L'eczéma est une maladie inflammatoire de la peau très répandue. En France, on estime qu'elle concerne 2 millions d'adultes, ce qui représente près de 4% de la population. Cette dermatose évoluant par poussées se caractérise par une sécheresse cutanée prononcée et des rougeurs, accompagnées d'un prurit sévère. Heureusement, des solutions existent aujourd'hui pour atténuer et espacer les crises. En plus de l'application quotidienne d'un soin émollient sur la peau, les dermatologues peuvent prescrire des crèmes à base de cortisone pour soulager les poussées d'eczéma.
Parallèlement, les recherches se poursuivent afin de trouver de nouveaux traitements, en supplément ou en remplacement des dermocorticoïdes. Parmi les options étudiées, la vitamine E semble émerger comme un complément pertinent en cas d'eczéma. En effet, cette molécule liposoluble possède des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires intéressantes pour lutter contre cette dermatose. Naturellement retrouvée dans le sébum, elle protège ses constituants de la peroxydation lipidique, réaction conduisant à la création de composés néfastes à la peau. Par ailleurs, ce changement dans la composition du sébum endommage le film hydrolipidique, déjà fragile sur une peau atopique. Les effets antioxydants de la vitamine E lui permettent également de neutraliser les radicaux libres avant qu'ils activent certains facteurs nucléaires et mènent à la libération de cytokines pro-inflammatoires, des molécules impliquées dans la pathogenèse de l'eczéma.
Par ailleurs, certaines études ont montré que la vitamine E pouvait inhiber les activités de la cyclooxygénase-2 (COX-2) et de la lipoxygénase-5 (LOX-5). La première est une enzyme catalysant la conversion de l'acide arachidonique en PGE2, médiateur inflammatoire provoquant des sensations douloureuses et des démangeaisons. La LOX-5 catalyse quant à elle la synthèse de certains leucotriènes, des lipides accentuant les symptômes de l'eczéma par recrutement d'autres cellules pro-inflammatoires.
Ces différents mécanismes d'action ont conduit plusieurs scientifiques à étudier les effets concrets de la vitamine E sur l'eczéma lors d'essais cliniques, menés avec des volontaires touchés par cette dermatose. La plupart des études ont été effectuées en comparant le SCORAD (Scoring Atopic Dermatitis) avant et après traitement. Cet outil clinique développé en 1993 est aujourd'hui le plus utilisé dans le monde pour évaluer la sévérité de la dermatite atopique. Il prend en compte un vaste ensemble de critères, notamment la sévérité des lésions, l'intensité des démangeaisons et l'incidence de la maladie sur le sommeil, les activités quotidiennes et l'humeur. Le tableau ci-dessous regroupe les résultats obtenus lors de 4 études.
Dans l'ensemble, les études semblent indiquer qu'une supplémentation orale en vitamine E a des effets positifs en cas d'eczéma et permet d'atténuer les symptômes. Néanmoins, il est important de souligner que la vitamine E ne saurait mener à une rémission complète. Les études le montrent d'ailleurs bien : la réduction moyenne du SCORAD n'a pas dépassé les 40% en cas de prise de vitamine E seule. Par ailleurs, les premiers travaux effectués par CLAYTON et son équipe n'ont pas permis de montrer d'effet de la vitamine E sur l'eczéma, bien que cela puisse être en partie dû au sélénium également administré aux patients. Il serait à présent intéressant que des chercheurs se penchent sur les effets sur l'eczéma de la vitamine E en application topique, cet angle d'étude n'ayant pour le moment pas été abordé.
Si vous souffrez d'eczéma, il est nécessaire de suivre les recommandations de votre dermatologue. Par ailleurs, avant d'entamer une supplémentation en vitamine E, nous vous conseillons de lui en parler au préalable et de ne surtout pas arrêter le traitement qu'il vous a prescrit.