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Dangers acide salicylique.

Quels sont les dangers de l'acide salicylique ?

Souvent présenté comme un allié incontournable contre l’acné et les imperfections, l’acide salicylique n’est pourtant pas un actif anodin et est également associé à plusieurs effets secondaires et contre-indications. L'acide salicylique, un actif dangereux ? C'est la question à laquelle nous vous proposons de répondre dans cet article.

Publié le 20 octobre 2021, mis à jour le 30 septembre 2025, par Maylis, Ingénieure chimiste — 13 min de lecture

L'acide salicylique peut-il irriter la peau ?

L’acide salicylique est reconnu pour son action exfoliante et purifiante, mais il n’est pas exempt d'irritations, surtout lors des premières applications. Dans les premières semaines d’utilisation, il est fréquent de ressentir un léger inconfort : tiraillements, rougeurs, picotements ou démangeaisons. Ces effets, bien que désagréables, ne sont pas forcément inquiétants. Ils traduisent souvent l’adaptation de la peau à ce nouvel actif, qui stimule le renouvellement cellulaire et favorise l’élimination des cellules mortes.

Chez les peaux sensibles, les réactions à l'acide salicylique peuvent être plus marquées.

Dans ce cas, il est conseillé de diminuer la fréquence d’application (par exemple un soir sur deux au lieu de chaque soir) ou d’appliquer le soin entre deux couches de crème hydratante. Généralement, la tolérance cutanée s’améliore après quelques semaines, mais, si ce n'est pas le cas, c'est que votre peau ne tolère pas l'acide salicylique et qu'il faut arrêter de l'utiliser.

Au-delà des irritations transitoires, des réactions allergiques peuvent également survenir. Une étude récente menée entre 2020 et 2024 a évalué le potentiel allergisant de l’acide salicylique via des tests épicutanés réalisés sur 489 patients. Parmi eux, 21 ont montré une réaction positive, ce qui correspond à un taux de réaction de 4,3%. Fait intéressant, 5 patients présentaient également une réactivité croisée avec d’autres salicylates, ce qui suggère que l’acide salicylique puisse être un marqueur d’allergie à cette famille de composés. Toutefois, aucun cas de réaction sévère n’a été constaté, et les résultats indiquent que les tests cutanés à 5% ont été globalement bien tolérés. Ces observations soulignent que, même si l’acide salicylique peut être responsable de dermatites allergiques de contact, ces cas concernent une minorité de personnes.

Comme pour tout nouvel actif, avant d'utiliser un produit contenant de l'acide salicylique, nous vous conseillons de tester la tolérance de votre peau sur une petite zone, tel que le creux du coude.

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L'acide salicylique est-il incompatible avec d'autres actifs ?

L'acide salicylique peut être combiné à différents actifs selon les besoins de la peau : acide hyaluronique, niacinamide, vitamine C... Cependant, sa puissante action exfoliante nécessite une certaine prudence lorsque l’on souhaite l’associer à d’autres molécules ayant elles aussi un potentiel irritant. Il ne s'agit pas d'une contre-indication à proprement parler, mais plutôt de la capacité de la peau à tolérer l'utilisation simultanée de plusieurs actifs exfoliants ou sensibilisants.

Les combinaisons à surveiller sont principalement celles avec les acides de type AHA, comme l’acide glycolique, mais aussi avec l’acide azélaïque ou encore les rétinoïdes (trétinoïne, rétinol, adapalène). Ces associations peuvent être bénéfiques à long terme, notamment pour les peaux sujettes à l’acné ou aux irrégularités pigmentaires, mais elles augmentent le risque de sécheresse, de rougeurs et de desquamation si elles sont introduites brutalement. Pour cette raison, il est recommandé d’alterner leur utilisation (par exemple, l'acide salicylique un soir et le rétinol un autre soir).

L'important est d'écouter sa peau : si elle commence à présenter des irritations, il vaut mieux espacer les applications ou renforcer l’hydratation.

L'acide salicylique, à éviter pendant la grossesse ?

L’utilisation de l’acide salicylique pendant la grossesse suscite de nombreuses interrogations. Selon le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC), son emploi est considéré comme sûr lorsqu’il respecte les concentrations maximales fixées par le règlement cosmétique européen. Par ailleurs, la Food and Drug Administration (FDA) classe l'acide salicylique comme un médicament de catégorie C pour la grossesse.

