C'est en tout cas ce que suggère une étude récemment menée par SATOH A. et son équipe. Les chercheurs se sont penchés sur la synthèse de collagène chez les axolotls, des amphibiens dont la peau est transparente et possède d'importantes capacités régénératives. Ils ont utilisé plusieurs techniques d’imagerie sur des axolotls de différentes tailles (de 5 à 12 cm) pour suivre la formation du derme au fil de la croissance, notamment des sondes fluorescentes spécifiques du collagène (DAR et DAF). Ces deux sondes se distinguent par leur structure et leur affinité : le DAR est une petite molécule peptidique capable de reconnaître les hélices α partiellement dépliées du collagène, ce qui en fait une excellente sonde pour marquer le procollagène, la forme immature encore en cours d’assemblage. À l’inverse, le DAF est un colorant activé par affinité structurale qui cible préférentiellement les fibres matures, déjà organisées en triple hélice stable. En injectant d’abord un marqueur rouge (DAR) puis un second marqueur vert (DAF) quelques jours plus tard, les chercheurs ont pu distinguer les anciennes fibres de collagène des nouvelles, tout en identifiant leur degré de maturité. Cette technique est appelée pulse-chase et permet de voir où et quand le collagène est produit.
De façon surprenante, les chercheurs ont observé que le collagène de la peau des jeunes axolotls de 5 cm était déjà bien organisé en fibres structurées en treillis, et ce, en l'absence fibroblastes. En analysant l’expression du gène Col1a1, qui code pour le collagène de type I, ils ont détecté un signal intense dans les kératinocytes de la couche basale de l’épiderme, celle en contact direct avec le derme. La présence de procollagène, une forme immature de collagène, a aussi été décelée à cet endroit à l'aide de l'immunofluorescence. Enfin, la microscopie électronique a confirmé que ces kératinocytes contenaient bien du procollagène prêt à être sécrété à travers la membrane basale. Au fil de la croissance de l’axolotl, les chercheurs ont observé à l'aide de colorations histologiques, notamment du trichrome de Masson, une méthode populaire pour mettre en évidence les fibres de collagène, que le derme se transforme et se complexifie. D’un simple feuillet initial, il devient une structure en trois couches bien organisées :
- Stratum baladachinum (SB) : couche située juste sous l’épiderme, peu dense et synthétisée par les kératinocytes. 
- Stratum spongiosum (SS) : couche intermédiaire, où commencent à apparaître des cellules issues du mésoderme, notamment les fibroblastes. 
- Stratum compactum (SC) : couche profonde, dense et régulière, avec un réseau de fibres orthogonales très structuré. 
Ce n’est qu’à partir de 8 cm que les scientifiques ont détecté l’arrivée des cellules mésenchymateuses, c'est-à-dire des fibroblastes. Ces cellules pénètrent dans la matrice de collagène existante grâce à certaines métalloprotéinases matricielles (MMPs), des enzymes capables de digérer localement le collagène pour permettre l’invasion cellulaire. Une fois installés dans le derme, les fibroblastes déploient des filopodes, des prolongements qui s’insèrent entre les fibres de collagène existantes. Grâce à ces structures, ils modifient, épaississent et réorganisent le réseau initial formé par les kératinocytes. L'utilisation de la microscopie électronique a permis de suivre l’évolution des fibres de collagène au fil de la croissance des axolotls. À 5 cm, les fibres sont fines et isolées, tandis qu’à 12 cm, elles sont nettement plus épaisses et entrelacées, notamment dans le stratum compactum. Ce changement témoigne du travail des fibroblastes sur la matrice produite initialement par les kératinocytes. La figure ci-dessous résume l'évolution structurelle subie par le collagène.