & al. Tetracyclines inhibit tissue collagenases. Effects of ingested low-dose and local delivery systems. Journal of Periodontology (1985).

• VIDAL. Substance Active Minocycline (2013).

• NIEUWENBURG S. & al. DOMINO, doxycycline 40 mg vs. minocycline 100 mg in the treatment of rosacea: a randomized, single‐blinded, noninferiority trial, comparing efficacy and safety. British Journal of Dermatology (2017).

• STUART I. & al. Minocycline 1.5% foam for the topical treatment of moderate to severe papulopustular rosacea: Results of 2 phase 3, randomized, clinical trials. Journal of the American Academy of Dermatology (2020).