CatégorieDéfinition
ALes études contrôlées chez la femme enceinte n’ont montré aucun risque pour le fœtus au cours du premier trimestre (et pas de risque ultérieur non plus).
BLes études chez l’animal n’ont pas montré de risque, mais il n’existe pas d’étude contrôlée chez la femme enceinte. Ou bien, les études animales ont montré un effet indésirable, mais cela n’a pas été confirmé chez l’humain.
CLes études chez l’animal ont montré un effet indésirable sur le fœtus, et il n’existe pas d’étude contrôlée chez la femme. L’utilisation peut être justifiée si le bénéfice potentiel l’emporte sur le risque.
DDes preuves positives de risque pour le fœtus existent chez l’humain, mais l’utilisation peut être envisagée dans des situations graves ou vitales où aucun autre médicament n’est disponible.
XLes études chez l’animal ou l’humain ont démontré des anomalies fœtales, ou des risques clairement établis qui dépassent tout bénéfice potentiel. Usage interdit pendant la grossesse.
Catégories de médicaments selon la classification de la FDA pour la grossesse.

En pratique, cela correspond à des soins contenant généralement moins de 2% d’acide salicylique, appliqués localement sur de petites zones cutanées. Dans ces conditions, le risque d’absorption systémique est très faible, et les experts estiment qu’il n’expose ni la mère ni le fœtus à un danger particulier. Toutefois, la prudence reste de mise : il est recommandé d’éviter l’application sur de grandes surfaces, sous occlusion, ou sur une peau abîmée, car ces situations pourraient augmenter la pénétration cutanée et donc le passage dans la circulation sanguine.

En revanche, les peelings dermatologiques à forte concentration d'acide salicylique (≈ 20%) réalisés en institut sont déconseillés pendant la grossesse.

Concernant l’allaitement, les données disponibles sont encore limitées. Néanmoins, les observations cliniques suggèrent qu’un usage topique à faible concentration ne présente pas de risque majeur, car l’absorption dans la circulation systémique reste minime et peu susceptible d’atteindre le lait maternel. Par précaution, il reste néanmoins préférable de réserver l’application à des zones restreintes et d’éviter tout contact avec la poitrine.

L'acide salicylique est-il photosensibilisant ?

Les données scientifiques disponibles actuellement suggèrent que l’acide salicylique pourrait agir comme un photosensibilisant dans certaines conditions expérimentales. Des recherches menées en laboratoire ont montré que cette molécule peut accélérer la formation de dimères de thymidine — une altération de l’ADN induite par les rayons UV — lorsqu’elle est exposée à une lumière comprise entre 300 et 350 nm. Cela laisse penser que l’acide salicylique peut amplifier certains effets de la lumière UV sur les structures moléculaires.

Cependant, ces résultats restent limités à des environnements de laboratoire et ne reflètent pas directement la réaction de la peau humaine. À ce jour, aucune étude clinique n’a démontré que l’application cutanée d’acide salicylique augmentait la photosensibilité ou le risque de coup de soleil. Les recherches disponibles se concentrent davantage sur le rôle de l’acide salicylique dans les mécanismes de protection ou de régulation des plantes exposées à des stress environnementaux, et non sur une action délétère chez l’être humain.

En pratique, les dermatologues considèrent que l’acide salicylique n’est pas classé parmi les actifs réputés photosensibilisants, mais l’usage d’une protection solaire quotidienne reste recommandé lors de son utilisation, en raison de son effet kératolytique qui affine légèrement la barrière cutanée.

Est-ce que l'acide salicylique est un perturbateur endocrinien ?

L’acide salicylique a parfois été suspecté d’avoir un potentiel de perturbateur endocrinien, notamment parce qu’il appartient à la famille des salicylates, qui inclut également l’acide acétylsalicylique, plus communément appelé aspirine. En Europe, il est classé comme substance reprotoxique de catégorie 2 (CMR2), c’est-à-dire qu'il est suspecté d’être "toxique pour la reproduction", sans pour autant que cela ait été prouvé. Cette classification de l'acide salicylique repose sur des données indirectes et non sur des preuves solides liées à une utilisation cosmétique.

En réalité, la réglementation a déjà largement évalué sa sécurité. En 2018, le CSSC a conclu que l’acide salicylique est sûr dans les concentrations autorisées par la réglementation cosmétique. Cette conclusion a été confirmée dans des avis plus récents, dont le dernier en 2023, qui valide encore son usage en toute sécurité. Les doutes sur son potentiel de perturbateur endocrinien proviennent surtout d’études menées in vitro, c’est-à-dire dans des conditions artificielles en laboratoire. Or, il n'est pas rare que ces résultats en laboratoire ne se traduisent pas in vivo, comme le montre par exemple le cas du soja, qui contient des molécules mimant les œstrogènes mais n’induisant pas de pathologies chez l’homme.

Ainsi, même s’il est important de suivre les avancées scientifiques dans ce domaine, les données disponibles à ce jour ne permettent pas de considérer l’acide salicylique comme un perturbateur endocrinien.

Sources

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