Souvent cantonné aux mycoses cutanées ou aux déséquilibres du cuir chevelu, le ciclopirox olamine possède pourtant un spectre antifongique large. Pourrait-il être utilisé en cas de mycose vulvaire ? C'est ce que nous vous proposons de découvrir.
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Le ciclopirox olamine contre la mycose vulvaire ?
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Publié le 28 juillet 2025,
mis à jour le 28 juillet 2025,
par
Pauline, Ingénieure chimiste
—
6 min de lecture
Peut-on utiliser le ciclopirox olamine en cas de mycose vulvaire ?
Les mycoses vulvaires figurent parmi les infections les plus fréquentes de la région génitale féminine. Elles sont généralement causées par des levures du genre Candida, dont Candida albicans est l’espèce prédominante. Présente naturellement dans la flore vaginale, cette levure peut devenir pathogène lorsqu’un déséquilibre du microbiote ou une modification locale du pH favorise sa prolifération. Les épisodes de mycose vulvaire se traduisent par des démangeaisons, des sensations de brûlure, des rougeurs et parfois des pertes épaisses blanchâtres. Si la majorité des infections sont bénignes et transitoires, elles n'en sont pas moins douloureuses et dérangeantes pour le quotidien.
Les mycoses vulvaires nécessitent une prise en charge médicale, qu'il s'agisse de consulter un généraliste ou de demander conseil à un pharmacien.
Le plus souvent, une crème antifongique est prescrite, à appliquer sur la zone intime jusqu'à disparition des symptômes. Parmi les actifs les plus utilisés, on retrouve les imidazolés, tels que l'éconazole ou l'isoconazole, mais aussi le ciclopirox olamine. Ce dernier est un antifongique reconnu, capable d'agir contre un large spectre de champignons, y compris les levures du genre Candida. Une étude in vitro a mis en évidence l'effet inhibiteur du ciclopirox olamine sur Candida albicans. Différentes doses ont été ajoutées dans le milieu de culture et les scientifiques ont observé une croissance d'autant plus faible des micro-organismes que la concentration en ciclopirox olamine était élevée.
Courbe de croissance de C. albicans selon la concentration en ciclopirox olamine dans le milieu.
Source : HUBE B. & al. Ciclopirox olamine treatment affects the expression pattern of Candida albicans genes encoding virulence factors, iron metabolism proteins, and drug resistance factors. Antimicrobial Agents and Chemotherapy (2003).
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Après exposition des cellules fongiques à une concentration de 0,6 µg/mL de ciclopirox olamine, les chercheurs ont analysé l'expression de 47 gènes connus pour leur rôle dans le métabolisme du fer et la résistance aux médicaments. Les résultats montrent que le ciclopirox induit une forte régulation des gènes liés au métabolisme du fer (FTR1, FTR2, FTH1, CCC2, CFL1 et SIT1) et un état proche de celui de la carence. L'ajout de chlorure ferrique (FeCl₃) dans le milieu a d'ailleurs annulé ces effets, confirmant que l’action du ciclopirox repose en grande partie sur une chélation du fer, un métal indispensable à l'activité enzymatique des champignons.
L’étude a également révélé que, malgré une légère induction des gènes de résistance CDR1 et CDR2, aucun développement de tolérance ou de résistance n’a été observé, même après six mois d’exposition continue au ciclopirox olamine. Cette stabilité contraste avec les observations faites sous fluconazole, où une augmentation des concentrations minimales inhibitrices a été enregistrée dès deux mois. Par ailleurs, bien que la transition morphologique levure-hyphe induite par le sérum ne soit pas affectée, les cellules traitées au ciclopirox olamine présentent une sensibilité accrue au stress oxydatif, notamment au peroxyde d'hydrogène, un dérivé réactif de l'oxygène. Cette vulnérabilité suggère un dysfonctionnement des enzymes utilisant du fer et qui sont impliquées dans l'élimination des espèces réactives de l’oxygène.
| Concentration en H202 (mM) | Pourcentage de cellules fongiques survivantes (sans ciclopirox olamine) | Pourcentage de cellules fongiques survivantes (avec 0,6 microg/mL de ciclopirox olamine) |
|---|---|---|
| 0,0 | 100 | 100 |
| 0,5 | 73,4 | 8,5 |
| 1,0 | 16,6 | 1,7 |
| 1,5 | 4,6 | 0,0 |
| 2,0 | 4,9 | 0,0 |
| 2,5 | 3,4 | 0,0 |
Résistance de C. albicans au peroxyde d'hydrogène avec ou sans ajout de ciclopirox olamine dans le milieu.
Source : HUBE B. & al. Ciclopirox olamine treatment affects the expression pattern of Candida albicans genes encoding virulence factors, iron metabolism proteins, and drug resistance factors. Antimicrobial Agents and Chemotherapy (2003).
Cette action antifongique du ciclopirox olamine contre les levures du genre Candida explique qu'il soit fréquemment utilisé contre les mycoses vulvaires.
Sources
HUBE B. & al. Ciclopirox olamine treatment affects the expression pattern of Candida albicans genes encoding virulence factors, iron metabolism proteins, and drug resistance factors. Antimicrobial Agents and Chemotherapy (2003).
GUPTA A. Ciclopirox: A broad-spectrum antifungal with antibacterial and anti-inflammatory properties. International Journal of Dermatology (2004).
MENDLINGS W. Guideline: Vulvovaginal candidosis (AWMF 015/072), S2k (excluding chronic mucocutaneous candidosis). Mycoses (2015).
SEHGAL V. N. & al. Topical ciclopirox olamine 1% : Revisiting a unique antifungal. Indian Dermatology Online Journal (2019).
BUDZISZ E. & al. Ciclopirox and ciclopirox olamine: Antifungal agents in dermatology with expanding therapeutic potential. Applied Sciences (2024).
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